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Publié par fxg

Interview. Jean-Marc Crantor est directeur éditorial chez aufeminin.com, en charge du lancement de la chaîne web du groupe.

Ce manager s'interroge sur l'avenir de France Ô dans la perspective du changement de président de France télévisions et propose son expertise.

"France Ô doit être le porte-voix des outre-mer"

Quel analyse faites-vous de la querelle qui est faite autour de la ligne éditoriale de France Ô sur la place des outremers ?

Je partage l'idée que France Ô ne remplit pas ses obligations de service public, notamment en ce qui concerne la valorisation des Outre-mer. Le rapport du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) sur l'action de France Télévisions au cours des quatre dernières années s'interroge également sur les missions de France Ô. Cette chaîne vient de fêter son dixième anniversaire et je ne comprends pas qu'on en soit encore là. Le rapport Schwartz, remis au début du mois à la ministre de la Culture et de la Communication, n'est pas tendre non plus avec France Ô.

Bruno Patino, le directeur général adjoint de France télé, a dit qu'il fallait encore laisser du temps à France Ô...

Je ne comprends pas ce que ça veut dire. Après dix ans, il n'y a toujours pas de ligne éditoriale définie, propre et qui permette d'identifier la chaîne comme un véritable média des outre-mer. Enfin, je rappelle qu'en novembre dernier, le président de la République a dit qu'il était urgent que France Ô redevienne véritablement une chaîne ultramarine.

La ligne éditoriale a été défendue par ses dirigeants, anciens et actuels, c'est l'outremer et l'ouverture au monde...

je ne fais pas de difficultés là-dessus, il n'est pas question d'en faire une chaîne communautaire. Quand je parle de chaîne ultramarine, ce n'est pas une chaîne ghetto, repliée sur elle-même, ça veut dire une chaîne qui devrait être porte-parole des outre-mer, qui devrait permettre aux outre-mer de s'exprimer sur ses régions, mais aussi sur le monde. La dimension ultramarine semble avoir été complètement négligée par les équipes actuelles. Les outre-mer doivent s'inviter dans le débat public et faire entendre leurs points de vue sur la vision qu'ils ont du monde, sur les enjeux qui se présentent à eux.

L'actuelle ligne "ouverture au monde" a été très critiquée par les parlementaires ultramarins entre autre, jusqu'à l'ancien ministre Victorin Lurel qui a osé parlé de chaîne du tiers monde et des banlieues. Qu'en pensez-vous ?

Il y a une confusion qui vient du fait que la direction générale de France Télévisions ne s'est jamais vraiment intéressée à un projet éditorial pour France Ô et cette dernière n'a pas su non plus démontrer sa capacité à proposer un projet pertinent. C'est normal que l'outre-mer s'intéresse au monde ; il est éparpillé aux quatre coins de la planète ! Mais une chaîne ultramarine est un média qui doit puiser une partie de sa programmation dans les programmes produits par les chaînes publiques Outremer 1ère pour valoriser le travail fait en région, montrer leur culture et leur excellence. France Ô doit être davantage présente sur les activités ultramarines qui se passent en métropole, mais aussi elle doit s'intéresser à tous les débats de société qui se passent en métropole et dans le monde. Ce n'est pas une chaîne qui parlerait uniquement de l'outre-mer, mais toutes les régions ultramarines doivent pouvoir donner leur point de vue sur le monde. France Ô doit être le reflet de la pensée des Ultramarins et non pas un ghetto médiatique.

Que pensez-vous de l'audience de France Ô qui est mesurée depuis septembre dernier ? France Ô annonce en février dernier 0,6 % de part -d'audience sur les 4 ans et plus... (voir détail audience France Ô par ailleurs)

France Ô est à 0,5 % d'audience moyenne. C'est l'avant dernière chaîne de la TNT sur la liste de Médiamétrie devant Chérie 25. L'absence de public s'explique en partie par l'absence d'un projet éditorial pertinent.

Comment comptez-vous faire passer votre message au futur président alors que c'est une bataille qui se joue exclusivement en coulisses ?

C'est une bataille ! Il faut justement alerter à la fois le CSA et les potentiels candidats pour leur rappeler que l'outre-mer est une composante de la République et qu'il faut la prendre au sérieux. On ne sait pas parler de l'outre-mer à la télé, on en a toujours parlé de façon folklorique quand on n'y voit pas une pesanteur. Les candidats à la tête de France télévisions doivent vraiment prendre en compte cela et avoir un projet pour France Ô, mais pas seulement. La question de savoir comment on parle des outre-mer sur les autres chaînes du groupe doit également faire partie de leur réflexion.

Que savez-vous des projets et des candidatures qui se préparent ?

Le processus mis en place par le CSA me semble très opaque. La liste des candidats ne sera connu que dès lors que chaque candidat ne s'oppose pas à ce que soit publiée sa candidature. Ca rend les choses complexes... Par ailleurs, les candidats seront auditionnés à huis-clos. On ne connaîtra donc que très peu de choses des projets avant la nomination. On ne saura rien de l'avenir de la télévision publique qui nous appartient pourtant...

Un seul candidat s'est déclaré, c'est Alexandre Michelin, un professionnel d'origine martiniquaise avec lequel vous avez déjà travaillé. Connaissez-vous son projet, notamment en ce qui concerne France Ô ?

Non, il n'en a pas fait part, mais je pense qu'il fera, comme tout le monde, il rendra son projet stratégique au CSA. Il ne va pas dévoiler ses billes maintenant alors qu'il y a d'autres candidats qui sont ses concurrents. Mais c'est un grand professionnel, un homme de télévision et du numérique et de toute évidence, il a des qualités pour faire avancer le débat.

Etes-vous candidat à la direction de France Ô ?

Le directeur de France Ô est choisi par le président de France Télévisions et le processus de nomination de ce dernier est à peine entamé. Je porte un regard de professionnel sur ce sujet d'actualité. Comme vous avez pu le constater, tout le secteur s'interroge sur les missions et l'avenir de la télévision publique. Il sera temps d'en reparler après la nomination du président de France Télévisions..

Propos recueillis par FXG, à Paris

CV vite fait

Jean-Marc Crantor est un Guadeloupéen de 43 ans. Son parcours diversifié lui a donné une approche macro-économique du secteur audiovisuel. Consultant à l'IDATE, directeur du département médias chez Global Equities, il a apréhender les questions juridiques, économiques, technologiques et stratégiques liées au secteur. Puis, il a développé des compétences opérationnelles en tant que directeur des antennes télé à RFO-Guadeloupe, puis au sein du groupe Lagardère. Il a rejoint aufeminin.com en 2010 où il s'occupe du lancement de la chaîne web du groupe. Il a, par ailleurs, participé à différents comités de réflexion, des commissions (CNC/Région Guadeloupe, Médias et Diversités, Observatoire européen de l'audiovisuel) et a dirigé la publication d'ouvrages sur le secteur de la télévision et de la radio.

Les chiffres de France Ô en février

France Ô a salué " ses bonnes performances du mois" et annoncé 1 % de part d'audience (PdA) en moyenne en prime time et 575 000 téléespectateurs comme meilleur score en prime time. En mayenne générale sur les 4 ans et plus, France Ô fait 0,6 % de PdA.

La série Meurtres au paradis rassemble jusqu’à 575.000 téléspectateurs pour 2,3% de PdA.

Le magazine Investigatiôns présenté par Samira Ibrahim comptabilise 1% de PdA et 265.000 téléspectateurs pour « L’envers du paradis ».

La série Passeur d'enfants attire 400.000 téléspectateurs en moyenne ( 1,5% de PdA) le jeudi.

Les championnats du monde de cyclisme sur piste 2015 ont attiré 355.000 téléspectateurs (1,5% de PdA) en moyenne sur les 4 soirées avec une pointe à 660.000 téléspectateurs le vendredi soir.

La Fed Cup féminine réunit 0,6% de PdA avec 80.000 téléspectateurs en moyenne par match diffusé et jusqu’à 250.000 téléspectateurs pour le double du dimanche.

Les documentaires sur l’Outre-mer diffusés en prime-time dans Passion Outremer chaque dimanche soir réunissent en moyenne 205.000 téléspectateurs pour 0,8% de PdA.

Les aventuriers d'Explô performent avec une PdA de 0,9%, soit 140.000 téléspectateurs pour "L'Afrique à vélo".

Mémô affiche un record à 0,8% de PdA et 140.000 téléspectateurs.

La série jeunesse H2O confirme ses bons scores à 2,6% de PdA en moyenne sur les 4-14 ans (0,7% de PdA en 4+)

 
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D
Je suis pour cette candidature à condition que le bureau du Directeur de France Ô soit refait avec une touche de bois d'Ebène du Mozambique.<br /> <br /> l'Outremer n'est pas figé et France Ô a de fait, pour but de redéfinir et de recréer l'image et la voix d'une nouvelle conceptualisation idéologique.<br /> C'est dire et montrer que l'ultramarin n'est qu'un ex-sauvageon comme les autres ("dans certains rêves ! ") et que l'aéroport de Guadeloupe par exemple, ne mérite pas un nom de personne alitée Locale puisqu'il devient une plateforme "citoyenne" de la caraïbe.<br /> <br /> Le problème reste toujours l'interdiction "cachée" et non assumée qui est faite (par tous moyens) aux projets de médias à trop forte composante identitaire régionale traditionaliste.<br /> <br /> Même s'il semble que le contenu de FÔ plaise un peu plus, la disparition des télénovelas porto-brazilian est un risque, ce qui démembrerait un peu plus l'identité et le "feeling" caribéen.
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