Journée nationale d'hommage aux victimes de l'esclavage
A la tribune de la salle Colbert de l'Assemblée nationale, le maire de Marly-le-Roi, le président du CNMHE, frédéric régent, Vivane et Serge Romana, du CM98, et Patrick Karam, vice-président de la Région Ile-de-France
23 mé
Depuis le vote de la loi égalité réelle Outre-mer, la date du 23 mai, au même titre que celle du 10 mai, est inscrite au calendrier républicain des commémorations en tant que "journée nationale en hommage aux victimes de l'esclavage".
"Nous avons rencontré la République, a déclaré mardi Serge Romana, président du CM98, à l'Assemblée nationale, mais nous avons aussi rencontré l'Afrique qui est en nous." Dix-neuf ans après la marche du 23 mai 1998 à Paris, qui avait révélé l'émergence d'une conscience de descendants d'esclave, Viviane et Serge Romana, fondateurs du CM98, puis à l'origine de la fondation Esclavage et réconciliation, ont parcouru "un chemin sinueux et plein d'embûches, mais le seul qui mène à la réconciliation". Au sein même du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage (CNMHE), la question du 23 mai a fait long feu puisque si Françoise Vergès présidente de 2009 à 2012, puis Frédéric Régent, président depuis septembre 2016, ont toujours soutenu la démarche du CM98, la présidente Myriam Cottias (2012-2016) y était viscéralement opposée. "Aucune politique mémorielle, a martelé Serge Romana, ne se fera sans les entrepreneurs de mémoire."
Pour marquer cette journée nationale, le CM98 a convié mardi matin à l'Assemblée nationale, tous ceux qui ont oeuvré avec lui à cette reconnaissance. On a pu voir aussi bien l'ancien Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou (préfigurateur de la fondation pour la mémoire de l'esclavage), que Bernard Hayot, Eric de Lucy, François Pupponi, député de Sarcelles, Stéphane Peu et Jacqueline Davilla, maires adjoints de Saint-Denis, George Pau-Langevin, ancienne ministre et députée de Paris, Patrick Karam, vice président de la Région Ile de France, Gérard Bally et une partie de l'équipe d'Eurodom, Jean-Michel Martial, président du CReFOM, Daniel Dalin, président du Collectifdom, le prince d'Abomey, Philippe Lavil ou Mariann Mathéus...
20 lanné konba
Il a longuement été question du débat parlementaire au Sénat en décembre dernier, qui a failli faire avorter la reconnaissance de la date du 23 mai à la suite d'un amendement du sénateur de la Guadeloupe, Félix Desplan, au point que Serge Romana avait du entrer en grève de la fin pour faire pencher la balance. A noter d'ailleurs l'absence dont s'est plaint le président Régent, de la directrice des programmes du CNMHE, Angèle Louviers qui justement n'avait pas hésité à critiquer l'attitude du président du CM98 sur les réseaux sociaux et le choix de sa date...
"20 lanné konba ont apporté la certitude que la République est une conquête de tous les jours, que la mémoire n'est pas une question de passé, mais de politique mémorielle d'où l'institutionnalisation du 23 mai."
Reste que si le président de la République honore de sa présence la cérémonie du 10 mai, la journée d'hommage aux victimes de l'esclavage reste encore un peu orpheline ainsi que l'a rappelé le député de Sarcelles qui en appelle à la présence au moins de ministres.
A la question, Y a-t-il trop de dates ? Frédéric Régent a répondu : "Il n' y a jamais trop de dates pour rappeler cette histoire." Puis il a énuméré les neufs dates emblématiques de l'histoire de l'esclavage et de ses abolitions (du 4 février au 20 décembre) avant de comparer les époux Romana à Beate et Serge Klarsfeld pour leur rôle dans la mémoire de la Shoah. Avant d'ouvrir le débat aux témoignages, Serge Romana a lancé haut et fort : "Aucune autorité terrestre ne peut nous dire quand et où honorer nos aïeux !"
FXG, à Paris