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Publié par fxg

Le sénateur Othily à la tribune du Sénat en 2007

Le sénateur Othily à la tribune du Sénat en 2007

Le train du sénateur Othily : de la prison à l'immigration clandestine

Décédé le 18 décembre 2017 à 73 ans, le sénateur honoraire qui fut le premier président de la Région Guyane (1982-1992), est à l'origine de l'expression "Nou gon ké sa" à l'encontre des immigrés clandestins. Retour sur son parcours de sénateur.

Elu en 1989 au palais du Luxembourg, Georges Othily a toujours siégé au groupe du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE), le plus ancien groupe politique du Sénat (puisqu'il a été créé en 1892) et qui permet à ses membres de garder toute l'ambigüité politique qu'il leur sied. "Un groupe où la liberté de parole et de vote est totale", souligne Georges Patient l'un des deux sénateurs qui lui ont succédé à la haute assemblée.

Au Sénat, Georges Othily s'était fait remarquer tant par ses postures que son comportement. Devenu sénateur honoraire, il avait pu conserver quelques unes de ses habitudes au palais du Luxembourg tout en prenant grand soin comme à la fin de son mandat d'éviter la presse...

La première proposition de loi déposée par le tout nouveau sénateur Othily en 1990 visait à la création à Cayenne d'une chambre détachée de la cour d'appel de Fort-de-France, "dotée des moyens humains et juridiques lui permettant d'assurer l'essentiel des fonctions d'une véritable juridiction d'appel en Guyane".

Dès lors son mandat va être marqué du sceau de la Justice et de l'administration pénitentiaire. En 1995, il est rapporteur du projet de loi relatif à la détention provisoire, estimant qu'elle doit demeurer l'exception. Il rédige encore son premier rapport pour avis sur le budget de l'administration pénitentiaire dans le cadre du projet de loi de finances de 1996. Dès lors, chaque année et jusqu'en 2004, c'est lui qui signe le rapport pour avis sur l'administration pénitentiaire lors de l'examen du budget.

En 1996, il est rapporteur de la proposition de loi consacrant le placement sous surveillance électronique comme modalité d'exécution des peines, c'est-à-dire l'instauration du bracelet électronique.

Non gon ké sa

En 2005, Georges Othily change de braquet et se détourne de la question des prisons pour être, sans doute le premier, à s'intéresser à la question de l'immigration clandestine en Guyane. Il prend alors la tête d'une commission d'enquête sénatoriale sur l'immigration clandestine. Georges Patient se souvient de la visite de cette délégation sénatoriale à Mana. "C'est à cette époque, raconte-t-il non sans prendre ses distances avec la formule, que Georges Othily, le premier, a prononcé lors d'une émission  de télé le fameux nou gon ké sa." Le rapport de la commission d'enquête est sans équivoque : "L'immigration clandestine, dont les immigrés eux-mêmes sont les premières victimes, nuit à l'intégration des étrangers en situation régulière et comporte un risque de déstabilisation sociale dont la situation dramatique outre-mer offre un exemple extrême. Constatant qu'elle ne bénéficie qu'au développement d'une nouvelle criminalité - passeurs, néo-esclavagistes - et de l'économie souterraine, la commission d'enquête conclut à la nécessité de combattre cette réalité inacceptable."

Mais plutôt que de s'en tenir aux 45 recommandations de son rapport, Georges Othily dépose une proposition de loi pour "modifier les conditions d'attribution de la nationalité française et à lutter contre les abus liés à l'immigration clandestine dans le département de la Guyane".

En janvier 2006, l'adjudant Alain Claverie  le chef de la brigade de gendarmerie de Mana est tué à la suite d'une manœuvre volontaire de chavirage effectuée par un individu interpellé à la suite d'une opération Anaconda. Il faudra attendre 2008, l'année où Georges Othily est battu par Jean-Etienne Antoinette et Georges Patient, pour que les moyens de lutte contre l'immigration clandestine soient significativement renforcés avec les opérations Harpie.

FXG, à Paris

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