Drikouraman de Dédé Saint-Prix
Dédé Saint-Prix revient au chouval-bwa pur sang
"Ca fait des années que je travaille dessus..." Dédé Saint-Prix assure avec son dernier opus, Drikouraman, revenir aux sources, " sans relâche", au tchoumbass, aux textes saillants et sérieux, surtout. "Je joue et chante tout seul, du chouwal-bwa comme à mes débuts avec la technicité d'aujourd'hui." Sur les 18 titres de l'album, un seul n'est pas signé Saint-Prix, mais Christine Angot. "Je suis ami avec son mari, ça fait un moment que j'avais son texte... Et j'ai décidé de le travailler parce que même si moi, j'ai déjà fait la paix avec le monde, ça m'a parlé...Ce titre, "Pakomsa", veut dire un peu que sourire ne veut pas dire grimacer. "Ce n'est pas parce que tu souris que tu es une femme soumise, une femme facile... beaucoup de gens ont tendance à se durcir quand il s'agit de servir quelqu'un. Ce sont des séquelles de l'esclavage et de la colonisation... Par contre, là où l'on excelle, c'est lorsque nous sommes en position de force, quand on est syndicaliste, policier, gardien de prison, quand on est gradé !" Et c'est pour ça, ou contre un monde où tout le monde se méfie de tout le monde qu'il chante le titre "Valeurs humaines" : "Tout le monde a besoin de tout le monde !", conclut-il en riant.
Et puis ce morceau au titre surprenant, "TCSP". Dédé Saint-Prix s'interroge : "Est-ce que tout le monde va prendre le TCSP ? Est-ce que les gens vont prendre leur ticket, frauder ? Est-ce que les gens qui n'ont pas l'habitude de se mélanger au peuple vont le prendre ? Ces gens qu'on ne voit ni dans les concerts, ni dans les matches de football, tout au plus qu'on voit à la messe..." Il cible les Martiniquais mais également les "expatriés qui ne restent qu'entre eux, qui ignorent tout des combats de coqs, des yoles"... Alors il s'amuse en chantant : "Est-ce que ces gens-là vont prendre le TCSP ?" De la passer au chant revendicatif, c'est fait avec "Au nom du peuple", un tire co-signé d'Edmond Rosillette qui fait écho à l'affaire Fillon : "Au nom de peuple, mais en fait au nom de leur famille rapprochée, ils se foutent de notre gueule ouvertement ! J'essaie de faire prendre conscience aux gens que notre système politique est peut-être obsolète." Et pour exprimer tout ça, du chouval-bwa, rien que de chouval-bwa, mais tout chouval-bwa ! "Je ne suis que le prolongement de la pensée populaire ! Je donne le pouls de population."
Ainsi, dans "Péyi mwen", il raconte l'histoire de ces Martiniquais qui voulaient rencontrer François hollande pour lui parler de l'université et à qui on a envoyé des CRS. Alors, Dédé Saint-Prix, cette liberté d'expression, il la moque. "On cache la misère au président quand il faut lui montrer dans quelle misère est le pays !"
Dédé Saint-Prix sort ce nouvel album alors qu'il rentre d'une tournée en Colombie où, assure-t-il, "on a mélangé le chouval-bwa et la kumbia et on a surpris !" Mais promis "Drikouraman", c'est 100 % chouval-bwa.
FXG, à Paris