Insécurité en Guyane
Chantal Berthelot, Georges Patient et Gabriel Serville à la sortie de leur entretien avec Bernard Cazeneuve mercredi 9 novembre à Paris. (Photo : FXG)
Berthelot, Serville et Patient en marathon ministériel
A la suite de la mort violente de l'ancien conseiller général de Sinnamary, les parlementaires présents à Paris ont été reçus tour à tour à la Chancellerie, place Beauvau et rue Oudinot.
"C'est un événement grave, la mort d'un homme, tué chez lui au cours d'un cambriolage, devant sa famille..." Chantal Berthelot, à la sortie de l'hôtel Beauvau hier après-midi,, tenait à remercier le ministre de l'Intérieur de les avoir reçus, elle et ses deux collègues parlementaires, Gabriel Serville et Georges Patient.
A la suite de l'assassinat de Patrick Clet, mardi soir à Rémire-Montjoly, les trois élus (le sénateur Karam étant en Guyane) ont obtenus, hier en fin de matinée, d'être reçus en urgence par les ministres de la Justice, de l'Intérieur et des Outre-mer. A la Chancellerie d'abord, ils ont demandé à Jean-Jacques Urvoas, le garde des Sceaux, de leur fournir les données chiffrées des sanctions pénales et des taux de résolution des affaires. "Il est d'accord car lui aussi en a besoin !", a fait remarquer Mme Berthelot.
Le député Serville a plaidé pour "réformer une partie du code pénal et notamment faire évoluer les critères de légitime défense en Guyane". Il se défend de toute velléité "d'instaurer le droit de tuer", mais réclame pour les citoyens la "garantie de pouvoir vivre tranquillement chez eux". "La population, précise-t-il, a la désagréable sentiment que la loi protège davantage les malfrats qu'elle ne protège les honnêtes citoyens. C'est à ce niveau-là que je voudrais qu'on inverse la tendance." La députée Berthelot n'a pas dit autre chose, mais avec des mots plus pesés : "Il faut éviter un certain laxisme dans les décisions de justice qui peuvent éventuellement montrer qu'on ne serait pas assez fermes... C'est la fermeté dans les sanctions pénales qui va montrer que l'Etat est bien aux côtés des Guyanais pour que toute infraction, tout crime soient punis."
Un escadron de plus
Les parlementaires ont été ensuite reçus par Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur. "Il s'agit pour nous, reprend Mme Berthelot, de relayer l'émotion et la colère compréhensible de la population." Georges Patient a indiqué que le ministre leur avait demandé de lui laisser 24 heures pour faire des annonces plus précises (c'est un escadron de mieux). "La question, au vu de ces circonstances dramatiques, explique Mme Berthelot, est d'accélérer la mise en place des mesures qu'il avait annoncées lors de sa visite en août dernier, aussi bien sur les moyens humains que sur les problèmes de matériel." Il est vrai qu'actuellement, la police fait une espèce de grève du zèle puisqu'ils annoncent qu'ils ne vont plus répondre aux appels à partir de 22 heures en raison d'un manque de moyens... Le ministre devrait confirmer dès aujourd'hui sous la forme d'un communiqué de presse le renforcement de ces mesures.
"Les mesures qu'a annoncées le ministre de l'Intérieur, a déclaré M. Serville, vont se situer en aval des problèmes et moi je dis qu'il faut se positionner en amont."
Il regrette que les membres du gouvernement, à ce jour, ne soient pas en capacité de répondre favorablement à sa demande. "On me dit que les lois de la République sont appliquées de manière égale sur l'intégralité du territoire, moi, j'ai rétorqué que si la France hexagonale connaissait le taux d'homicide que connaît la Guyane, il est évident que ça fait belle lurette qu'on aurait modifié les lois fondamentales pour protéger les citoyens. Dans les Bouches du Rhône, le département le plus criminogène de l'Hexagone, il y a deux homicides pour 100 000 habitants ; en Guyane, ce sont 18 homicides pour 100 000 habitants. A situation exceptionnelle, il faut qu'on arrive à dégager des mesures exceptionnelles."
Le marathon ministériel des parlementaires s'est achevé en fin de journée hier par leur réception au ministère des Outre-mer par Mme Bareigts en attendant de connaître le détail des mesures promises par Bernard Cazeneuve.
FXG, à Paris