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Publié par fxg

Lecante, ambassadeur de la Guyane à Paris

Patrick Lecante, président du Comité de bassin Guyane et maire de Montsinéry-Tonnégrande était à Paris la dernière semaine de juin pour participer à plusieurs réunions aux ministères des Outre-mer et de l’Ecologie ainsi qu’au conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité au sein duquel il représente la Guyane. Interview

« Nous n'allons pas pouvoir habiter dans les arbres ! »

Quel était l'enjeu de ces réunions parisiennes ?

L’enjeu du déplacement était double. il s'agissait de rencontrer les différentes autorités partenaires afin de parler du projet de révision du schéma directeur et d'aménagement et de gestion de l'eau (SDAGE). C'est un document programmatique et de planification très importante pour la Guyane s'agissant de ces différentes bases d'eau qui connaissent un déclassement à cause de l'orpaillage illégal. Et puis dans le même temps, en tant que maire, je voulais faire remonter les besoins de la collectivité à la suite notamment de la déclaration de catastrophes naturelles que l'on a connues cette année avec les problématiques de voiries communales qui ont beaucoup souffert.

De quoi a-t-il été question au ministère des Outre-mer et qui a été votre interlocuteur ?

Je me suis entretenu avec le directeur-adjoint du cabinet du ministre des Outre-mer, l’ancien secrétaire général de la préfecture de Guyane, qui connaît donc parfaitement bien les sujets guyanais et avec qui j'ai pu échanger sur le SDAGE et la question de l'orpaillage illégal. J’ai évoqué les demandes qui sont faites maintenant par les différents acteurs du terrain, notamment le Parc amazonien, parce que nous devons changer de paradigme et de stratégie pour faire en sorte que nous puissions éradiquer l'orpaillage illégal qui est toujours aussi prégnant sur le territoire, notamment en cœur de parc. Cette question fait sens puisqu’elle fait suite à une demande et recommandation de Madame Élisabeth Borne alors qu'elle était ministre de la transition écologique en 2019. Vous voyez que l'actualité politique nous rattrape ! C'est en ce sens que le comité de l'eau se réunira le 7 juillet prochain de façon à pouvoir, je l'espère bien, valider ce projet de révision du SDAGE. Cette révision devrait permettre de préserver les masses d'eau, en tout état de cause les maintenir en bon état, et dans le même temps faire en sorte que la planification les grands aménagements puissent s'opérer ainsi que les grandes activités économiques telles que les activités aurifères. Nous sommes dans un tout où chacun doit prendre sa place d'autant plus que désormais le schéma directeur et d'orientation des mines (SDOM) doit-être en compatibilité avec le SDAGE.

Le sénateur Patient vous a reçu. De quoi avez-vous parlé ?

Georges Patient, toujours d'une grande écoute, m’a entendu sur les problématiques de pistes forestières puisque c'est un sujet qu'il maîtrise particulièrement bien, sur la question du recensement, pour mon territoire communal mais aussi pour l'ensemble de la Guyane. il faut que l'on modifie les règles de comptage sur un territoire aussi grand. Et puis jeudi, au titre de maire, j'ai rencontré l'association Action logement pour booster les opérations d'accession à la propriété… mes visites ont donc été auprès d’interlocuteurs les plus près du terrain mais qui répondent aussi à des exigences du moment, avec les électeurs guyanais qui demandent que l'on prenne en compte leurs besoins de façon très forte.

Qu'en est-il de votre séance de travail au sein du CA de l’OFB mercredi dernier ?

j'ai dû encore une fois taper du poing sur la table à deux niveaux ! le premier, c'était l'actualité, au sujet de la conférence internationale sur les océans pour rappeler que là aussi on fait face une vraie problématique qui est celle du pillage des ressources halieutiques, avec la disparition de certaines espèces qui sont désormais en danger, mais surtout celle de la protection de la biodiversité avec les tortues marines qui sont prises dans les filets dérivants d'armateurs illégaux depuis trop longtemps ! Pierre Dubreuil, le directeur de l’OFB devait rencontrer le chef de l'État à Lisbonne jeudi dernier. Ma deuxième intervention a été de rappeler que la Guyane a aujourd'hui 4/5 de son territoire sous l'emprise d'une protection environnementale. En l'occurrence, nous sommes pour la préservation de la biodiversité ainsi que sa valorisation, mais pas contre les hommes ! nous ne sommes pas contre l'aménagement du territoire ! j'ai donc insisté pour dire que le milieu associatif de l'écologie qui œuvre tant en France métropolitaine, en Europe et en Guyane tu dois prendre en considération que la Guyane doit se développer, aménager sur le territoire de façon à ce que des hommes puissent avoir des activités mais puissent également se loger. Je l'ai dit un peu crûment : Nous n'allons pas pouvoir habiter dans les arbres ! Oui il faut protéger la forêt amazonienne, mais les Guyanaises et les Guyanais attendent aussi l'aménagement de leur territoire pour pouvoir trouver des logements et faire en sorte que les besoins primaires tels que l'eau, l'électricité et l'assainissement soient aussi présents sur le territoire.

Votre intervention converge avec celle d’Hélène Sirder mercredi devant le Conseil économique, social et environnemental…

On se rejoint ! ça ne m'étonne pas d’Hélène Sirder. On se rejoint sur cet élément très pragmatique de ce que nous sommes, c'est à dire des hommes et des femmes responsables aux yeux de l'Hexagone, de l'Europe et du monde. Nous apportons à la France une biodiversité exceptionnelle, nous apportons aussi une richesse exceptionnelle en termes de quotas carbone qu'on appelle des puits de carbone, mais il faut que nos partenaires considèrent que la Guyane doit elle aussi se développer grâce à ses ressources naturelles. C'est tout cela que nous voulons et non pas opposer l'écologie à l’économie.

Est-ce que l'absence d'un ministre des Outre-mer en titre vous a gêné ?

Il y a toujours un ministre en charge. En rencontrant les personnes de premier plan au ministère des Outre-mer, j'ai trouvé d'une part une grande écoute, des personnes proactives sur des sujets qui sont les nôtres, et surtout une volonté de faire. Je leur ai juste indiqué qu'il faut que cette volonté de faire certaine volonté de faire ensemble. C'est ce que les guyanais attendent à la suite du résultat des élections législatives.

Propos recueillis par FXG

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