Princesse Erica dans Music Explorer
Princesse Erica a été envoyée trouver son talent en Guyane
"La musique bushi, elle crache !"
Qu'est-ce que vous ressentez quand vous faites un casting ?
Je me mets à la place de la personne. Qu'est-ce que j'aurais aimé qu'on me dise, si j'avais été une jeune fille qui arrive et qui se fait castée pour se faire connaître ? C'est comme ça que je l'ai pris ! En général, dans de tels programmes, les gens arrivent et font le show, c'est bien. Mais en face de toi, tu te retrouves avec des gens, des gens qui ont envie, qui ne viennent pas là pour toi et moi, je ne viens pas pour faire le show, je suis là pour les reconnaître. J'ai l'oreille, je suis musicienne, je connais très bien la musique ! Non seulement je reconnais s'il y a de la musicalité en toi, mais laquelle, si elle convient ou pas, mais j'ai d'abord de la bienveillance.
Elle vous a manqué la bienveillance ?
Elle manque beaucoup ! A notre époque, il y a un espèce de truc bashing perpétuel... Le cynisme, le second degré, moi ça me fait chier mortel (elle s'excuse en souriant, ndlr)... Moi, j'ai été très maltraitée dans ce milieu discographique et je pensais énormément à tout ce qui m'avait manqué quand je castais les gens. Un chasseur de tête les avait déjà castés... J'écoutais leur petite voix qui me disait de les prendre bien sûr, mais de les écouter. Je les ai écoutés. En chacun, j'ai écouté des choses qui étaient bonnes !
Connaissiez-vous la Guyane ?
Je ne connaissais pas, mais j'ai une histoire avec la Guyane depuis longtemps. J'ai vécu avec un Guyanais qui est décédait et qui s'appelait Roger Jadfar. Par ailleurs, mon meilleur ami, qui vit à Paris, est aussi Guyanais et organise des concerts en Guyane. Ca fait longtemps que je devais y aller et ça ne s'est pas fait. Quand la production m'a proposé Guadeloupe ou Guyane, j'ai dit Guyane ! C'est un vrai climat équatorial ! J'ai fait le vaccin de la fièvre jaune ; j'avais l'impression de partir en Afrique et j'ai eu l'impression d'arriver en Afrique, chez moi au Cameroun, tranquille ! Surprise, mon meilleur ami était sur place !
Comment avez-vous fait pour aller trouver des talents dans tout le pays ?
Jérémie Prophet, du Sas Prod, notre chasseur de sons nous a fait un petit panel artistique guyanais. On a été voir des Bushis, des Saramacas, on est allés à Kaw, on a été partout. Ce n'est pas pour autant que l'éventail musical a été élargi. Un candidat de Maripasoula nous a chanté d'une voix d'ange un truc magnifique, du jazz ! Chez les Bushis, la tradition et leur culture sont très fortes. Ce sont les plus Africains des Guyanais, et des Africains rebelles, des esclaves insoumis. Il y a toute une histoire qui fait que leur musique, elle crache ! Au tambour, on a vu Mayo de Ko... Je comprenais le tambour, c'était évident.
Qu'est-ce qui a déterminé votre choix ?
J'ai eu deux favoris. Mon candidat, je l'ai vu en avant-dernier... J'avais déjà fait un choix et j'étais sûre que rien n'allait altérer ce choix. Et quand je rencontre le talent que j'ai choisi en définitive, avant même qu'il n'ouvre la bouche, je savais que c'était ça ! De visu, de posture, de positionnement... Quelque chose s'est passé, peut-être aussi l'environnement... Et tout était en phase, sa voix, sa façon de se présenter, sa chanson... Je suis restée ouverte aux autres, mais ils n'ont pas réussi, ni celui qui avait été mon premier choix.
Propos recueillis par FXG, à Paris