Les Guadeloupéens, un livre
Un livre intitulé Les Guadeloupéens
Caroline Bourgine, journaliste et documentariste, vient de publier aux Ateliers Henry Dougier un ouvrage sobrement intitulé "Les Guadeloupéens". Sur la couverture, une main, celle d'une Guadeloupéenne, la danseuse et chorégraphe Chantal Loïal. Ce livre s'inscrit dans une collection qui a pour but de "raconter les peuples aujourd'hui, trop souvent invisibles". L'auteur qui a fait partie de l'équipe de Daniel Maximin au commissariat de l'année des Outre-mer, revendique un "bac + 30 Guadeloupe", avant même de commencer de développer "les lignes de vie" de ce peuple. C'est donc une rencontre avec des gens qu'elle propose. Des gens venus de "quatre continents pour faire un archipel", ainsi que le répète souvent Daniel Maximin. Caroline Bourgine commence par le début, c'est-à-dire, les Amérindiens avec Carloman Bassette, poursuit avec les Congos et Marie-France Massembo, les Indiens avec Ernest Moutoussamy, les Syriens avec André Attalah et les Blancs péyi avec Marie-Claude de Lacaze, Nicole Nadal de la Bragelone, Henry Damoiseau et Gustav Michaux-Vignes. Tout au long de ces entretiens, elle amène son lecteur à la culture créole et la langue des corps et de nouveaux interlocuteurs, Hector Poullet, Pascal Berthelot, Léna Blou et Wobè Dieupart. Viennent ensuite les histoires de famille avec le généalogiste Michel Rogers, Max et Régine Jasor et enfin Gérard Petrelluzzi, puis les femmes... Potomitan, elles sont Eve-Lyne Martin-Brière, Simone Schwarz-Bart et Marie-Héléna Laumuno. La découverte du pep gwadloup continue autour du ka, du lewoz et plus généralement de la culture que racontent Patrick Solvet, Michel Halley, Ernest Pépin, Jacques Martial et Gérard Poumaroux. Enfin mêlant tour à tour "dépendances et indépendance", elle fait parler Max Rippon, Henry Joseph, Joël Nankin et Julien Mérillon.
L'ouvrage brosse ainsi un portrait de la Guadeloupe et de ses gens, un portrait plutôt bien fait pour ceux qui découvrent "ce pays aux contours d'une igname brisée" avec son humanité et son inhumanité, la colonisation et la départementalisation, bref les Guadeloupéens dans le "grand charivari de l'histoire" !
On regrettera ça et là quelques erreurs, comme une première abolition de l'esclavage en 1802 au lieu de 1794, un Bumidom renommé LADOM en 1992 quand ce nouvel acronyme n'a été donné qu'en 2008, une Colette Koury mariée au fondateur d'Air Caraïbes au lieu d'Air Guadeloupe, un Max Jasor qui a investi dans Guadeloupe 1ère au lieu de La Une Guadeloupe, un salon de coiffure appartenant à M. Gauthier quand il s'agit de M. Gauthiérot, l'action caraïbe révolutionnaire au lieu de l'Alliance révolutionnaire caraïbe... Ces erreurs n'entachent en rien la crédibilité du livre, mais donnent envie de suggérer à l'éditeur de recruter un correcteur guadeloupéen !
FXG, à Paris