Groupe Outre-mer à l'Assemblée nationale
Olivier Serva et sa suppléante, Marlène Miraculeux-Bourgeois à l'antenne de la Région Guadeloupe à Paris, le 20 juin
Négociations autour de la constitution d'un groupe Outre-mer à l'Assemblée
Le nouveau député de la Guadeloupe Olivier Serva était reçu à l'Elysée (hors agenda du président de la République) mardi à 11 heures pour parler de la création d'un groupe parlementaire outre-mer. Elu avec l'investiture de La République en marche (LREM), Olivier Serva plaide à tous niveaux pour "un groupe outre-mer, large, non sectaire pour s'intéresser de façon synthétique aux intérêts et problématiques ultramarines". Depuis lundi, le Guadeloupéen a entrepris des démarches tous azimuts pour convaincre au moins quinze députés (le minimum requis pour constituer un groupe) et "démontrer" à LREM et au président Macron, son utilité. "Un groupe, explique Olivier Serva, ce sont des moyens humains et techniques de représentation, des locaux, du remps de parole et des places dans les commissions et au sein du bureau de l'Assemblée nationale." Depuis lundi, il s'attelle avec ses collaborateurs à rédiger une charte qu'il entendait finaliser dès mardi soir pour la proposer à la signature ce mercredi. Avant toute chose, il précise que ce groupe soutiendra la politique du président de la République : "Emmanuel Macron n'a pas à avoir de doute et cela lui permettra d'avoir des interlocuteurs identifiés de façon cohérente." Olivier Serva ne cachait pas hier qu'il lui fallait "convaincre" le président. C'était donc l'enjeu de son rendez-vous d'hier.
Convaincre les parlementaires
Mais Olivier Serva doit d'abord et surtout convaincre ses collègues parlementaires. "Je ne dirai pas que c'est facile, a-t-il concédé. C'est inédit. Il y a toujours eu des freins internes et externes, mais c'est possible." Il plaide pour un groupe transpartisan avec la liberté de vote pour chacun, et en même temps, le soutien à LREM et le vote de la confiance au discours de politique général du Premier ministre (qui aura lieu le 4 juillet)... L'équation n'est donc pas simple. Il se félicite d'ores et déjà de l'appel du sénateur LR et président de la Région Réunion, Didier Robert, à soutenir son idée. De même il assure que ses trois collègues de la Guadeloupe se sont montrés ouverts et que des discussions sont en bonne marche avec les élus de la Martinique, de la Guyane et de la Réunion. "J'ai eu Serge Létchimy qui se dit intéressé, je discute avec les autres et Jean-Philippe Nilor ne serait pas contre..."Olivier Serva a d'ores et déjà annoncé qu'il devait rencontrer Ericka Bareigts (qui s'était montrée dubitative sur un tel groupe alors qu'elle était encore rue Oudinot) et qu'il a entrepris également des discussions avec le cabinet d'Annick Girardin.
Pour autant, il se refuse à donner quelque nom que ce soit : "D'ici vendredi, conclut-il, on saura si ce groupe existera."
FXG, à Paris
Délégation, groupes, intergroupe... Le casse-tête ultramarin
Olivier Serva (qui a reçu le soutien des sénateurs de la Guyane dont Georges Patient, président de l'intergroupe parlementaire de l'Outre-mer) estime que la délégation outre-mer de l'Assemblée, comme l'intergroupe parlementaire de l'Outre-mer (qui regroupe sénateurs et députés) n'offrent pas la même force qu'un groupe constitué. "Ils sont moins puissants", précise-t-il.
Jusqu'alors, les parlementaires ultramarins servaient de force d'appoint aux communistes pour atteindre le quota de 15 députés qui leur avait permis lors de la précédente législature de créer le groupe Gauche démocratique et républicaine. Les dissensions profondes qui existent entre les 17 élus de la France insoumise (dont au moins deux sont encartés au PCF) et les 10 du Parti communiste français devraient pousser ces derniers à chercher des renforts. Ils pourraient être tentés de se tourner vers les élus régionalistes corses, les deux élus indépendantistes de Martinique et de Polynésie et la Réunionnaise Huguette Bello... Olivier Serva en a conscience : "Certains élus ultramarins pourraient être tentés par d'autres groupes." La question se pose aussi avec certains élus LR, telle la députée de Saint-Martin et Saint-Barth, Claire Javois.