Le groupe LR de la mairie de Paris se prend les pieds dans le tapis de l'égalité économique réelle
Vent de colère des milieux économiques ultramarins contre Nathalie Fanfant
Au conseil de Paris, sollicité pour soutenir le projet de loi d'égalité économique des outre-mer, l'intervention de Nathalie Fanfant (LR) a mis le feu aux poudres.
Nathalie Kosciusko-Morizet, présidente du groupe Les Républicains au conseil de Paris, et Philippe Goujon, président de la fédération LR de Paris, vienent de recevoir une série de courriers relatif au vote des élus LR, le 29 septembre dernier au conseil de Paris, alors qu'il devait examiner un voeu visant à soutenir la proposition du conseil représentatif des Français d'Outre-mer (CReFOM) d'inscrire dans la loi l'objectif de parvenir en l'espace d'une génération à l'égalité économique réelle en outre-mer. Ces courriers émanent de Gérard Bally, délégué général d'Eurodom, Eric de Lucy, président de l'Union des groupements des producteurs de bananes (UGPBan) et Jean-Pierre Philibert, président de la FEDOM. Dans leurs courriers, ces pros du lobbysme entrepreneurial ultramarin parlent de "consternation", "déception", "incompréhension"... L'ensemble des signataires "déplore" que le groupe LR du conseil de Paris n'a pas voulu voter ce voeu.
Que s'est-il passé ? La Martiniquaise Nathalie Fanfant a pris la parole au nom du groupe LR pour exprimer leur position : "Nous voterons contre ce voeu qui présente l'outre-mer sous un mauvais jour." Elle a indiqué que le PIB par habitant des Antillais était l'un des plus élevés de la Caraïbes, comme celui des Réunionnais ou des Guyanais dans leurs bassins géographiques ou encore les Polynésiens... Le taux de délinquance est elevé aux Antilles ? Nathalie Fanfant a indiqué la nécessité de regarder ce taux en proportion d'une population de 400 000 habitants en Guadeloupe et Martinique.... Enfin, sur la spécificité des territoires d'Outre-mer, Nathalie Fanfant a rappelé que "l'Union européenne a mis en place depuis 1999 le statut des Régions ultrapériphériques pour rattraper tous les retards". Avant de conclure par un vote négatif de son groupe, Nathalie Fanfant, qui n'a pas manqué d'épingler le président du CReFOM, Patrick Karam (qui prenait soin de filmer son intervention), a déclaré : "Pourquoi faut-il dire que rien n'a été fait ?"
"Intervention calamiteuse"
La grogne des milieux économiques, pourtant plus proches des LR que des socialistes, ont été choqués des mots employés par Nathalie Fanfant au moment où ils travaillent avec le ministère des Outre-mer sur des dossiers aussi importants que le Règlement d'exception par catégorie (RGEC) où le nouveau coup de rabot sur les éxonérations de charges sociales pour lesquels MM. Bally, Philibert et De Lucy ne cessent l'expliquer la nécessité de faire comprendre à Bercy et à Bruxelles le retard réel et structurel des Outre-mer. Eric de Lucy écrit : "Nos compatriotes de l'Outre-mer méritent mieux que des prises de position à l'emporte-pièce (...) L'intervention de Nathalie Fanfant a pu apparaître comme éloignée de la réalité, politiquement partisane et surtout offensante. Comment oser proposer aux Réunionnais de se comparer avec les Malgaches, et les Martiniquais ou les Guadeloupéens avec Haïti ou encore Dominique ou Sainte-Lucie ?" Pour Jean-Pierre Philibert, c'est une intervention "décalée, absurde, voire inutilement blessante" et surtout "calamiteuse" pour la négociation en cours avec l'ETat et Bruxelles.
La sortie de Nathalie Fanfant, s'explique d'abord par son opposition à Patrick Karam. Aussi, MM. Bally, de Lucy et Philbert prennent-ils soin de rappeler que "l'objectif d'égalité réelle économique proposé par Patrick Karam n'est pas seulement porté par le CReFOM, mais aussi par tous les milieux économiques ultramarins."
Finalement, Nathalie Fanfant a été désavouée par son groupe qui est revenu sur sa position en préférant l'abstention au vote contre lors du scrutin rectificatif.
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FXG, à Paris