La réforme de l'audiovisuel public selon Franck Riester
Le ministre de la Culture et France Ô, "chaîne alibi"
Face aux députés de la délégation Outre-mer, Franck Riester a plaidé pour des productions ultramarines sur le service public.
"L'audiovisuel public doit montrer la France telle qu'elle est ; nous n'y sommes pas aujourd'hui." L'audition de Franck Riester, le nouveau ministre de la Culture, par la délégation Outre-mer de l'Assemblée nationale, mercredi, était très attendue notamment en ce qui concerne la réforme de l'audiovisuel public et la fin annoncée de France Ô. L'opinion du ministre semble faite : "France Ô, chaîne dédiée, n'a pas apporté de réponse malgré les efforts de ses équipes." Le ministre n'a pas hésité à dire que France Ô n'était qu'un "alibi" qui n'était parvenu qu'à "cantonner l'outre-mer à la périphérie au lieu du centre".
La semaine dernière, le chef de cabinet du ministre de la Culture et la ministre des Outre-mer ont installée la commission France Ô au sein de laquelle siègent nombre de députés de la commission des affaires culturelles dont Maïna Sage (UDI, Polynésie) ou Josette Manin (app. PS, Martinique), quoique ni les ministères des Outre-mer, ni celui de la Culture n'aient communiqué sur sa composition... Franck Riester a indiqué qu'une prochaine réunion de cette commission serait réunie jeudi prochain et une troisième en janvier 2019. Les membres de cette commission, a expliqué Franck Riester, doivent réfléchir avec les équipes de France TV à des indicateurs quantitatifs et qualitatifs qui devront trouver leur aboutissement dans le cahier des charges de France TV. "Un texte de loi, a ajouté le ministre, est en préparation pour pouvoir assurer cette présence forte de l'Outre-mer." Franck Riester a évoqué la présence de l'Outre-mer dans le JT de France 2 : "Je veux que l'on parle de l'Outre-mer comme on parle de l'Hexagone !" Et sur le numérique, il a parlé de "programmes dédiés" : "A l'horizon 2020, a-t-il annoncé, lorsque France Ô cessera d'émettre, tous les Français verront sur le service public des programmes produits en Outre-mer."
Des députés hostiles
A l'appui de son assertion, il a évoqué le rapport de la mission de concertation du 19 juillet dernier et les engagements de Delphine Ernotte, présidente de France TV. Il a aussi assuré qu'il y aurait toujours "des personnels engagés au niveau central" et que le sort des personnels de France Ô était pris au sérieux, allant jusqu'à affirmer qu'il y aurait "des équipes spécifiques tournées vers l'Outre-mer dans France TV". Quant aux coproductions outre-mer, il a indiqué que les 10 millions d'euros qui leur sont consacrés seraient maintenus "comme les équipes éditoriales dans l'Hexagone".
Face à lui, le ministre a trouvé des députés peu convaincus. Maina Sage a déclaré : "Ce qui nous blesse, c'est que vous avez décidé de fermer France Ô avant même qu'on en parle !" Elle a moqué les premières propositions de la commission France Ô : un prime time ultramarin par mois sur l'ensemble du service public, un feuilleton ultramarin sur Internet et sur les chaînes la 1ère..." Son collègue LREM Raphaël Gérard a renchéri : "Une semaine outre-mer et une case outre-mer ne semblent pas être une bonne approche !" Justine Benin (Guadeloupe, Modem) a déploré l'attitude du Premier ministre qui annonçait dès juin dernier par communiqué de presse la fin de France Ô... Ce qui est acquis désormais, c'est la connaissance par le ministre de la Culture de l'hostilité au projet de l'ensemble de la délégation outre-mer de l'Assemblée nationale. Reste à savoir si ses membres sauront faire valoir cette position lors du débat parlementaire sur la réforme de l'audiovisuel public à venir dans la mesure où le prince a déjà tranché.
FXG, à Paris
Décision importante pour la yole à l'UNESCO
Franck Riester, le nouveau ministre de la Culture, a été auditionné par la délégation outre-mer de l'assemblée nationale. A cette occasion, il est revenu sur la question de l'inscription de la yole ronde au patrimoine de l'UNESCO. La yole est avec la danse tahitienne, Ori Tahiti, un des six dossiers en préparation. Si le Ori concourt dans la catégorie patrimoine immatériel, la yole dans la catégorie des bonnes pratiques de sauvegarde, la France ne peut présenter qu'un seul dossier à la fois tous les deux ans. C'est vendredi 23 novembre que le comité France de l'UNESCO rendra l'avis préalable et obligatoire avant la décision ministérielle de transmettre à l'UNESCO "sachant, a précisé Franck Riester, que la yole a fait l'objet d'une inscription à l'inventaire français en juin 2018". Si la yole passe l'ecueil du 23 novembre, le prochain rendez-vous viendra alors en mars 2019.