Violences contre une femme dans le RER D et indifférence de la SNCF et de la police
Jeunes femmes, ne comptez pas sur les vigiles du RER D pour vous protéger du harcèlement de voyageurs frustrés
Scène de harcèlement ordinaire dans le RER D
Une adhérente guadeloupéenne de la Fédération Total Respect (Tjenbé Rèd) a subi samedi 17 juin au soir, gare de Lyon sur les quais du RER D, un harcèlement sexuel sous le regard indifférent des usagers, agents de la SNCF et vigiles.
La Fédération Total Respect (Tjenbé Rèd) tenait le soir du 17 juin son conseil d’administration. À l’issue de cette réunion, L, une jeune guadeloupéenne, administratrice chargée de la jeunesse, et D, un autre administrateur, un Martiniquais chargé de la communication, décident de prolonger la soirée par un repas au terme duquel ce dernier raccompagna L à la gare de Lyon pour prendre un train pour Corbeil-Essonnes (91) où elle réside.
D laisse L installée dans le RER D "ROPO" de 23 h 24. C’est alors qu’il voit son amie changer de voiture, suivie par trois hommes qui la tutoient, l’interpellent, en un mot, la harcèlent. L’un d’entre eux s’est assis devant elle et lui a fait des propositions à caractère sexuel. Elle lui demande de la laisser tranquille et c'est sur son refus qu'elle décide de changer de voiture.
D rejoint L, interpelle les trois gars et leur demande de descendre du train. Devant leur refus, il active le signal d’alarme. Deux vigiles arrivent mais se révèlent impuissants. Ils considèrent le jeune homme comme le gêneur puisque c'est lui qui a activé le signal d’alarme, et non les harceleurs... Les vigiles ne songent même pas à leur parler. Les trois hommes sont sur le quai et observent la scène en rigolant, à 20 mètres de distance.
L et son camarade signalent leur intention de porter plainte, mais la police ne vient pas alors que le train reste bloqué à quai une vingtaine de minutes...
"Il faut aller au commissariat", disent les vigiles qui refusent d'empêcher les trois harceleurs de remonter dans le train.
Finalement, L a appelé un voisin qui a bien voulu venir la chercher depuis l’Essonne, en voiture.
"Ce comportement de la SNCF, a déclaré Juëlle Boyer, présidente par intérim de Total Respect, est vraiment inouï et participe d’une culture française du viol."
Tjenbé red a saisi Guillaume Pépy, président de la SNCF, et François Molins, procureur de la République de Paris. "Nous exigeons que la SNCF instaure une procédure de prévention et de soutien aux victimes du harcèlement sexuel, du viol et des violences LGBT-phobes."
Le 20 juin, L s'est rendue dans un commissariat de l'Essone pour déposer une plainte. Refus de la police qui ne consent qu'à prendre une main courante. Il y a pourtant les bandes de vidéosurveillance... et la SNCF ne les conserve qu'en cas de plainte !
Tjenbé red en appelle désormais au président de la République et a saisi le défenseur des droits.
L n'a plus envie de parler de sa mésaventure : "J'essaie de digérer tout cela tranquillement de mon côté."
FXG, à Paris