Alex Catherine au cabaret sauvage samedi 25 juin
Alex Catherine, 44 ans, enfant du Moule et de Sainte-Anne, a reçu France-Antilles au studio de répétitions BLB Prod à Pantin (93), avant son concert au Cabaret sauvage ce samedi. Interview avec un zoukeur surdoué.
"Le zouk a besoin de guerriers"
Qu'est-ce ça change un concert à Paris ?
On dit loin des yeux, loin du coeur, mais là, c'est loin du coeur et près des yeux ! Ce public est loin de la Guadeloupe, la Martinique ou la Guyane et pourtant c'est aussi mon public donc j'y vais avec tout mon amour... Mais j'ai aussi beaucoup d'appréhension...
Le trac ?
Oui, bien sûr ! Je pense que le jour où je n'aurai plus le trac, j'arrêterai de chanter parce que je ne fais pas semblant.
Qu'est-qui fait la singularité d'Alex Catherine ?
Je ne fais jamais comme les autres ; je n'essaie jamais d'imiter ou de ressembler à quelqu'un. Je reste tel que je suis. Il y a une chose qu'on n'apprend pas aux artistes et ça, c'est Dieu qui me l'a donné, c'est la sensibilité, la capacité de donner de l'émotion aux gens.
Vous vous souvenez comment est née votre envie de chanter ?
J'ai été élevé dans une famille de chanteurs. Chez moi, tous les Catherine chantent ! Mon père, ma mère, neveux, nièces... On doit être 60 ou 70, les enfants et petits-enfants de mon père... Mon père chante le ka ; moi je chante, je cogne le tanbou ! La tradition, je l'ai dans la peau, je la chante parce que je la vis. Musicalement, je reflète mon chez moi, mon peuple, ma musique. Pour moi un peuple sans musique n'est pas un peuple. Il faut s'identifier à sa culture, à sa musique, à ses valeurs.
Après 25 ans de carrière, qu'est-ce qui vous donne toujours envie ?
Depuis le début, je l'ai pris comme un vrai métier. C'est un vrai métier et je l'ai pensé comme ça. Je ne suis pas venu pour faire le beau ou faire le pitre. Je suis venu faire mon métier, amener le zouk au plus loin. J'essaie par mes moyens que sont mes mots, mes textes, mes mélodies... J'amène ma pierre à l'édifice, personnellement ! Parce que je sais que le zouk a besoin de guerriers comme moi.
D'où le nom de votre album, "The love's soldier", le guerrier de l'amour... Qu'est-ce qui vous inspire ?
La vie, la vie de l'Antillais. Si par exemple le Chinois se sent concerné par ma musique, ça me fait plaisir, mais quelque part, j'écris avant tout pour ma culture. Je m'adresse en premier à mes compatriotes des Antilles, de la Guyane.... J'ai envie de les voir rigoler sans avoir eu besoin de se parler ; c'est ça qui me plaît ! Après le Chinois, si ça lui parle, tant mieux ! (rires)
A l'heure où les albums ne se vendent plus, vous avez vendu 10 000 exemplaires de The love's soldier...
Sans major, sans rien ! Je suis fier et content, mais je continue le travail. Je suis éternellement en studio parce que je compose tous les jours... J'essaie de progresser avec un petit noyau fort, ma base : Rudy Levis, le batteur. C'est lui qui chapeaute un peu tout ça. J'essaie de garder les mêmes musiciens parce que chaque concert d'Alex Catherine est unique. Même si on les prépare tous de la même façon, c'est le public qui juge et qui te donne le tempo. Il y a des moments où j'ai fini de chanter et le public continue. Et tu ne peux pas le laisser chanter seul, tu es obligé d'intervenir ! Et là, c'est bon...
Propos recueillis par FXG, à Paris
Alex le Gwadloupéyen
"On a toujours habité à Marly, Sainte-Anne d'où est mon père. Ma mère est originaire de Boisvin au Moule. Alors comme le maire de Sainte-Anne m'a décoré en tant que Saintannais, la maire du Moule m'a aussi décoré en tant que Moulien. J'en suis fier ! "Il est Moulien", disait l'une ; "il est Saintannais", disait l'autre. Non, je suis Guadeloupéen comme mon père et ma mère !"