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Publié par fxg

GPL à la Réunion

George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer arrive ce lundi à la Réunion pour la troisième fois depuis qu'elle est la locataire de la rue Oudinot. Interview

"La Réunion va mieux"

La situation de l'emploi a connu une légère embellie, mais voilà qu'on a à nouveau un petit fléchissement...

Au contraire, la Réunion poursuit sa baisse du chômage qui atteint désormais son plus bas niveau depuis 2008. Nous avons là des indicateurs qui, sur la période, sont positifs : le chômage a baissé de 5 points depuis 2012 pour se situer, fin 2015 en-dessous des 25 % et la tendance se confirme depuis février denier, avec 4.200 chômeurs en moins en 4 mois ! L'emploi à la Réunion, notamment celui des jeunes, est une préoccupation depuis longtemps et depuis un an, les résultats se sont donc bien améliorés en général et significativement pour les jeunes. La Réunion est un territoire où nous avons expérimenté la garantie jeune et ça a contribué à cette amélioration. C'est aussi parce que cette expérimentation a été positive qu'on a décidé de l'étendre un peu partout. Il n'empêche que l'emploi reste un sujet d’attention permanent et nous travaillons sur les suites positives qu'on peut donner aux emplois aidés.

Le chômage ne peut tout de même trouver de solutions qu'à travers les emplois aidés...

5500 emplois privés ont été créés en 2015, c’est le double des créations de 2014. C’est une tendance qui va bien au-delà des emplois aidés. L'innovation est un vrai vivier d'emplois avec le numérique notamment. Il faut reconnaître que la Réunion est un territoire qui, sur le sujet de l'innovation, manifeste une modernité tout à fait intéressante. Par exemple, en lien avec le plan santé que nous avons lancé récemment, la télémédecine est encore un vivier d'emplois.

La préférence régionale pour l'emploi des cadres fait polémique. Quel est votre point de vue ?

La préférence réunionnaise occupe les débats depuis le rapport Lebreton... La loi du 20 avril 2016 déontologie-fonction publique prévoit désormais que le critère des intérêts matériels et moraux puisse être pris en compte à compétence égale. Des fonctionnaires réunionnais, compétents, ont effectivement pu accéder à des postes à responsabilité. Nous avons donné une suite favorable à un certain nombre de demandes, qu'il s'agisse de la direction du CHU, du directeur départemental de la sécurité public, du recteur... Il me semble les Réunionnais peuvent se féliciter d’un certain nombre de nominations.

La situation du logement social s'améliore-t-elle ?

Nous avons récemment allégé les procédures des dossiers d'agrément. La double instruction des dossiers n’existe plus pour le crédit d'impôt et un certain nombre de projets de construction de logements peuvent démarrer dès maintenant puisqu'on n'a plus à attendre les agréments de Bercy. Ca va fluidifier les choses.

Que va-t-il se passer avec la SIDR ?

L'Etat va vendre ses parts dans les sociétés immobilières d'Outre-mer parce que nous avons considéré que le fait d'envoyer des fonctionnaires très distingués comme administrateurs des SIDOM n'aide pas le logement social. C'est pourquoi nous avons voulu faire un pacte de référence avec des gens dont c'est le métier. La Société nationale immobilière (SNI), filiale de la Caisse des dépôts, reprendra ces parts. Les élus ont protesté parce qu'ils voyaient ça comme une privatisation. Or, la SNI est une société au capital entièrement public qui reste dans le giron de l'Etat, sauf qu'on a affaire à des professionnels qualifiés. Depuis des échanges ont eu lieu entre les élus réunionnais et le directeur de la SNI et le projet semble mieux compris. Je pense que les réticences ont été levées.

Quid des parts du Conseil départemental qui veut aussi vendre les siennes ?

Cette décision est du ressort du Conseil départemental, l’Etat n’a pas à se prononcer. Notre souhait n'est absolument pas d'écarter les collectivités de cette structure car elle nous semble utile.... Nous, ce que nous voulons c'est mettre des professionnels pour construire des logements sociaux. En termes de réalisation, on constate une amélioration de la situation avec de bonnes perspectives pour 2016. Nous referons le point avec la fédération du BTP pour voir avec eux comment on mieux les épauler.

Avez-vous chiffré ce que le produit des ventes des parts de la SIDR rapportera à l'Etat ?

Ce que nous voulons, c'est que les sommes qui pourront être recueillies par cette vente soient récupérées au bénéfice des Outre-mer. Nous ne voulons pas que ça rentre dans le budget général et qu'on n'en voit pas la couleur.

Le principe de la vente de ces parts a-t-il été acté dans la loi Sapin 2 comme c'était prévu ?

Il a été voté par les députés et la commission du Sénat ne l’a pas remis en cause. Le projet de loi sera examiné en plénière en début de semaine au Sénat.

Vous êtes accompagnés de Rémi Rioux, le nouveau directeur général de l'Agence française de développement (AFD), pourquoi ?

J’ai souhaité en effet que le nouveau directeur général de l’AFD soit présent pendant cette visite. L’AFD est le premier partenaire financier des collectivités locales et des entreprises du secteur privé. Le Ministère des Outre-mer en assure la tutelle avec le Ministère des finances et le Quai d’Orsay. Ce sera son premier déplacement en outre-mer. C'est important qu'il soit sensibilisé aux attentes et qu’il vienne à la rencontre des acteurs locaux. Certains voient l'AFD principalement comme un organisme de coopération, ses missions vont pourtant bien au-delà et nous sommes très conscients du rôle de l'AFD pour les collectivités d'Outre-mer. L’AFD est un des principaux partenaires financiers et techniques de toutes les collectivités de la Réunion sans exception. En 2015, les engagements nouveaux de l’AFD à la Réunion ont atteint 254,75 millions d’euros, dont 232,68 millions d’euros en faveur du secteur public et 22,07 millions d’euros en soutien au secteur privé. C’est pour moi très important que le premier déplacement du directeur général de l'AFD se fasse avec nous en outre-mer.

En août 2014, lors de son voyage à la Réunion, le Président de la République a annoncé en prévision de la fin des quotas sucriers en 2017, une enveloppe de 38 millions d'euros. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Nous sommes dans les délais et les choses évoluent bien. Nous avons d'abord travaillé avec les acteurs de la filière pour identifier ce qui pourrait justifier ces 38 millions. Nous avons transmis la notification à la Commission européenne et nous sommes dans une phase de dialogue. Mais il faut aussi parallèlement que la filière se prépare même si nous devons bien sûr l’épauler et anticiper les négociations futures en matière de sucres spéciaux pour éviter une concurrence sur ce segment. Pour le Vietnam, c'était mal parti et désormais, c'est réglé tout comme avec l'Afrique du Sud.

Et ces 38 millions, concrètement, quand seront-ils versés et à qui ?

Une concertation s’est tenue avec sucriers et planteurs. Les projets du gouvernement ont été discutés. La concertation se poursuit, parallèlement aux échanges avec la commission. Nous suivons aussi attentivement la concertation locale qui a commencé vendredi dernier. En tout état de cause Comme le Président de la République s'y était engagé, la France a demandé à la Commission européenne l'autorisation de verser 38M€ à la filière cannière pour compenser la suppression des quotas sucriers en octobre 2017. Le dialogue est engagé avec la Commission.

Globalement, comment jugez-vous la situation économique locale ?

La Réunion, d'une manière générale va mieux et nous avons tendance à penser que si ça va mieux, c'est grâce à ce que nous avons mis en place. Les résultats sont là tant du point de vue de la croissance que des chiffres du chômage. Nous devons poursuivre nos efforts pour consolider et amplifier cette conjoncture favorable.

Propos recueillis par FXG, à Paris

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