K'Koustik
K'Koustik fête ses dix ans
"Nous avons énormément de plaisir à venir jouer à Paris, partager avec nos amis de la diaspora qui vivent loin de chez eux, un peu du pays à travers cette musique originale." Les artistes de K'Koustik (Jean-Marc Ferdinand, Joby Julienne, Fabrice Fanfant (contrebasse) et Alex Jabot (guitare) sont en région parisienne ce week-end pour donner trois concerts dont deux au célèbre cabaret jazz, le Baiser salé. "On a l'impression d'amener la Guadeloupe à Paris, raconte Joby Julienne, et les gens laissent ressortir leur identité. Le ka, c'est comme un drapeau qui fédère !"
Le travail de K'Koustik est axé sur la voix, les cordes et les peaux, VKP. C'est d'ailleurs devenu un concept pour eux, comme souvent les Cubains le font aussi, ils remercient avant chaque concert les ancêtres, la mère Afrique...
Leur premier disque, "Reviviscence", est venu faire renaître les "prophètes" du ka, les griots... Ce sont les compositeurs, pas les tanbouyés : Serge-Jules Geoffroy, Guy Konket, Kristen, Loyson, Chaben ou Ti-Céleste. C'était une première car si le gwoka est populaire, il y a encore des endroits où il n'entre toujours pas. "Ces artistes, poursuit Joby, ont été ghettoïsés et nous avons voulu les remercier et les mettre à l'honneur." "Ca a permis au public de mieux comprendre les textes des anciens", conclut Joby.
K'Koustik a déjà joué au Carroussel du Louvre, à l'invitation de la Comédie française, et, en décembre dernier, ils sont allés jouer en frac pour le public de Basse-Terre, une manière de montrer que cette musique détient aussi ses lettres de noblesse. "Pour arriver à K'Koustik, insiste Joby, il a fallu qu'on passe par le conservatoire national, c'est-à-dire qu'on passe par la tradition. J'ai grandi dans les lewoz avec Kristen, Carnot, Vélo, Delos..."
Avec leur deuxième album, "Son trasé", du nom d'un rythme de ka que Joby entendait enfant du côté de Vieux-Fort, un mélange de mas a senjan, de mas de Vièfo et de bendé. "Sauf que les tambours se jouaient au pied, raconte Joby. Tout le monde était assis sur le ka en train de jouer... Vélo et les autres se sont mis debout, mais nous on est partis de ça."
Les K'Koustik ont commencé à proposer leur propres créations. "C'est une musique ouverte, complète Jean-Marc Ferdinand, et c'est vrai que nous avons la possibilité d'utiliser des instruments harmoniques, la voix, la contrebasse et la guitare acoustique qui nous permettent de partir vers tous les horizons. Nous partons des traditionnels locaux pour les mettre à notre sauce. En plus, l'actualité est remplie de faits et y a de quoi faire !" Les morceaux restent construits sur une même structure : demandeur-répondeur ou chanteur-conteur, un mode atonal et modal.
K'Koustic s'ancre dans le terrain social. "le gwoka a toujours accompagné les temps forts de la Gudeloupe", explique Joby. "Le ka est un cri social!", confirme Jean-Marc.
Nombre des standards que jouent K'Koustic sont connus de tous comme "Asya" ou "On vyèko ka deklaré". "Beaucoup de gens ont cru au début que c'est nous qui avions composé ces morceaux !", s'amuse encore Jean-Marc. Oui, les textes sont engagés, oui les chansons sont populaires et si ses "prophètes" n'ont pas été assez considérés à leur époque, ils ont enfin trouvé avec K'Koustik toute leur dimension au pont qu'on appelle désormais leur musique "musique actuelle" !
K'Koustik qui fête ses dix ans cette année, entend trouver une nouvelle visibilité dans la Caraïbe, le Canada et en Europe. Prochain rendez-vous après ces trois concerts parisiens : le festival Terre de blues.
FXG, à Paris