Messe antillo-guyanaise à Saint-Sulpice
La grande messe des Antillais et Guyanais à Paris
Samedi 11 novembre, plus de 3 000 fidèles, tous originaires des Antilles et de la Guyane, se sont rassemblés à l’église Saint-Sulpice au cœur de Paris pour un office célébré sous la présidence de Monseigneur Jean-Yves Riocreux, évêque de Guadeloupe, en compagnie de Monseigneur David Macaire, évêque de Martinique, et de Monseigneur Emmanuel Laffont, évêque de Guyane.
Les trois prélats revenaient de Lourdes où ils avaient avoir assisté au rassemblement des évêques de France. Cette messe annuelle, très chère aux fidèles, est organisée par l’aumônerie des Antilles-Guyane sous la houlette du père Marcel Crépin.
Parmi les fidèles, une majorité de femme, mais aussi le nouveau député de Guadeloupe, Olivier Serva, qui a eu du mal à trouver une place au premier rang. Il a du rester debout sous le nef. Les chants étaient assurés par la chorale du « Chœur Salvé », largement épaulés par les fidèles qui reprenaient les refrains et donnaient de la voix.
Monseigneur Jean-Yves Riocreux a diffusé un message de paix et d’amour pour célébrer l’anniversaire de saint Martin de Tours, mais aussi un message de solidarité et d’assistance pour les habitants des îles de Saint-Martin, de Saint-Barthélemy, de la Dominique, de Marie-Galante et Terre-de-Bas, touchées par la violence des ouragans Irma et Maria. Il a ensuite évoqué le parcours de Christophe Colomb avec ses dix-sept caravelles lors de son deuxième voyage depuis Saint-Domingue jusqu’aux îles du nord qu'il croise le 11 novembre 1493, jour où il baptise Saint-Martin. « Et à la manière de saint Martin de Tours, annonce l'évêque de la Guadeloupe, nous partageons notre manteau ! Nous allons remettre en état l’église de Grand-Case qui est indisponible et indispensable pour que la communauté se rassemble. » Sur ces paroles, Monseigneur Riocreux a invité ses deux homologues à prendre la parole.
« La Martinique, déclare Monseigneur David Macaire, se prépare à accueillir du 12 au 20 juillet 2018 la journée caribéenne de la jeunesse. La jeunesse de toute la Caraïbe est attendue à la Martinique pour cette occasion." Il a encore évoqué le 170e anniversaire de l'abolition de l'esclavage en 2018. "Nous allons fêter la mémoire de nos parents qui nous ont laissé en héritage non la honte, mais la profondeur de la foi. Après l’abolition, nos ancêtres esclaves sont accourus à l’église pour remercier le seigneur, c’est une réalité historique ! »
20 nouveaux prêtres
Mgr Laffont a rappelé que L’église de Guyane est engagée dans un projet pastoral de trois ans. "Nous avons pour mission de frapper à toutes les portes depuis le temps du carême et pendant les deux ans qui viennent, il est absolument interdit à un pratiquant de venir à la messe le dimanche sans avoir prié pendant la semaine avec le texte de la paroisse." Il est reparti s’assoir en laissant le micro à Mgr Riocreux : « En 2019, les Journées mondiales de la jeunesse auront lieu à Panama. Nous sommes sur la route de Panama et nous nous préparons pour vous accueillir. » Il a encore annoncé que les diocèses de Martinique, de Guyane et de Guadeloupe allaient accueillir 20 jeunes prêtres.
Sitôt la messe dite, les trois évêques sont pris d'assaut. Pour la première fois, Jacques est venu de Créteil. « Ca me donne chaud au coeur de voir l’église comble, remplie par autant d’Antillais. Je suis vraiment content d’avoir fait le déplacement ». Pas loin de lui, au passage Mgr Macaire, un homme demande la bénédiction. « Mon père, mon père, bénissez-moi, pour moi et toute ma famille... » L’évêque pose la main sur la tête et repart avec le sourire du devoir accompli. Sa cousine, plus loin, n’ose pas s’approcher malgré son insistance ». Denise, venue de la Seine Saint-Denis, ne veut rien rater de cette journée. « Je suis à Paris depuis ce matin ! Cette messe je la vis en moi, c’est ma nourriture spirituelle, c’est ma lumière. Je suis contente d’être ici. Je repars heureuse retrouver ma famille avec des paroles qui éclairent ma vie. »
Alfred JOCKSAN
Mgr Laffont déterminé
Monseigneur Emmanuel Laffont a soulevé les fidèles en leur demandant de crier : "Déterminés". "La Guyane, a-t-il dit, en a plein le dos de voir que les fusées décollent et que la Guyane ne décolle pas ! Les gens l'ont dit de manière déterminée, avec beaucoup de force et très paisiblement. Mais ont-ils été entendus ? Sur tous les barrages où je suis allé, c’était la paix, la joie, la certitude d’être dans son bon droit. Ne pas réclamer l’impossible, mais réclamer le nécessaire ! (...) On en a jusqu’à la gorge, on est gonflé avec ça. Mais j’ai encore dans la tête ce beau dessin quand le pasteur demande qui veut le changement, tout le monde lève la main et quand on demande qui veut changer, tout le monde baisse la tête et regarde ses pieds..."
L'aumônerie Antilles-Guyane a besoin de sous
La quête était destinée aux caisses de l’aumônerie des Antilles et de la Guyane organisatrice de cette journée. Le père Crépin a tiré la signal d’alarme, car faute de donateurs et de mécènes, la revue Alizé risque de mettre la clef sous la porte. Et malgré la multitude, il y a eu peu d’offrande au moment de la quête... L’aumônerie doit mener ses missions tout au long de l’année et réserver l’église Saint-Sulpice pour ce rassemblement annuel et populaire avec les trois évêques des Antilles et de la Guyane. "La quête est un geste de solidarité, il faut donner en toute simplicité", explique le père Crépin. L’Aumônerie vient de quitter Paris dans le 19eme arrondissement pour s’installer à Pantin au 23 rue de la paix.