Air France à Caracas
L'adjoint au chef d'escale d'air France à Caracas croupit en prison depuis deux ans
Après le procès des pilotes français soupçonnés de trafic de cocaïne à Saint-Domingue, c'est au tour du chef d'escale adjoint d'Air France à Caracas, Juan Alberto Chirino, d'être accusé par la justice vénézuélienne de trafic de drogue.
Persuadé de son innocence, le ténor martiniquais Alex Ursulet a accepté d'assurer sa défense.
"Ca fait 18 mois que ça dure. Alberto a pris 60 kilos en prison et tout le monde sait qu'il est innocent", a déclaré l'avocat à France-Antilles. Le 21 septembre 2013, Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, annonce lors d'une conférence de presse que 1,3 tonnes de cocaïne ont été trouvées à bord d'un avion d'Air France en provenance de Caracas dix jours plus tôt. Le ministre insiste sur l'origine du vol.
La police vénézuélienne a immédiatement fait arrêter le délégué d'Air France à Caracas avant de le relâcher quelques heures plus tard après l'intervention de l'ambassade de France. C'est alors que la police arrête l'employé vénézuélien le plus haut gradé chez Air France en la personne d'Alberto. "Si c'est une mesure de rétorsion, cela aurait du s'arrêter dès lors que tous ont acté la certitude de son innocence, estime Me Ursulet. C'est un quadragénaire sans histoire qui a renoncé à poursuivre ses études d'ingénieur après l'assassinat crapuleux de son père et, pour s'occuper de sa mère et de ses deux soeurs, il s'est fait recruter comme bagagiste par Air France à l'aéroport de Caracas. C'est ainsi qu'en une vingtaine d'années, il grimpe les échelons pour devenir chef d'escale adjoint." Selon son défenseur, Alberto n'a pas du tout le profil du trafiquant !
Alex Ursulet a eu accès au dossier d'instruction vénézuélien. L'enquête de téléphonie révèle que sur les 27 personnes interpellées, 24 ont été en relation avant, pendant et après les opérations de chargement de la drogue, Alberto jamais.
La bande vidéo montre par ailleurs des personnes dans la galerie bagages chargeant les valises pleines de cocaïne sans les passer aux rayons X. Puis elle montre l'arrivée d'Alberto qui a pour obligation de pointer et de vérifier la régularité du chargement. Dès lors qu'il est présent, les valises sont passées aux rayons X et, surtout, la complicité qui existe entre les personnes qui chargent s'estompe jusqu'à ce qu'Alberto reparte. Aussitôt le ballet des valises évite à nouveau les rayons X...
Bandes vidéo effacées mais sauvegardées
"Tous étaient persuadés que les bandes seraient effacées et elles l'ont été, relate Me Ursulet, mais il y a eu une sauvegarde en back up. Sachant que les bandes seraient effacées, les trafiquants n'auraient pas changé d'attitude devant Alberto s'il avait été complice." Autre élément à décharge, Alberto a remplacé au pied levé une collègue retenue pour une formation ce jour-là.
Malgré ces éléments, Alberto a été renvoyé devant un tribunal. Le procès a démarré en décembre 2014. Première demande de liberté. Le parquet ne s'y oppose pas, mais Alberto reste détenu à la prison de Macuto, l'une des prisons les plus dures de la zone caraïbe.
Dès lors, la défense va activer les tous les réseaux diplomatiques français et caribéens "pour trouver des leviers de compréhension" de cette affaire qui semble bien ne pas avoir de raisons judiciaires, les charges contre Alberto ayant été abandonnées les unes après les autres. Il se rend à Cuba, accepte de devenir défenseurs de "los cinqos", les cinq cubains arrêtés à Miami et accusés d'espionnage anti-américain. Las pour lui, la donne géopolitique change avec le rapprochement annoncé avec Cuba par Barack Obama qui libère "Los cinqos", tandis que le président vénézuélien, Nicolas Maduro reste honnis par les Etats-Unis... " Malgré tous ces efforts, ça fait deux ans qu'un innocent est en prison", regrette Alex Ursulet, pourquoi ? Pour quelles raisons ?"
FXG, à Paris
Echec diplomatique à Bruxelles
Les 10 et 11 juin derniers, à Bruxelles, le cas d'Alberto a vraisemblablement été abordé dans le cadre des rencontres bilatérales organisées autour du IIe sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats de l’Amérique Latine et de la Caraïbe et de l’Union Européenne (CELEAC-EU). Mais pour l’instant sans résultat… Une absence de résultat qui semble bien signifier le peu de cas que le gouvernement vénézuélien fait des efforts de la diplomatie française.