L'économie de l'océan Indien en colloque au Sénat
Un colloque sur l'économie de l'océan Indien
La FEDOM et la délégation outre-mer du Sénat ont consacré jeudi un colloque à l'économie de l'océan Indien. Une notion un peu vaste par rapport à la réalité des échanges dans la zone (4672 Keuros d'importations contre 292 Keuros d'exportation). Hervé Bacheré de l'INSEE a d'abord rappelé quelques chiffres clés, comme le PIB par habitant. 31 180 Euros pour la France, 19 300 pour la Réunion, 8320 pour Mayotte, 3290 pour Maurice et 450 pour Madagascar.
A la Réunion en 2014, les 40000 entreprises représentent un chiffres d'affaires de 6,6 milliards, soit 40 % du PIB, et 1,7 milliards d'investissement. Les trois quarts d'entre elles n'ont aucun salariés et 17 en ont plus de 250.
Daniel Moreau, président de l'ADIR, a présenté les filières agro-alimentaires. Un secteur de 4700 entreprises qui emploient 16 000 salariés et affichent un chiffre d'affaires de 3,3 milliards avec une valeur ajoutée locale de 7,7 % (contre 13,8 % dans l'Hexagone). "C'est dire si ces entreprises sont exposées à la concurrence des importations", insiste M. Moreau. Autres handicaps soulignés, le coût du travail (et 300 millions de coups de rabot sur les exonérations sociales et fiscales entre 2013 et 2017), la taille du marché, les problèmes d'approvisionnement et la nécessité de constituer des stocks pléthoriques, le surdimensionnement des outils de production et enfin les réglementations environnementales et sociales qui impactent la compétitivité.
Dans ce contexte, le secteur entrepreneurial reste dynamique puisque les créations d'entreprises sont en croissance depuis 2010 (avec 29 % de femmes chefs d'entreprise). Les entreprises ont un taux de pérennité de 64 % pour celles qui ont été créées depuis 2010 et 61 % pour celles qui ont vécu la crise de 2008-2009.
A noter que le secteur touristique souffre d'un déficit d'hébergement et de restauration qui démontre que le tourisme a un poids encore faible dans l'économie par rapport à l'Hexagone.
Maurice Cerisola qui a lui aussi dirigé l'ADIR a rappelé les chiffres de l'autonomie alimentaire de l'île. La filière laitière couvre 30 % des besoins, les volailles, 60 %, la viande, 30 % et les fruits et légumes, 75 %.
Dans ce contexte où les échanges industriels restent faible dans la zone de l'océan Indien, "l'opportunité majeure, a déclaré Daniel Moreau, c'est d'être leader sur le marché intérieur."
FXG, à Paris
6000 tonnes d'ailes de poulet par an à Mayotte
Ersi Volonaki, pdg du groupe de distribution mahorais Sodifram, est venue témoigner du marché du poulet à Mayotte. SOdifram est le premier employeur de l'archipel avec 600 salariés et de la difficulté de créer une filière locale. "Les Mahorais, indique-t-elle, consomment 6000 tonnes d'ailes de poulet par an. Pour un approvisionnement local, il faudrait produire 37 000 tonnes de carcasses. Que faire des 31 000 tonnes restantes ?" Comme il y a de quoi être un peu interloqué par cette habitude de consommation, un représentant de la FEDOM a expliqué au JIR, sans sourire : "Ils ont été conditionnés."
Petit licenciement sec au groupe communiste du Sénat
Invitée à intervenir en ouverture de la première table ronde sur l'économie dans l'océan Indien, Gélita Hoareau (photo) a rendu un vibrant hommage à celui auquel elle a succédé au Sénat, Paul Vergès. Dans le même temps et dans la salle du colloque, celle qui était l'attachée parlementaire de Vergès, puis de Gélita Hoareau, écoutait, un peu amère. Sur son manteau, un badge "visiteur". Pour cause, Gélita Hoareau a mis un terme à son contrat sans attendre la fin de la législature, remettant ainsi en cause un plan de reconversion formation. La raison de ce licenciement : "Paul Vergès, explique l'attachée parlementaire éconduite, ne voulait pas voter la loi égalité réelle outre-mer, j'ai eu le tort de rappeler et défendre les positions de Paul Vergès." Ah ! Les cocos, toujours un peu stal !