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Publié par fxg

Au café de Flore, vendredi 24 novembre 2017

Au café de Flore, vendredi 24 novembre 2017

Gary Victor et Bernard Gainot lauréats du prix Fetkann

Pour la 16e année depuis 2001 et pour la 14e fois, le prix Fetkann-Maryse-Condé, mémoire des pays du Sud, mémoire de l'humanité, a été remis, vendredi matin, au café de Flore à Paris, en présence de l'ancienne ministre des Outre-mer, la députée PS de Paris, George Pau-Langevin, du président LREM de la Région Guadeloupe, Ary Chalus, et du délégué interministériel pour la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie, et ancien conseiller outre-mer de Valls et Cazeneuve à Matignon, Frédéric Potier.

Le prix de la poésie a été attribué à un homme de théâtre et de cinéma, Gabriel Garran, bien connu à Aubervilliers (93) au théâtre de la commune, puis au théâtre international de langue française, pour son recueil, "Filiation", publié chez Riveneuve.

Le prix jeunesse a été attribué par un jury de collégiens de La Rochelle, Pavillon-sous-Bois et Massy à "L'Atlas des inégalités" de Stéphanie Ledu et Stéphane Frattini avec des illustrations de Julien Castanié (Milan édition).

Le prix de la mémoire a été attribué au romancier haïtien, Gary Victor pour "Les temps de la cruauté" (édition Philippe Rey), un roman analeptique qui démarre par une rencontre entre Valensia, une jeune fille qui tapine dans un cimetière de Port-au-Prince, et Carl Vausier qui voit en elle la possibilité de sa propre rédemption...

Enfin, le prix de la recherche a été attribué à Bernard Gainot, pour son ouvrage "La révolution des esclaves, Haïti, 1763-1803" chez Vendémiaire. Cet historien a déjà distingué du prix du livre d'histoire de l'outre-mer lors de la dernière Journée outre-mer développement.

Une mention spéciale a été attribuée au docteur Marie-Antoinette Séjean pour son ouvrage de diététique, "Mince  un régime créole" aux éditions Orphie.

FXG, à Paris

ITW Bernard Gainot, auteur de "La révolution des esclaves. Haïti 1763-1803"

"C'est une révolution de la couleur !"

Pourquoi Haïti est-elle intéressante dans cette période précise ?

La période qui va de 1763 à 1803 va des lendemains de la guerre de Sept ans, moment où Saint-Domingue n'est plus seulement une colonie d'exploitation, mais c'est aussi un territoire important dans les rivalités impérialistes entre la France, la Grande-Bretagne et l'Espagne. On va avoir une vue complètement différente de l'espace de Saint-Domingue qui va se traduire par la première cartographie de Saint-Domingue. Et les cartes de Saint-Domingue qui seront le sujet de mon prochain livre, naissent à partir de ce moment-là. Au-delà, j'ai essayé de croiser cette représentation du territoire avec une représentation des populations, donc le social et, là-dedans, le problème de l'esclavage, celui des libres de couleur qui est absolument stratégique, et, un peu moins, le monde créole blanc qui a déjà été pas mal étudié. J'ai mis l'accent sur les mulâtres et les Noirs libres qui ont reçu une éducation et qui vont remplacer, après la révolution sociale, l'ancienne classe blanche. C'est une révolution de la couleur !

Sur quelles archives vous vous êtes appuyés pour écrire cet ouvrage sur la révolution haïtienne...

Je travaille depuis 1986 sur ces questions et le travail de l'historien, c'est d'abord un gros travail de dépouillement d'archives. Je n'ai pas tout dépouillé bien sûr, j'ai surtout travaillé sur les officiers de couleur à partir des archives de Haïti qui se trouvent à Vincennes au service historique de la défense. Les rares historiens qui ont abordé la révolution  de Haïti n'avaient pratiquement pas touché à ce fonds, d'autant plus pour la période qui précède la révolution. Or, c'est dans cette période que se dessine non seulement le destin de ce que va devenir la révolution de Saint-Domingue, mais également le destin de Haïti au moment de l'indépendance, voire jusqu'à aujourd'hui. L'existence d'un problème militaire s'explique aussi par les antécédents de la colonisation.

Pourquoi ce sujet vous touche-t-il particulièrement ?

Je travaillais sur la Révolution française et je me suis rendu compte que les historiens de la Révolution ne prenaient pas en compte ou très mal le problème colonial. On ne pouvait pas comprendre certaines issues de la Révolution sans comprendre ce qu'il s'était passé pendant la Révolution aux colonies. J'ai eu la chance de rencontrer Yves Bénot qui avait écrit "La Révolution française et la fin des colonies" au moment où j'avais commencé à travailler à ces questions. Depuis ce temps-là, je continue d'exploiter le fonds d'archives de Vincennes pour écrire la biographie du général Lavaux, un quasi inconnu qui était le gouverneur général de Saint-Domingue au moment de l'abolition de l'esclavage et qui est celui qui a promu Toussaint Louverture au grade de général de division et de gouverneur adjoint.

Propos recueillis par FXG, à Paris

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