Livre Paris - l'inceste
Autour de l'inceste avec Yolen Lossen
Avec "Le jour où ma mémoire s'est réveillée", chez Lharmattan, la psychomotricienne martiniquaise Yolen Lossen aborde un sujet tabou, l'inceste. "C'est un sujet difficile que j'ai pu aborder après avoir entendu beaucoup de témoignages et je me suis rendue compte de la souffrance de ces enfants, que l'inceste était un crime parfait sans cadavre, parce que la vie de l'enfant est détruite." Elle en a conclu que seule la libération de la parole pouvait les aider. C'est pourquoi elle a choisi le roman. Et loin de stigmatiser les Antillais, elle insiste pour rappeler que c'est un thème, hélas, universel. Dans son roman, le père incestueux est un Gardois et la mère martiniquaise. L'histoire se passe dans l'Hexagone et en Martinique. "C'est une histoire française !" Yolen Lossen a été confrontée dans son cercle amical à un tel drame. "Quand la mère m'en a parlé, je ne l'ai pas crue... J'ai écrit ce roman dans un désir de réparation." Sa conclusion est que le violeur est un malade, un déviant sexuel qu'il faut soigner. "Donc, il faut le dénoncer, d'autant que l'enfant n'est souvent pas cru et qu'il a peur de faire du mal à sa mère. Derrière la peur et la honte, l'enfant se demande même s'il n'est pas responsable... Et c'est grave pour un enfant de garder cette culpabilité." Son roman propose donc la libération de la parole. "Il faut qu'il puisse parler à quelqu'un de toute confiance. Dans mon roman, Margot l'héroïne parle à sa mère des attouchements sont elle a été victime et la mère ne la croit pas ; elle la giffle." Pour autant, elle met en garde contre les femmes perverses qui se servent de la parole de l'enfant pour détruire leur ex-mari..." Le problème est donc éminemment complexe d'où l'importance de former les aidants, les travailleurs sociaux qui recueillent la parole de l'enfant. Ce roman, derrière l'angoisse qu'il peut générer, est un livre plein d'espoir car après une telle tragédie, la résilience est possible. "On peut rebondir, si on libère la parole."
FXG, à Paris