Réunionnais de la Creuse
GPL promet une commission d'historiens et d'experts
George Pau-Langevin a annoncé mardi dernier la création d'une commission d'historiens chargée d'examiner le dossier des "Réunionnais de la Creuse". Un an après l'adoption par l'Assemblée nationale d'une résolution visant à reconnaître le drame vécu par les ex-pupilles réunionnais, la ministre des Outre-mer a reçu une délégation composée de Jean-Philippe Jean-Marie et Valérie Andanson pour l'association Rasin Anler, et de Jean-Charles Pitou pour l'association Génération brisée. Ceux-ci lui ont exposé les cinq revendications qui doivent permettre de concrétiser le texte adopté par les députés l'an dernier.
"La résolution, regrette Jean-Philippe Jean-Marie, est insuffisante même si Ericka Bareigts a bien travaillé. Mais nous devons encore batailler pour montrer qu'on est là, qu'on souffre encore et qu'on a besoin que cette reconnaissance aille plus loin. Pour moi qui suis issu d'une famille d'esclaves affranchis, je ne serai affranchi tant qu'au plus haut niveau il n'y aura pas eu d'excuses pour les enfants déracinés à cette époque."
"Ils pensent qu'on aurait pu faire mieux pour concrétiser les injonctions qui sont dans la résolution", a indiqué la ministre à l'issue de l'entretien. Elle a ainsi évoqué un nécessaire "travail de mémoire", mais a surtout indiqué que la commission d'historiens et de personnes compétentes en matière sociale pour faire le point sur ce qui s'est passé, serait rapidement nommée dès lors que sera défini le profil de ses membres. "Nous avons toujours eu du mal à avoir le point de vue d'en face, dit la ministre. Nous n'avons jamais eu d'explications très précises..."
Par ailleurs, George Pau-Langevin a reconnu la nécessité de pouvoir reconstituer les histoires individuelles. La commission aura donc accès aux archives et les intéressés eux-mêmes devront aussi avoir accès à leurs origines, à leurs noms.
Quant à la question d'éventuelles réparations, la ministre s'est montrée moins optimiste : "Sur le plan purement juridique, la porte est fermée puisqu'il y a prescription, mais rien ne nous empêche de regarder dans le travail des associations ce à quoi nous pouvons donner suite." Les ministères des Affaires sociales et des Outre-mer pourraient ainsi les aider d'une manière ou d'une autre. "Un certain nombre d'entre eux ont commencé à écrire leur histoire quand ils ont pu la reconstituer, explique GPL. Ils souhaitent que nous puissions les aider à les publier. Je leur ai indiqué que leurs associations peuvent faire des demandes de subventions que nous examinerons avec beaucoup d'attention."
"La commission proposée par la ministre est un départ, commente Jean-Philippe Jean-Marie, mais moi qui suis sur cette affaire depuis des années, j'estime qu'on ne devrait plus parler mais agir ! Les écrits restent, mais nous attendons des actes."
Jean-Charles Pitou, président de Génération brisée, est plus confiant après cette entrevue ministérielle. "On attend que les ex-pupilles qui ont maintenant 50 ou 60 ans puissent revenir sur leur île, retrouver leurs racines..." Les deux associations présentes et une troisième, "Les Réunionnais de la Creuse", devraient se fédérer d'ici un mois. Symboliquement, cette union devrait être scellée à Tarbes dans les Hautes-Pyrénées ou dans la Creuse.
FXG, à Paris
Les cinq revendications
Valérie Andanson, vice-présidente de Rasin Anler, a détaillé les revendiations présentées à Mme Pau-Langevin. La première des cinq revendications vise à la reconnaissance du "crime contre l'enfance". La deuxième évoque des réparations financières, la troisième des moyens pour pouvoir se rendre à la Réunion et y être hébergés aux frais de l'Etat. La quatrième revendication concerne l'identité des ex-pupilles et l'accès à la globalité des dossiers pour tous les membres d'une famille. Enfin, la cinquième revendication concerne le rapatriement à la Réunion des corps des ex-pupilles décédés.
Valérie Andanson a raconté qu'une compatriote est parvenue, il y a un mois environ, à faire rapatrier le corps de son frère décédé dans l'Hexagone aux frais du Conseil général après qu'elle a du faire la grève de la faim !