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Publié par fxg

La Réunion au salon de l'agriculture de Paris

Vanille, confiture, piments, rhums et fruits de la Réunion

Comme chaque année les agriculteurs réunionnais viennent en force à Paris pour la semaine du salon de l'agriculture. Cette année tout a encore changé, les Outre-mer sont dans un hall de plain-pied contrairement à l'an passé, mais leurs stands sont un peu excentrés, tout au fond du hall des régions de France. "Le chiffre ne sera pas bon", pronostique Mémé Rivière de la Maison du curcuma. Avec dix ans de salon dans les jambes, Mémé ne s'inquiète quand même pas pour les 800 kilos de matériel qu'il a emmenés grâce au réseau de clientèle en circuit court qu'il a acquis avec "Les paris fermiers".

La Réunion au salon de l'agriculture de Paris

Non loin de lui, Louis Leichnig et sa "vanille givrée" de Saint-Philippe. Il a en 100 kilos à vendre. Lui aussi fait le modeste sur ses objectifs au salon de l'agriculture : "Ce n'est pas forcément rentable, mais c'est incontournable." Lui aussi se plaint d'avoir été acculé dans un cul de sac ! "Nous clients nous retrouvent quand même car ils viennent prendre leur vanille pour l'année !" Il estime devoir faire un chiffre d'affaires de 9 à 12 000 euros pour rentrer dans ses frais. Là, il vise les 7000.

La Réunion au salon de l'agriculture de Paris

Ses concurrents et amis de Pro vanille ne sont pas loin de lui mais un peu mieux placés. Ils y a Joël Charlettine, Géraldine Léger, Grazziella Catan, le président Willy Boyer et le directeur Jimmy Péribe ; ils représentent les 130 vaniliculteurs de leur coopérative. Laquelle affiche un chiffre d'affaires d'un million d'euros dont 30 % à l'export ! "Nous avons une indication géographique protégée encours, confie Jimmy Péribe, et nous travaillons sur une marque Parc national..." Si le salon de l'agriculture leur assure un chiffre d'affaires de 20 000 euros,ils viennent à leur frais. "Juste un soutien de l'Odeadom", achève M. Péribe qui attend plus d'accompagnement. 

La Réunion au salon de l'agriculture de Paris

Autre stand bien fréquenté, celui de la coopérative de Saint-Louis, Fruits de la Réunion. Ils ont ammené dix palettes d'ananas, soit 5 tonnes et trois autres de fruits divers. Tous ces fruits sont déjà régulièrement commercialisés au marché de Rungis. Bernard Bègue qui a son exploitation au Tampon et à Saint-Pierre, est à la tête d'une petite délégation. Il y a Olivier Guimbert, Davy Mascarel et James Cadet qui fait des ananas dans l'Est. 

La Réunion au salon de l'agriculture de Paris

Mais le fruit qui monte, c'est le fruit de la passion. Nancy Hoarau, sur le stand Philibon, représente l'Anafruit, un organisme de producteurs, détaille les productions : "550 tonnes d'ananas, 50 tonnes de maracudjas, 6 tonnes de pitayas et 400 tonnes de létchis." Les maracudjas qu'elle présente poussent sous serre au Tampon. Il y a encore des progrès à faire pour adapter la qualité du maracudja qui doit être vendu une semaine au plus tard après avoir été cueilli. N'empêche, ce marché a été multiplié par deux en un an !

La Réunion au salon de l'agriculture de Paris

Plus artisanale, Alexandra Lebon tient un joli petit stand où elle valorise les sucres spéciaux. Elle propose au chaland des conditionnements artisanaux de sucre "au goût intense" ou aromatisés. Que des productions de Bois-Rouge et du Gol. Elle prépare ses paquets à Saint-André où elle a créé un emploi à temps partiel en plus du sien et a déjà trouvé un petit réseau de distributeurs locaux. Comme chaque année, les visiteurs retrouvent le stand d'épices et de confitures Soleil Réunion.

Mardi, nos exposants ont eu droit à la visite d'Alain Juppé, de Xavier Bertrand et de la maire de Paris. La veille, ils avaient eu celle, rapide, du Premier ministre. Samedi, pour voir le président qui n'est pas allé jusqu'fond du hall, au village des Outre-mer, l'ODEADOM a conduit une délégation ultramarine à sa rencontre.

FXG, à Paris

La Réunion au salon de l'agriculture de Paris

Derrière le salon, les enjeux de l'agriculture réunionnaise

Lundi soir, petit colloque à l'Assemblée nationale, organisée par la député Ericka Bareigts. Au programme, les enjeux de l'agriculture réunionnaise. Elle représente 5 % du PIB et occupe 10 % de la population active. Le président de la chambre d'agriculture Jean-Bernard Gonthier a présenté des taux de couverture encourageants : 75 % des produits frais sont couverts par la production locale. Avec un pic de 78 % en 2013 avec seulement 5000 hectares (25 000 pour la canne, 12 000 pour l'élevage). "Il nous manque 800 hectares pour arriver à l'autosuffisance en 2020", a-t-il ajouté. Côté bovins, ovins et caprins, il y a encore à faire pour développer les filières, mais avec le porc et la volaille, les éleveurs réunionnais assurent 100 % des besoins, malgré la concurrence du surgelé qui, de surcroît, est bradé !

Il y a 6 à 700 hectares en friche à conquérir, c'est-à-dire de la place pour une petite centaine de jeunes. "Nous avons vingt candidats pour pour un terrain agricole en vente aujourd'hui", rappelle le président Gonthier. Il y a 3000 producteurs de fruits et légumes dans l'île.

Alain Dambreville, président de l'Armefhlor, est venu prophétiser un superbe avenir à la pomme de terre pays : produire 140 000 tonnes en 2020 ! "Nous avons enfin , déclare-t-il, eu l'autorisation d'expérimenter une semence de pommes de terre australienne."

Laurent Janci, ingénieur horticole est venu rappeler la richesse de la flore aromatique et de l'importance de la recherche et développement. La Réunion a fait tout récemment admettre 15 plantes endémiques dans la pharmacopée française. Des perspectives économiques s'ouvrent, même si un tel classement oblige ensuite à vendre les produits issus de ces plantes dans les pharmacies. "Encore un frein à faire sauter !", a conclu M. Janci.

FXG

La Réunion au salon de l'agriculture de Paris

Danièle Lenormand, directrice générale adjointe des établissements Isautier, jurée du concours général agricole. ITW

"Une médaille va nous donner accès à certains duty free shop mondiaux"

N'êtes-vous pas juge et partie à cette table ?

On n'est jamais juge de ses produits ! Là, je suis à une table où l'on déguste des punchs. C'est pour moi une occasion de voir ce que produisent mes confrères, d'apprécier les tendances... Avec un jury composé de gens très différents, on s'enrichit quand on échange sur les produits.

Et dans le même temps vos produits sont jugés sur d'autres tables...

Depuis plusieurs années maintenant, on voit autour du rhum et des dérivés du rhum un travail important fait par tous les producteurs et ça contribue à faire du concours général agricole un lieu qui délivre des médailles prestigieuses et appréciées par des gens connaisseurs. Que j'ai des médailles ou non, je retiens que les productions augmentent en qualité et ça concourt globalement à faire rayonner ces produits d'exception des Outre-mer.

Fait-on ce qu'il faut pour présenter nos rhums comme le segment supérieur de cette gamme ?

Il y a eu une période tequila, une période vodka... On est dans la période rhum. Le premier cocktail au monde, c'est le mojito. La vraie question, c'est en fait : dans quel usage on s'inscrit ? Jusqu'alors, les Français avaient l'habitude des cognacs. Et o sait que les cognacs ont regagné le marché américain en travaillant une cible particulière, les Noirs américains et le jazz. Ca a été une explosion de ventes aux USA. Aujourd'hui, nous avons des produits d'excellence, nous sommes en train de transcender cette image du rhum vieux en digestif. Le rhum blanc, c'est la base cocktail. En Russie, Chine, Inde, Afrique et USA, le rhum est redevenu un produit accessible, de qualité, un produit médaillé french touch parce que, effectivement, au plan mondial, le rhum qui se distingue, c'est celui des Outre-mer français. C'est le premium et il tire des spécialités comme les arrangés. Consommé frappé, l'arrangé, c'est un produit nouveau qui séduit.

Vous auriez pu ne pas être au concours général ?

Le concours général agricole est un moment incontournable pour notre profession. Ces médailles sont clairement un accélérateur commercial et d'image. En 2014, on a reçu onze médailles pour le rhum vieux Louis-et-Charles et médaille d'or pour le meilleur rhum de l'océan Indien ! Cette simple médaille est juste fantastique. elle nous offre des ventes, nous ouvre des marchés, génère chez les connaisseurs une envie de goûter et, surtout, elle va nous donner accès à certains duty free shop mondiaux dont on n'aurait pu rêver. Depuis le 19e siècle, il y a des médailles et Isautier a eu une médaille d'or à Moscou en 1891 ! Ce n'est pas une mode, on parle d'une tradition et on rejoint un espace de produits de luxe. C'est une valeur ajoutée à nos productions.

Propos recueillis par FXG, à Paris

 

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B
Il faut encourager les petits entrepreneurs à développer leurs entreprises.
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