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Publié par fxg

"L'opposition outre-mer/diversité est une problématique générationnelle"

A la veille du renouvellement des instances dirigeantes de France Télévision, beaucoup de monde semble montrer un vif intérêt sur France Ô...

Tout le monde a le droit d'avoir un avis sur la ligne éditoriale de France Ô et beaucoup de personnes se penchent sur le berceau, ce qui montre qu'il y a un vrai intérêt et ça, c'est positif. Il vaut mieux faire envie que faire pitié ! Ca montre que cette chaîne existe, qu'elle est vue et qu'elle fait parler d'elle. L'éclectisme des réflexions et des critiques montre qu'il n'y a pas encore à l’extérieur de ligne très aboutie et acceptée collectivement par le plus grand nombre.

Le président de la République a mis en avant une ligne en disant : "France Ô doit redevenir la chaînes des Ultramarins". Elle ne l'est donc pas ?

Depuis 2012, la présence de l'outre-mer sur notre antenne a été en progression très clairement. Il n'y en a jamais eu autant. Mais je pense qu'il y a une confusion sur les chiffres qui circulent.... La présence des items stricto sensu outre-mer sur la chaîne représentent près de 50 % de la grille sans compter les artistes d'outre-mer qui sont invités du LabÔ. Les 18 % cités par le président de la République sont un chiffre qui correspond à ce qui est fabriqué par les outremer 1ère et qui est diffusé sur France Ô. IL s'agit en gros de l'information, des reportages qui sont diffusés dans nos magazines et de quelques documentaires.

Cela veut-il dire qu'on voudrait que vous fassiez plus appel aux productions des chaînes d'outremer 1ère ?

L'exercice qui consiste à demander aux chaînes 1ère des productions dévolues à France Ô est très délicat puisque les équipes et les salariés sur place ont un employeur local et une ligne éditoriale locale qui consistent à fabriquer des programmes pour la chaîne locale. Lorsqu'on demande la contribution des 1ère pour travailler sur France Ö, c'est un travail supplémentaire qu'on leur demande parce que la ligne n'est pas forcément la même entre la proximité que vous avez dans les territoires et ce que France Ô va demander pour que le sujet soit intelligible par le plus grand nombre en métropole. Nous avons fait une étude sur les JT et un travail sur la rédaction, elle révèle qu'en métropole, il faut faire une re-contextualisation des sujets à faire pour qu'ils soient accessibles au plus grand nombre. Un Réunionnais a un accès au reportage martiniquais qui est le même qu'un métropolitain. Même si on s'adresse aux ultramarins de métropole, il faut contextualiser pour que l'accès soit plus généraliste qu'il ne peut l'être en proximité locale.

Il y a pourtant des synergies entre les 1ère et France Ô...

Il n' y a jamais eu autant de productions communes, simplement nous sommes dans une démarche complémentaire, on ne fait pas que reprendre des programmes locaux pour les passer sur France Ô...

Quelle est la réalité de ces coproductions ?

Nous co-diffusons des programmes documentaires, c'est le cas d'Archipel, mais aussi des fictions comme Cut, et l'information, naturellement. En termes de production, la grande majorité des programmes sont produits par des producteurs extérieurs qu'ils soient nationaux ou locaux. Ce que produisent les 1ère localement est à 80 ou 85 % des programmes relatifs à l'information. Ca ne les empêche pas par ailleurs de faire des productions très locales de divertissement... La grande majorité des productions que nous avons en commun sont produites par des sociétés extérieures au groupe France TV en particulier pour les documentaires et la fiction.

Ce qui semble cristalliser les critiques, ce sont les programmes qui touchent à la diversité, aux banlieues. C'est ressenti comme un amalgame entre les Ultramarins et les cités...

La diversité, c'est la représentation de l'ensemble des composantes de la Nation française et ça n'a jamais été mon objectif. En revanche, nous revendiquons ce qui correspond à notre cahier des charges et à son contrat d'objectifs et de moyens, y compris le dernier qui a été signé, c'est-à-dire une notion qui allie ouverture sur le monde et outremer. Ca n'a rien à voir avec la notion de diversité. Il s'agit de valoriser les cultures qui sont extérieures à l'Hexagone et qui composent aujourd'hui notre société, avec un prisme particulier pour les jeunes générations...

N'est-ce pas le rôle de France 4 ?

Notre angle est spécifique, il concerne aussi bien la métropole que l’outremer. Par exemple, on a critiqué la présence des cultures urbaines sur France Ô alors qu’en outre-mer, vous avez beaucoup de hip hop. On a placé dans une opposition outre-mer/diversité un débat qui est davantage une problématique générationnelle. Pourquoi nous sommes-nous intéressés aux cultures urbaines ? Parce que le hip hop est un phénomène national, outre-mer compris et même avant tout outre-mer ! Il n'y a rien d'antinomique avec l'outre-mer lorsque nous faisons des programmes relatifs aux cultures urbaines, bien au contraire.

Il serait peut-être utile à ce stade de rappeler quel est votre cahier des charges...

Le cahier des charges de la chaîne remonte à 2009, il précise : "La chaîne de la mixité et de la diversité culturelle, France Ô offre une vitrine de choix à toutes les composantes qui participent de l'identité de la communauté nationale en particulier aux populations ultramarines. L'accent est notamment porté sur les magazines, les débats citoyens et les spectacles vivants." Voici le cahier des charges originel de France Ô. Il est consultable en ligne sur le site du CSA.

Le CSA a rendu un rapport sur France Ô dans lequel il s'interroge sur la lisibilité de votre ligne éditoriale...

Il signale un besoin de plus grande lisibilité sur la chaîne, mais c'était prévisible. La multiplication des prises de parole sur cette chaîne avec d'un côté une revendication liée à cette façon de s'ouvrir sur le monde et, de l'autre, de mettre en primauté, en préemption l'outre-mer fait qu'effectivement au bout d'un moment, le public peut un peu s'y perdre. Nous sommes restés depuis trois ans et demi sur un principe : c'est la chaîne ouverte sur le monde à l'intérieur duquel l'outre-mer est prépondérante. C'est exactement, mot pour mot, ce que demande le cahier des charges. Au final, avec la multiplication des critiques, on arrive à une lecture un peu trouble que le CSA a soulignée.

Derrière les enjeux de la grille de France Ô, il y a donc des enjeux plus politiques ?

Oui, naturellement mais cet intérêt particulier est plutôt positif pour nous. Ca veut dire qu'on a fait travail de visibilité et je ne suis pas si sûr qu'il y a cinq ans, il y aurait eu autant d'agitation sur la chaîne... Ca montre que la chaîne a fait parler d'elle et qu'elle existe. S'il y a un débat démocratique sur une chaîne de télé de service public, je trouve que c'est sain ! Ca crée des émulations. Ce n'est pas tous les jours facile à gérer, mais c'est bien que le débat s'anime. Je regrette cependant qu'il n'y ait pas plus de propositions de construction éditoriale, de propositions solidaires des différents intervenants critiques.

Bruno Patino, votre hiérarchie à France TV a déclaré qu'il fallait donner encore du temps à France Ô. Mais France Ô existe depuis dix ans...

France 4 a la même difficulté et France 3 l'a encore... Oui, il faut laisser du temps. La séquence de construction éditoriale d'un média comme une chaîne de France TV est une séquence qui est plus longue que la séquence politique. Pour s'installer une chaîne a besoin d'ancrer des marques dans l'inconscient collectif et d'organiser des rendez-vous avec son public. C'est très difficile aujourd'hui et particulièrement à France TV, parce que vous avez une intervention extérieure permanente. Du coup, la remise en cause est beaucoup plus rapide que l'installation des programmes et de la grille.

La chaîne est mesurée par Médiamétrie depuis septembre. Etes-vous satisfait de votre audience ?

Nous sommes très exactement dans l'objectif qui a été fixé par la direction du groupe qui était entre 0,6 à 0,7 % de PdA 4ans et +. Nous remplissons nos objectifs en atteignant 0,6 % . J'aurai préféré 0,7 % comme il y a quinze jours, nous avions atteint 0,7 % de moyenne hebdomadaire. Depuis qu'on mesure, on est parti de 0,5 et on va vers 0,7 % en six mois de piges d'audience. Dans le détail, nous avons des premières et deuxièmes parties de soirée qui sont bien au-dessus de nos objectifs. Après, nous sommes, il est vrai, déçus par nos journées parce que nous avons des fonds de grille qui sont un peu faibles et qui sont, pour tout vous dire, assez liés à la faiblesse du budget qui nous est octroyé pour pouvoir gérer ces fonds de grille. On se débrouille avec nos moyens, mais encore une fois, quelle que soit la ligné éditoriale, il faut laisser le temps aux chaînes de s'installer avant de porter un jugement définitif.

Propos recueillis par FXG, à Paris

Plaidoyer pro domo

"J'ai lu à mon grand émoi que nous ne faisons plus de programmes historiques et culturels, j'hallucine ! Chaque mois, il y a un événement d'antenne qui porte sur des documentaires ou des programmes culturels et historiques ! On l'a fait notamment au moment des commémorations de la guerre de 14-18 avec "Les frères d'arme d'outre-mer", plusieurs documentaires qui concernaient des héros, Le soldat Borical, Eugène Bullard et Jules Jean-Joseph... On a fait un centenaire Césaire qui est une des journées qui a nécessité le plus d'investissements à France Ô depuis sa création, avec un docu-fiction, une captation de théâtre, etc... Chaque année, on fait une nuit de l'Océanie, la nuit du FIFO. On a lancé une histoire politique des outre-mer qui s'appelle Polygone, neuf fois 52 minutes que produit Caméra One, on a également fait deux fois 52 minutes sur les présidents de la République et l'Outre-mer... Je suis assez surpris qu'on n'en fasse pas état."

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M
gilles camouilly: l incompétence a son maximum...et je paye donc son salaire avec mes impots... tristesse
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