CAB
Mario Canonge, Blick Bassy et Adriano Tenorio sortent un album CAB. Trois lettre qui en anglais signifient taxi, mais également l'acronyme de Canonge, Adriano et Bassy, et Camerounais, Antillais et Brésilien. Interview de Mario Canonge.
"Une road music ouverte"
Comment s'est passée cette rencontre ?
Blick Bassy, qui vient du Cameroun, a participé à un de mes albums. C'était une rencontre sur disque et puis un jour, un ami qui travaille à RFI me l'a fait écouter. Le temps a passé et lorsque j'ai enregistré Mitan, il y a quatre ans, j'ai fait appel à lui pour une petite plage d'improvisation. Il m'a donné un disque, je l'ai invité à un concert... Quelques mois ont passé et c'est lui qui m'a appelé pour me soumettre cette idée, un projet en très petite formation. C'est ça qui était important. On a décidé de faire ça en trio, piano, chant et autre chose. Mais quoi ? On a hésité avant de lâcher : percussions. Pas de batterie, pas de batteur, pas de cuivre... Mais Ténorio. Blick avait joué avec lui et Tenorio a joué une fois avec moi. Mais aujourd'hui, il est très demandé ! Heureusement, il fait maintenant partie du groupe.
Vous vouliez faire sobre et le résultat ne l'est pas du tout !
Nous avons d'abord, Blick et moi, monté les compositions à deux. Ensuite, on a fait appel à Adriano Tenorio, un virtuose de la percussion. Et au final, les choses sont tellement montées dans le détail qu'on arrive à donner l'impression qu'on cinq ou six alors qu'on est trois. Et sur scène, ça sonne pareil ! Car une fois que les compositions sont au point, la musique commence ! Le jazz est toujours là.
On est surpris d'entendre des sons très variés, jusqu'à des sons très brésiliens...
Le CAB, le taxi est une invitation au voyage dans trois continents musicaux, Afrique Brésil, Caraïbes. Nous avons cherché à présenter une musique qui soit un mélange de ces trois cultures sans qu'on ne sente que ce soit complètement antillais, camerounais ou brésilien. Ce qui a été important pour nous, c'est cette tournée que nous avons faite. Nous sommes restes deux mois et demi en Afrique, on a fait 30 concerts dans 21 pays. Ca nous a permis de rôder l'album. Il y a une entité, un truc qui est vraiment solide et c'est vrai qu'on a eu besoin d'un peu de temps pour nous installer. On arrive à faire à chaque concert une musique différente avec les mêmes morceaux. C'est ça qui nous intéresse, c'est ça le jazz. Sinon ça pourrait devenir de la variété, même sophistiquée et pour moi, c'est pas le but. C'est une road music ouverte.
Il y a des textes en langue bassa...
Blick défend ses textes en langue bassa car il défend aussi cette langue. Le bassa comme beaucoup de langues africaines sont vouées à disparaître d'ici cinquante ans... Sur une mazurka, il dit quelques mots en créole et il chante un texte en français, un rap.
Qu'a représenté pour vous trois le fait d'être invité pour jouer le 10 mai en Guadeloupe pour l'inauguration du Mémorial ACTe, lieu de mémoire de l'esclavage ?
Nous représentons déjà un symbole en unissant le Brésil, le Cameroun et les Antilles et je pense que ce symbole a pesé dans le choix qui a été fait de nous inviter. Pour nous également, ça permettra de montrer que tout ça a donné quelque chose de neuf.
Et CAB est appelé à durer ?
Bien sûr ! Pour moi, c'est le début de CAB, ce n'est pas juste un album. Il y a un concept et une envie de faire. En Afrique, nous avons essayé de participer à notre façon, nous avons organisé avec la SACEM un concours de documentaires dans chaque pays que nous avons visité... CAB est un groupe qui ne fait que démarrer.
Propos recueillis par FXG, à Paris
28 mai en concert au Triton à Montreuil
8 et 9 juin au Duc des Lombards