Onze cas de zika en France (dix en Guyane, un en Martinique)
Interview. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes.
"Nous avons onze cas confirmés en Guyane et en Martinique"
La confirmation de cas de zika en Guyane et en Martinique suffit-elle à redouter le spectre d'une épidémie ?
Je ne veux pas faire passer un message d'inquiétude, mais un message de vigilance, de prévention et de précaution. Il y a une épidémie de zika en Amérique latine. Depuis ce week-end, nous voyons des cas de zika en France. Tout doit être fait pour éviter une épidémie. Pour cela, j'ai immédiatement mobilisé les agences régionales de santé (ARS) et je souhaite lancer ce message de précaution et de vigilance parce que c'est une maladie qui peut provoquer des complications. Aujourd'hui, nous avons onze cas confirmés en Guyane et en Martinique. Je le dis aux habitants, aux touristes, à ceux qui vont retrouver leur famille pour les fêtes : pas d'inquiétude excessive, de la précaution et de la vigilance, notamment si on est une femme enceinte.
La Guadeloupe est-elle menacée ?
Pour le moment, il n'y a pas de cas de zika en Guadeloupe, mais il vaut mieux anticiper. Mon message est avant tout un message de prévention et de précaution. Il ne faut pas se dire que c'est juste un virus de plus, comme la dengue ou le chikungunya, qui se transmet par les moustiques. Ce virus peut provoquer des complications assez sérieuses pour les femmes enceintes.
Y a-t-il des mesures particulières pour les femmes enceintes ?
Il faut lancer un message d'alerte et dire à la population en général et aux femmes enceintes en particulier de se protéger. La maladie se transmet lorsqu'une personne malade est piquée par un moustique qui va ensuite aller piquer quelqu'un d'autre et l'infecter. Tout le monde doit se protéger pour protéger les autres, les femmes enceintes en particulier. Je leur recommande de mettre des produits répulsifs, de porter des vêtements couvrants dans la journée, en particulier à la tombée de la nuit et d'être attentives. Si on développe des symptômes, il faut consulter son médecin.
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes sont semblables à ceux d'une grippe : de la fièvre modérée, des douleurs articulaires, des courbatures, des maux de têtes, de la fatigue, des irritations aux yeux... Les services de santé sont mobilisés, la lutte anti-vectorielle est plus que jamais nécessaire. Nous avons onze cas ; il peut en y avoir d'autres. Nous devons tout faire pour éviter l'épidémie.
Faudra-t-il utiliser le malathion comme lors de l'épidémie de chikungunya en Guyane ?
Le malathion a été utilisé de manière ponctuelle face à une crise majeure. Mais il faut évidemment, autant que faire se peut, éviter d'y recourir. A l'heure actuelle, rien ne justifie de recourir à ce type de produits.
Ce n'est pas la première crise sanitaire du genre dans les Outre-mer. Est-ce que la loi de modernisation de notre système de santé que vous avez fait adopter le 17 décembre tient compte de cette réalité nouvelle. Ces crises sanitaires sont-elles inscrites dans la stratégie nationale de santé pour l'outre-mer ?
Absolument. La loi, que je viens de faire voter s'appliquera partout sur le territoire français, mais par ailleurs des mesures spécifiques, une stratégie nationale de santé pour les Outre-mer, sont en voie d'élaboration. La loi met l'accent sur la prévention, ça vaut aussi face aux maladies vectorielles., J'ai confié une mission à Chantal de Singly, ancienne directrice de l’ARS de l'Océan Indien, pour définir de façon très opérationnelle des mesures à mettre en œuvre dans les outre-mer. Ses travaux devraient être achevés à la fin du premier trimestre 2016. L'un des objectifs stratégiques est le renforcement, l'amélioration de la veille sanitaire et de la gestion de crise, le renforcement de la prévention en tenant compte de la particularité de l'outre-mer.
Propos recueillis par FXG, à Paris