Vote de la confiance à Edouard Philippe - Réunion
Les députés réunionnais n'ont pas tout à fait confiance
Le discours de politique générale d'Edouard Philippe, hier à l'Assemblée nationale, a suscité un seul vote positif chez nos députés, celui de Thierry Robert.
Les rangs LRM et Modem se sont levés comme un seul homme pour applaudir le discours de politique générale du Premier ministre Edouard Philippe tandis que de part et d'autres, les groupes FI, GDR, Nouvelle gauche et LR restaient assis. Les députés réunionnais se sont comportés à l'unisson de leurs groupes respectifs. Ainsi, sans surprise, Thierry Robert (Modem) a voté la confiance tandis qu'à sa droite, les trois élus du groupe LR s'orientaient vers une abstention. Leur chef de file, Christian Jacob a donné le la en déclarant à la tribune : "Nous ne voterons pas la confiance." Le matin, en réunion de groupe, les LR avaient toutefois prévenu que chacun serait libre de son vote et une bonne partie du groupe dont Mmes Ramassamy et Bassire et M. Lorion, s'abstiendrait...
Huguette Bello et Jean-Hugues Ratenon ont choisi chacun de voter contre la confiance. "Il y a bien trop de mesures annoncées dans lesquelles l'Outre-mer est quasiment absent, a regretté Mme Bello, sauf à parler des assises de l'Outre-mer et quand il a parlé de la mer, on a entendu parler du Havre, mais pas de la puissance maritime qu'est la France grâce à ses outre-mer..." Mais les raisons essentielles de son vote sont "le démantèlement du code du travail, l'augmentation de la CSG et la baisse du nombre de fonctionnaires..." Elle juge "le grand catalogue du Premier ministre plein de non-dits". Pour elle, ce gouvernement et son Premier ministre ne sont pas "outre-mer-compatibles, pas Réunion-compatibles".
Bareigts a "un peu peur"
Dans les rangs de la nouvelle gauche, ils ont choisi aussi de s'abstenir. Pour Ericka Bareigts, ce vote est synonyme de liberté, "une liberté de se positionner sur chaque texte". Après le discours du président Macron à Versailles et celui de son Premier ministre hier, l'ancienne ministre des Outre-mer a trouvé des éléments positifs comme faire du handicap une cause nationale, le soutien aux familles avec de jeunes enfants ou encore la référence explicite à l'égalité réelle et aux plans de convergence, mais elle trouvé l'ensemble "flou" : "Hier le président nous a tracé un chemin et aujourd'hui on devait avoir la feuille de route... Je n'ai pas eu de feuille de route." Elle regrette que la suppression de la taxe d'habitation soit repoussée en fin de quinquennat tandis que la hausse de la CSG sera appliquée. "Les réponses que j'ai entendues me font un peu peur." Mais c'est une phrase du Premier ministre qui a inquiété la plupart de nos élus quand il a dit : "Aucune niche ne sera épargnée pendant ce quinquennat." A cela, Edouard Philippe a ajouté que le budget 2018 serait égal à celui de l'année 2017... "Je n'appelle pas cela des niches fiscales, a critiqué Mme Bareigts, mais des aides qui structurent l'économie dans nos territoires." Et si elle souhaite transformer son vote d'abstention en vote positif demain, elle refuse d'engager sa parole sur des éléments pour lesquels elle a fait campagne et qui ne sont pour elle pas encore "éclairés". Même son de cloche chez sa collègue et ancienne ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin.
Au final, 370 députés ont voté pour, 67 députés ont voté contre et 129 se sont abstenus.
FXG, à Paris