Les rhumiers français séquestrent leurs cotisations à l'INAO
Les rhums refusent de financer le pinard
Alors que l'Institut national des appellations d'origine (INAO) s'apprête à lancer les appels à cotisation, les rhumiers des DOM regroupés au sein du Conseil Interprofessionnel du Rhum Traditionnel des Départements d'Outre-Mer (CIRT-DOM) ont décidé un boycot au moment où la Réunion, la Guyane et la Guadeloupe doivent pour la première fois cotiser à cet organisme certificateur. En cause leur représentation au sein du Comité national des vins et boissons alcoolisées de l’INAO. Ce comité ne comprend que cinquante membres (quarante représentants issus de la production ou du négoce qui émanent des Comités régionaux et dix personnes qualifiées. Les rhumiers français avaient demandé d'avoir un représentant au moins pour chaque DOM. Or, une seule personne, la Martiniquaise Claudine Vernant-Neisson, au titre de personalité qualifiée, doit représenter toute la filière pour les cinq ans à venir.
La filière rhum des DOM (IG et AOC) produit près de 230 000 hectolitres d'alcool pur (hap) se plaçant ainsi après le cognac (790 000 hap), mais loin devant le calvados (20 000 hap) ou l’armagnac (15 000 hap), elle a donc "toute légitimité" à siéger correctement au sein du Comité national de l’INAO, estime le président du CIRT-DOM, Jean-Claude Cantorne.
Derrière cette question de représentativité se cache une question financière. "Cinquante membres, issus majoritairement du vin, peuvent voter une hausse de cotisation qui est moins élevée pour les vins que les spiritueux, estime en off, un acteur de la filière, ce qui fait que le monde des spiritueux finance le vin."
Voilà pourquoi, le conseil d'administration du CIRT-DOM en février dernier, devant le représentant de l’Inao et du ministère de l’Agriculture, a décidé à l'unanimité de placer sous compte séquestre les droits INAO à la Caisse des dépôts et consignations, jusqu’à ce qu’une solution sur la représentativité de la filière soit trouvée. Ce dossier attend le successeur de Stéphane Le Foll au ministère de l'Agriculture.
FXG, à Paris