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Publié par fxg

Erick Bareigts à son bureau ministériel, le 1er mars

Erick Bareigts à son bureau ministériel, le 1er mars

Elle veut casser les logiques de ségrégation

Ericka Bareigts, la nouvelle secrétaire d'Etat à l'Egalité réelle, jusqu'alors députée PS de la première circonscription de la Réunion (Saint-Denis), défendra la loi d'égalité réelle des outre-mer avec George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer.

Manuel Valls a donné des clés à Ericka Barteigts pour qu'elle puisse prendre "des mesures spécifiques d’égalité réelle". Au début du mois d'avril, elle va être chargée de coordonner le comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté (CIEC), une instance animée par le commissariat général à l'égalité des territoires (un service du premier ministre fruit de l'union récente de la DATAR, l'ACSE, la Ville). "Mon rôle, explique-t-elle, est de soutenir et d’amplifier la dynamique du CIEC pour plus d’égalité." Elle veut "casser les logiques de ségrégation, lutter contre toutes formes de discriminations et prévenir les phénomènes de repli".

Deuxième fenêtre de tir, le projet de loi "Egalité et citoyenneté" qu'elle va porter avec le ministre de la Ville, Patrick Kanner, et la secrétaire d'Etat à l'Habitat durable, Emmanuelle Cosse, d'ici deux ou trois mois.

A la fin de l'année, ce sera le projet de loi pour l’égalité réelle outre-mer. Revendiquée par le gouvernement et les socialistes, c'est bien Patrick Karam qui a relancé l'affaire de l'égalité réelle en obtenant du chef de l'Etat, lors du premier dîner du CReFOM en 2014, la promesse d'une loi cadre pour un programme de rattrapage en une génération. Matignon assure que ce projet de loi sera co-préparé et co-défendu. Ericka Bareigts et la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, vont se rencontrer prochainement. "Le travail que j'ai à faire avec mes collègues du gouvernement, explique Mme Bareigts, c'est répartir les moyens de façon différenciée : plus d'actions, plus de moyens pour certains territoires ou certaines personnes, ou des actions supplémentaires pour que le droit commun atteigne l’ensemble des Français."

Le rapport Lurel

Victorin Lurel doit rendre son rapport de mission au Premier ministre le 16 mars, jour du dîner du CReFOM auxquels les deux hommes ont indiqué leur participation.  Ce rapport vise à éclairer à la construction du projet de loi

Comme secrétaire nationale au PS, la députée Bareigts a procédé à beaucoup d'auditions sur ce sujet et des pistes lui tiennent à coeur. "Nous travaillerons sur les points de convergence que proposera Victorin Lurel comme le changement de modèle." Convaincue de la fin du modèle actuel de développement des outre-mer, elle souhaite un partenariat entre l'Etat et les collectivités locales pour un contrat de développement local en concordance avec les contrats de plan Etat Région et les programmes opérationnels européens. Il existe déjà le plan Mayotte 2020, bientôt le pacte pour la Guyane...  L'objetctif de ces plans territoriaux de développement différenciés est de concentrer les moyens européens, nationaux et régionaux sur des axes économiques mais également identifiés dans l'indice de développement humain : l'éducation, la santé, le logement... "Sans cela, dit Mme Bareigts, on pourra faire le développement économique que l'on voudra, les Réunionnais, les ultramarins ne seront pas prêts pour aller occuper les postes !" La question des compétences locales et de leur accès à l'emploi sur place, la ministre ne l'esquive pas : "C'est une approche fraternelle pour l'embauche locale et puis, on ne construit un territoire qu'en libérant ses atouts ! L'égalité réelle, c'est compenser mais aussi valoriser. Voilà ce qu'on devra retrouver dans la loi pour qu'on écrive une autre histoire, une autre page de nos histoires."

Des politiques différenciées

La future loi doit permettre des politiques publiques différenciées sans se faire retoquer par le Conseil constitutionnel ! "Nous ne sommes pas sur des traitements égalitaristes, nous acceptons la France dans sa diversité, les territoires sont différents, les gens sont différents, les histoires sont différentes, mais tout ça fait la France. Nous avons bien conscience de cette diversité et nous faisons des politiques différenciées pour telle ou telle situation pour que chacun atteigne, au même moment, l'égalité."

La nouvelle ministre s'est félicitée hier de la nomination en conseil des ministres du nouveau recteur de la Réunion, le Réunionnais Charles André Velayoudom Marimoutou. Encore députée, elle avait fortement ourdi avec Patrick Karam en faveur de cette nomination une semaine avant qu'elle ne soit elle-même nommée secrétaire d'Etat. Ce qui a fait dire à un commentateur politique que le CReFOM était parvenu à "karaméliser" le gouvernement !

FXG, à Paris

A peine nommé déjà critiquée

Comme sa collègue secrétaire d'Etat à l'aide aux victimes, on a glosé sur le caractère factice, voire bidon de ce secrétariat d'Etat... Ca lui en touche une sans faire bouger l'autre, dirait feu Charles Pasqua. "Franchement, on peut se faire plaisir pour sortir sa petite phrase et la faire tourner en boucle... Je ne suis pas là-dedans, je suis dans le travail, dans la réalité. Et les gens attendent du travail !" D'aucuns ne justifient sa nomination que d'un point de vue électoraliste à un an de la présidentielle. Valls et Hollande auraient pris la décision de la nommer pour flatter les Réunionnais quand l'électorat de l'île qui a massivement voté Hollande en 2012, vote désormais à droite... "C'est une insulte pour les électeurs réunionnais, a-t-elle réagi. Franchement, c'est une insulte parce que c'est limiter l'approche citoyenne des Réunionnais à la présence d'une Réunionnaise au gouvernement."

Elle a quand même kieffé quand elle a convoqué sa première conférence de presse de ministre avant de prendre l'avion pour Paris. "Les Réunionnais m'ont témoigné beaucoup d'affection, mais je sais aussi que les Réunionnais comme les ultramarins souffrent plus que tous les autres territoires de France, y compris les plus pauvres, des plus grandes inégalités nationales sur tous les domaines. En Guyane, pas d'électricité, à la Réunion et aux Antilles, le chômage des jeunes, à Mayotte, la santé et l'école... Tous, nous avons les plus forts taux d'inégalité de France ! C'est faire injure aux uns et aux autres d'estimer qu'il suffit de mettre une personne au gouvernement pour se dire qu'on a l'électorat !"

A Paris, elle a mis les pieds dans un gouvernement qui s'attaque au code du travail et sème ainsi le trouble sur sa gauche... Elle élude : "Je suis heureuse de voir que les uns et les autres reprennent un peu la discussion. Mais, en même temps, j'ai mon sujet, ma feuille de route, mes rendez-vous... Chacun doit assumer sa rôle en étant concentré sur sa tâche."

L'égalité réelle et la violence terroriste

A travers les deux lois pour l'égalité réelle outre-mer ou partout en France, Ericka Bareigts pense pouvoir apporter quelque humble réponse "aux atteintes au vivre ensemble et à la fraternité", marquées notamment par les attentats de 2015. "Quand on est Français, quelles que soient ses origines, et que l'on sent qu'on est traité de façon inéquitable, il y a comme une frustration qui va même jusqu'à la colère et quelques fois jusqu'au rejet de l'autre. Cela porte atteinte au vivre ensemble et à la fraternité." Ericka Bareigts pense qu'en intervenant sur l'égalité réelle, on intervient sur la "citoyenneté républicaine". Peut-on le faire en esquivant ce réel point commun à tous les Français de France et d'ailleurs ? Leur histoire coloniale et post-coloniale, la seule à même d'expliquer à tous pourquoi chacun est légitime à être Français... Ericka Bareigts est à même de porter ce message au gouvernement. N'est-ce pas elle qui s'était écriée le 30 septembre dernier à l'Assemblée nationale après avoir entendu Nadine Morano vanter "un pays de race blanche" : Pour moi, députée noire de la République, la France décrite par Mme Morano n'est pas la mienne. » Les sujets de l'esclavage et la colonisation dérangent toujours, demeurent tabous, sensibles. Ce sont des sujets pourtant centraux quand il s'agit d'égalité réelle... Et quand il s'agit de terroristes qui sont aussi des enfants perdus de cette histoire.

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