Rochet commente les bons résultats d'Air Caraïbes
Marc Rochet, président d'Air Caraïbes
"Les Antilles bénéficient en outre d'une image plus attractive"
Comment expliquez-vous vos très bons résultats financiers de l'année 2015 ?
C'est d'abord dû à la qualité et la fidélité de nos clients. Nous sommes dans un métier de commerce et ces résultats sont ceux que nos clients, en empruntant nos lignes, nous permettent d'obtenir. Deuxièmement, ils sont l œuvre de l'engagement de toutes les catégories de personnels d'Air Caraïbes, c'est un travail d'équipe. Nous avons également bénéficié d'éléments extérieurs, dont la baisse des cours du pétrole en 2015.
Le marché antillais est-il encore en expansion ?
En termes de transport de passagers sur le long courrier, nous avons connu une progression d’un peu plus de 3%. Les Antilles bénéficient en outre d'une image plus attractive. Elles ont cet attrait touristique lié à la stabilité de leur météorologie. En décembre 2015, il y a eu un début d'hiver catastrophique dans les montagnes en métropole. Pas de neige, pas de vacances. Les Antilles ne connaissent pas ces phénomènes de perturbation météo. Et puis, l'ensemble des destinations méditerranéennes sont touchées. Même si ce n'est pas tout à fait la même clientèle, il y a clairement un effet en faveur des Antilles.
Le marché guyanais croit lui aussi...
Cayenne ne représente pas à proprement parlé un marché touristique. C'est le plus grand département français et il connaît un boum de développement de ses infrastructures, porté notamment par le centre spatial guyanais. Depuis l'ouverture à la concurrence de cette destination (2009, NDLR), nous sommes passés d'un marché annuel d'un peu moins de 200 000 passagers à plus de 250 000 ! Nous passerons au mois de juillet de trois à quatre vols pour soutenir la demande et six mois par an, nous serons ainsi en quasi quotidien.
Est-ce que l'épidémie de zika a joué sur vos résultats ?
Sur le fond, non. A chaque fois qu'il y a eu une médiatisation, autour du chikungunya ou du zika, il se passe toujours la même chose. Nous avons observé un impact sur les ventes pendant deux mois. Les ventes baissent et le trafic avec, c'est limité et puis nous nous rendons compte que les ventes reprennent et connaissent même un rattrapage. Avec le zika, au début de l'année 2016, nous avions un faible engagement pour les vacances d'été. Une fois que le zika a disparu de la première ligne des médias, les ventes sont reparties et nous avons rattrapé ce retard.
Air Caraïbes en régional semble se porter mieux. Que s'est-il passé ?
Nous avons toujours été devant nos concurrents en termes de parts de marché, mais nous reculions tout doucement. Nous avons fait le choix de revisiter notre offre. Nous avons baissé les prix et avons commandé un 4e ATR. Nous avons installé sur place un directeur général chargé du réseau régional, Olivier Besnard, qui a pris ces dernières semaines ses fonctions. C'est un patron qui dispose d'une importante connaissance du marché local et qui a la main sur la politique commerciale.
Avec la naissance de French blues et de Groupe Dubreuil Aéro dont vous allez devenir dirigeant, ne va-t-il pas y avoir de changement à la tête d'Air Caraïbes ?
A court terme, non. Jean-Paul Dubreuil m'a confié la présidence des compagnies, Air Caraïbes, Air Caraïbes Atlantique, la société qui exploite les vols long-courrier, et de French blue. Sur le plan pratique, je suis le patron opérationnel, mais je ne suis plus tout jeune et il est normal de préparer l'avenir. Jean-Paul Dubreuil a souhaité que toutes les activités de son groupe soient regroupées dans la cellule aéronautique Groupe Dubreuil Aéro et que nous commencions à réfléchir à l'avenir. Il n'y aura pas d'annonces ni demain ni après demain, mais il faudra bien préparer la relève. Place aux jeunes ! Un moment donné, une entreprise qui est capable d'avoir une belle équipe de direction est capable d'avoir une équipe qui se renouvelle d'elle-même. C'est d'ailleurs pour ça que nous embauchons actuellement des jeunes.
Il y a eu une grève suite à l'annonce de la création de French blue. Comment avez-vous rassuré vos salariés ?
Air Caraïbes est une entreprises qui présente de bons chiffres, qui possède cinq gros porteurs et qui par la volonté de son actionnaire, le groupe Dubreuil, va passer de cinq à dix avions. Nous étions en train de se fâcher sur des problèmes de croissance. Nous avons convenu ensemble du dosage approprié, par le dialogue, durant deux bonnes journées et nous nous sommes mis d'accord. Air Caraïbes ne va pas passer de cinq à six avions, mais de cinq à sept à l'horizon 2019 et French blue n'aura pas quatre mais trois avions en 3 ans.
propos recueillis par FXG, à Paris