Retour au pays des rois nègres, un essai de Gérard Théobald
Un essai sur "la précarité de la Guadeloupe"
Dans "Retour au pays des rois nègres" (LGO éditions), Gérard Théobald fait un voyage initiatique en Guadeloupe. Il s'abandonne dans une forme d'errance à la fois littéraire et sociologique dans son espace, sa culture, son histoire. "J'ai eu ce besoin d'errer en Guadeloupe parce que je n'y étais par retourné depuis une vingtaine d'années. Je l'avais quittée très en colère suite à l'assassinat de l'une de mes tantes et j'avais besoin de me réapproprier ce pays qui est aussi le mien." Guadeloupéen de père et de mère, Théobald est un enfant de l'émigration, né dans l'Hexagone. Ce "cahier du retour", il le fait à l'envers de Césaire et en 2013, l'année des 39 meurtres... "Lorsque j'y suis retourné, je faisais des repérages pour un documentaire sur les violences faites aux femmes et leurs conséquences sur les enfants. J'ai trouvé la Guadeloupe très détériorée. Il y a un fantasme de solidarité, mais en fait de la désunion et beaucoup d'individualisme... Beaucoup de choses qui me semblaient étranges et nouvelles..."
Au sortir de cette errance guadeloupéenne, on reste comme l'auteur avec une grosse interrogation parce que la Guadeloupe qu'il révèle est fragile. "Elle est bien la propriété du volcan, précise Gérard Théobald, elle est explosive à tout moment. Je n'ai pas la sensation que la Guadeloupe soit éminemment pacifiée." Vie chère, chômage, passé colonial et esclavagiste, drogue, violence... L'essai aborde toutes les sciences humaines en même temps qu'il effeuille les littératures et les cultures qui font ce pays.
Mais qui sont-ils ces rois nègres qu'il accroche dans son titre ? "Ce sont toutes ces personnes guadeloupéennes qui ont eu un rôle très minoré dans le développement de la Guadeloupe et puis, il y a les nouveaux rois nègres... Ce sont ces personnalités qui ont la prétention de faire de la politique, de construire la société mais qui la construisent dans un cadre très limité. Je me suis baladé dans toutes les limites de ce cadre, à essayer de comprendre parce que ça me permettait d'accepter ce que la Guadeloupe est." Et ce qu'elle est, il le résume en un mot : "précaire".
FXG, à Paris
"Retour au pays des rois nègres", de Gérard Théobald (LGO éditions)