Loi égalité et citoyenneté
Les amendements "LKPistes" de Lurel à la loi égalité citoyenneté
En voulant renforcer l'aspect répressif de la loi Taubira et abroger la loi d'indemnisation des anciens propriétaires d'esclaves et l'ordonnance royale reconnaissant contre paiement l'indépendance d'Haïti, Victorin Lurel marche sur les platebandes du LKP.
Victorin Lurel, secrétaire national du PS à l'Outre-mer, républicain et départementaliste, vient d'énerver sérieusement le porte-parole du LKP en déposant une série d'amendements à la loi égalité et citoyenneté qui vient en débat jeudi à l'Assemblée nationale. L'un de ces amendements vise à renforcer l'aspect répressif de la loi Taubira. Sa démarche est soutenue par les députés ultramarins Berthelot, Létchimy, Naillet, Fruteau, Jalton, Carabin et Aboubacar ainsi qu'une cinquantaine de députés de l'Hexagone. "Lurel serait devenu brusquement LKPiste ? s'étrangle Elie Domota. Il reprend allègrement des combats tels que l'impossible condamnation de l’apologie de l’esclavage au travers de la loi Taubira ou la remise en cause des textes de 1848 et 1849 qui ont indemnisé les bourreaux esclavagistes. Lurel se présente comme le défenseur de la dignité et de la mémoire des Afro-descendants. Ay kwè sa !" Le leader du LKP estime que Victorin Lurel essaie de couper l'herbe sous les pieds de plusieurs organisations (LKP, COSE, Fondation Frantz Fanon et UGTG) qui demandent la reconnaissance de l’inconstitutionnalité des textes de 1848 et 1849 qui ont indemnisé les propriétaires d'esclaves. Victorin Lurel justifie sa démarche en soulignant que de tels textes ne peuvent coexister avec le reste du corpus législatif français...
Mais, le LKP n'entend pas se satisfaire d'une "abrogation symbolique", lui qui "exige la remise en état, la restitution des terres notamment, selon le principe qu'un criminel ne peut tirer profit de son crime". Une telle abrogation ne saurait remettre en cause "le modèle social colonial qui repose sur l’exclusion, le racisme et les discriminations, validés par la République française au regard des textes de 1848 et 1849". Mais Victorin Lurel n'a pas l'intention de laisser le monopole de ces sujets au LKP et pour enfoncer le clou, il demande aussi l'abrogation de l'ordonnance de 1825 reconnaissant l'indépendance d'Haïti moyennant le versement d'une indemnité de 150 millions de francs or (ramenée peu après à 90 millions).
"En pleine préparation des élections de 2017, dénonce le LKP, tout est bon pour attraper le vote des Afrodescendants y compris par des opérations mensonges-manipulation-séduction."
Victorin Lurel justifie là aussi sa démarche : "Dans un discours pour l'inauguration du Mémorial ACTe, le 10 mai 2015, en Guadeloupe, le président de la République affirmait vouloir à son tour s’acquitter de cette dette morale à l’égard d’Haïti." Jean-Philippe Marthély, alors président d'Haïti avait alors demandé à François Hollande de ne pas employer de tels mots lorsqu'ils seraient à Port-au-Prince... Voilà pourquoi, fait valoir le député Lurel, "sans prétendre à une quelconque réparation financière de cette décolonisation honteuse, cet amendement propose d’abroger symboliquement l’ordonnance du 17 avril 1825." Ce qui fait écrire au LKP que "Lurel est en service commandé".
FXG, à Paris
Des quotas pour la musique créole
Une dizaine de députés socialistes au premier rang desquels Lurel, Berthelot, Louis-Carabin, Fruteau, Letchimy et Naillet, proposent par amendement au projet de loi, égalité et citoyenneté de renforcer la diffusion par les radios privés des oeuvres musicales en langues d'expression régionale, dont il fait préciser "ou des départements d'Outre-mer", pour le créole bien sûr. Le CSA impose déjà à ces radios des quotas de 40% de chansons d'expression française. L'amendement propose de fixer "une proportion de 10 % de ces 40% d’oeuvres musicales en langues régionales ou des départements et territoires d'outre-mer".
S'agissant des quotas radiophoniques, la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine institue d'ores et déjà un seuil de référence mensuel - 50 % des diffusions francophones concentrés sur les dix oeuvres musicales d’expression françaises les plus programmées - pour juger du respect des quotas radiophoniques de chansons francophones.