Hommage national à Clarissa Jean-Philippe
Gérard Collomb et Annick Girardin, ministres de l'intérieur et des Outre-mer, recueillie devant la plaque montrougienne d'hommage à Clarissa Jean-Philippe
Trois ans après, l'hommage de la République à Clarissa Jean-Philippe
Après l'hommage présidentiel dimanche aux victimes des attentats de Charlie et de l'Hyper Casher, c'est Gérard Collomb qui a rendu hommage hier à Montrouge à la policière martiniquaise tuée par Ahmédy Coulibaly.
"Chère Clarissa, a lancé Etienne Lengereau, le maire de Montrouge, vous aviez choisi Montrouge pour entrer dans la vie active et c'est à Montrouge que vous avez croisé le terroriste Ahmédy Coulibaly qui vous a assassinée..."
Après l'hommage présidentiel rendu dimanche à Paris aux victimes de l'attentat de Charlie et de l'Hyper Casher, avait lieu hier, à Montrouge, l'hommage à Clarissa Jean-Philippe, policière municipale stagiaire, assassinée le 8 janvier 2015. Georges Brival, Martiniquais, résident de Montrouge, était déjà sur place après le drame, il y a trois ans : "C'est normal que je sois présent pour rendre hommage à Clarissa parce que c'est une compatriote qui a été exécutée froidement sur son lieu de travail. Ca s'est passé il y a trois ans sur le territoire français et pour moi elle est devenue une martyre."
Peu avant 14 h 30 hier, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, accompagné de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, ont rejoint les maires de Montrouge, de Malakoff et de Paris, le président du département des Hauts-de-Seine, Patrick Dévedjian, le vice-président de la Région Ile-de-France et ancien patron de la police nationale, Frédéric Péchenard et une foule d'élus à l'endroit même où la vie de la jeune Martiniquaise fut fauchée par les deux balles dans le dos tirées par Ahmédy Coulibaly au niveau du 95 de l'avenue Pierre-Brossolette. Du côté de la commune de Malakoff, un véritable autel à la mémoire de Clarissa fait toujours vivre son souvenir. Il y a son portrait, des fleurs, des bougies, des fleurs, des poèmes...
Avenue de la Paix-Clarissa-Jean-Philippe
De l'autre côté de la chaussée, côté Montrouge, il y a la plaque officielle inaugurée par le président Hollande, à deux pas de la petite avenue de la Paix auquel est désormais accolée le nom de la policière municipale, avenue de la Paix-Clarissa Jean-Philippe, une belle association pour celle qui voulait garder la paix, a souligné le ministre de l'Intérieur. C'est à l'endroit où elle est tombée que les officiels ont déposé leurs couronnes et gerbes de fleurs hier avant la minute de silence, la sonnerie aux morts et la Marseillaise.
"C'était il y a trois ans, a déclaré le ministre de l'Intérieur, la France, le monde se réveillaient sous le choc... Clarissa Jean-Philippe prenait son service..." Celle qui avait suivi les cours de l'école de police de Pantin, était en stage à Montrouge quand elle a été appelée sur un accident de la circulation... "Elle a perdu la vie, a insisté Gérard Collomb, parce qu'elle portait un uniforme... Elle est devenue notre héroïne à tous, une héroïne de la République." Le ministre a rappelé que Clarissa avait été élevée à titre posthume au grande de chevalier de la Légion d'honneur.
La cérémonie, sobre, n'a pas duré plus de vingt minutes. Aujourd'hui, une autre cérémonie doit avoir lieu au même endroit. Cette fois, c'est la ville de Malakoff qui va inaugurer une plaque mémorielle en hommage à Clarissa. Il n'y aura ni président Macron, ni ministres, mais il y aura la maman de Clarissa qui atterrit ce mardi à Orly.
FXG, à Montrouge
Clarissa, grande oubliée des commémorations ?
Jean-Michel Martial, président du CReFOM, était présent, accompagné par le président du Collectifdom, le Martiniquais Daniel Dalin : "Le CReFOM se devait d'être là pour soutenir la famille de Clarissa qui est dans le deuil, être là pour honorer l'engagement de Clarissa et pour rendre hommage à ceux qui assurent notre défense et qui font qu'on se sent en sécurité. Ce n'est pas rien et parfois ça coûte une vie." Un discours apaisant et à l'encontre du message que son prédécesseur à la tête du CReFOM, Patrick Karam, a propagé sur tweeter avec cette adresse à @emmanuelmacron : "Toutes les vies ne se valent pas ! Grande oubliée des commémorations officielles la Martiniquaise Clarissa Jean-Philippe qui a quitté son île natale pour une carrière dans la police municipale a été arrachée à l'amour des siens par la haine semée en Orient."
Jean-Michel Martial estime que la République a fait le job et ne veut pas polémiquer : "La République lance un message, prend date et annonce aux terroristes qu'elle est debout et qu'elle assure la défense et la protection de la population." "Non, Clarissa n'est pas oubliée, surenchérit le délégué interministériel Jean-Marc Mormeck ! La preuve, il y a du monde, les ministres sont là, les médias, la famille... Je ne pense pas qu'elle soit oubliée."
Justine Sonia, la tante de Clarissa, très émue par cet hommage, ne croit pas non plus que Clarissa ait été oubliée la veille, à l'occasion des hommages aux autres victimes des attentats de janvier 2015 : "Non, ça ne m'a pas choqué du tout, au contraire, parce que Clarissa a été tuée le 8 janvier et c'est ce 8 janvier qu'il fallait lui rendre hommage." La veille, elle avait bien trouvé que Clarissa était un peu mise à part, "parce qu'on ne parlait pas trop d'elle... Ca m'a fait mal au coeur..." Mais hier après la cérémonie de Mintrouge, finalement, elle ne regrettait "pas spécialement" l'absence du président de la République (en déplacement en Chine) : "C'était bien finalement... Je ne vais pas dire que la présence du président de la République n'est pas importante, mais c'était bien comme c'était..." Pour autant Sonia sait que si chaque 8 janvier, chaque année, elle et les siens se sentent accompagnés, "après, quand c'est passé, on se sent un peu abandonnés, disons un peu seuls et c'est pas facile..."