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Publié par fxg

Greg Germain, président de l'agence de promotion et de diffusion des cultures d'Outre-mer, sur son vélo rue des Lices en juillet dernier à Avignon

Greg Germain, président de l'agence de promotion et de diffusion des cultures d'Outre-mer, sur son vélo rue des Lices en juillet dernier à Avignon

La mesure  63 du Conseil interministériel de l'Outre-mer convoqué après les événements  de 2009 en Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion, et les états généraux qui s'en sont suivi, a créé l'agence de promotion et de diffusion des cultures d'outre-mer. Installée à la fin du quinquennat Sarkozy, sous la tutelle des ministères de la Culture et des Outre-mer, elle n'a réellement commencé son travail qu'en 2013, au début du quinquennat de François Hollande. A l'heure où l'on reparle de la création de la cité des Outre-mer, l'avenir de l'agence est remis en cause.

Entretien

"L'Hexagone, c'est aussi chez nous !"

Quels ont été les financements de l'agence de promotion et de diffusion des cultures d'outre-mer ?

500 000 par an... Enfin, au départ, c'était 1 million, c'est devenu 750 000, puis 500 000 à ma prise de fonction après le changement de gouvernement.

Pour quel bilan ?

Notre intention était de disposer de ce financement pour pouvoir diffuser les oeuvres d'outre-mer, participer à des salons, au Off, à Babel med, au Sunny side of the doc... avec seulement deux personnes, une chargée de mission et le directeur, Daniel Carcel. Nous avons monté également un site Internet pour recenser les créateurs et les créations en outre-mer. Nous avons décidé de pénétrer les réseaux de diffusion. Et j'ai eu la surprise de m'entendre dire : pas de diffusion. Un site, ok, promotion si vous voulez... Mais, comment faire sans financement pour inciter à la diffusion, payer quelques voyages ? Je ne peux pas demander à un théâtre à Stains, Bordeaux ou Avignon, de faire venir un spectacle d'outre-mer pour jouer pendant un mois sans les aider à le faire !

L'agence n'a jamais pu subventionner une seule compagnie ?

Jamais pu. Comme je vous l’ai dit nous n'en avions quasiment pas le droit...

Pas une fois, vous n'avez pu payer un billet d'avion à un artiste ?

Une fois seulement. Parce que le gwoka était inscrit au patrimoine de l'UNESCO, l'agence a fait venir quelqu'un qui pouvait parler savamment de ça, mais sans y être vraiment autorisée...

L'association que vous présidez est chargée de préfigurer l'agence en fait...

On m'a demandé de bâtir un EPCC, un établissement public de coopération culturelle. Je devais réaliser ce que l'Etat n'a jamais réalisé : faire s'assoir autour d'une même table des territoires et départements aussi divers allant de la Nouvelle-Calédonie en passant par St-Pierre et Miquelon, la Polynésie française ou la Guadeloupe... Où personne ne veut mettre de l'argent pour personne ! Au premier conseil d'administration, j'ai prévenu qu'un EPCC serait difficile à monter et j'ai proposé de faire une grand-messe avec les ministres et les présidents des collectivités d'outre-mer pour que le lancement de l'Agence soit médiatisé dans les journaux culturels en France et en outre-mer. On m'a fait valoir que le projet d'EPCC n'était pas assez avancé… Deux fois à deux années de distance.

La ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, a alors demandé un audit de l'agence ?

Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage ! Une mission d'inspection est venue en 2016. Elle a trouvé que nous buvions trop de café ! Ses conclusions comportent trois recommandations : soit supprimer l'agence, soit l'intégrer à cette cité des outre-mer qui doit voir le jour, soit la laisser travailler et effectivement faire de la diffusion comme nous le souhaitions, à budget égal, en réduisant les frais fixes de l’Agence et que 2 ou 300 000 euros soient fléchés pour aider les artistes et les compagnies.

Et c'est là la cité des Outre-mer pointe le bout de son nez ?

Oui, et je trouve ça formidable parce que cette agence doit y être intégrée. J'ai des collaborateurs qui travaillent depuis bientôt quatre ans et qui ont une expertise et je demande ce qui est prévu. Le ministère de la Culture nous dit en plein conseil d'administration qu'ils ne feront pas de cette cité des Outre-mer car il ne voit pas ou est la culture là-dedans... On me demande d'arrêter l'agence. Et puis j'apprends que Barbara Jean-Elie, ex-conseillère culturelle de George Pau-Langevin est chargée de mission pour cette Cité des Outre-mer. Je suis en colère, parce que, quelque part, le ministère des Outre-mer n’a rien fait pour véritablement faire exister l’Agence. Pensait-il que cela ferait de l'ombre à cette cité des Outre-mer ? Je ne comprends pas qu'on jette 2 millions d'euros d’argent public comme ça… Pourquoi ? Des choses se construisaient, les réseaux de diffusion commençaient à se mettre en place pour le spectacle vivant, le cinéma et l'audiovisuel, la littérature et les arts plastiques, etc ! Que se passera-t-il pour nos créateurs entre aujourd'hui et la naissance effective de la cité, cette Arlésienne problématique ?

La ministre actuelle semble avoir gelé le dossier cité des Outre-mer...

Madame Girardin m’a dit vouloir regarder tout ça de plus près. Nous en avons parlé quand elle est venue à Avignon et je lui ai fait part de mon étonnement de voir le ministère de la Culture en dehors du conseil d'administration de la cité, de même que l'agence...

Quel est l'avenir de l'agence ?

J'attends une lettre formelle qui me dise de la dissoudre, car pour l'heure, ce ne sont que des conversations. J'ai convoqué un conseil d'administration pour le 12 septembre ; il sera suivi immédiatement d'une assemblée générale et là, peut-être aurons-nous une lettre signée conjointement des ministres de la Culture et des Outre-mer...

Si vous fermez, à qui devront s'adresser les artistes une fois l'agence dissoute ?

Le  ministère de la Culture leur répondra ce qu'il répond habituellement et renverra sur ses services déconcentrés. Les deux ministères ont pourtant trouvé que cette Agence était nécessaire, il y à quatre ans… Rien n’a changé depuis. C'est encore une mauvaise manière faite à l'Outre-mer. Nous voulons nous développer dans nos territoires, dans nos bassins, c’est nécessaire mais aussi dans l'Hexagone, après tout, c'est aussi chez nous !

Propos recueillis par FXG, à Avignon

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