Crash de l'Airbus d'air Asia : les parties civiles reçues par les juges
"Ils nous ont pris pour des illettrées"
"Ils nous ont pris pour des illettrées, des idiots ! Mais nous connaissons un petit peu la loi ! On demande la vérité..." Rolande Plesel, la mère de Rémi Plésel, le pilote tué lors du crash de l'Airbus d'Air Asia le 28 décembre 2014 en Indonésie, était furieuse hier à sa sortie du cabinet parisien des deux juges d'instruction chargé de l'enquête. Pendant deux heures, Fabienne Bernard et Nicolas Aubertin ont reçu Rolande et Renée, la soeur, ainsi que leur avocat, Me Ursulet, pour leur expliquer les raisons de leur refus non seulement de mettre en examen les sociétés Airbus et Artus, mais également leur refus d'ordonner une expertise technique du module défectueux de l'avion accidenté en raison d'une fissure sur un joint de soudure. "C'est triste de faire se déplacer d'aussi loin ces deux femmes pour une telle audition, a commenté leur conseil. C'est presque une insulte à la mémoire de Rémi Plésel."
"Je suis choquée, a déclarée Renée Plésel, je ne suis pas contente du tout et très insatisfaite des investigations ! Les juges se cachent derrière une loi de 2009 pour justifier leur refus d'instruire ! Ils disent qu'ils sont limités par la justice indonésienne qui n'a pas voulu leur fournir la pièce en cause..." Les deux juges estiment que le rapport technique indépendant fourni par la partie civile pour justifier la mise en examen d'Airbus et de son sous-traitant Artus n'a pas pour but d'établir de responsabilité, mais seulement de reconstituer les circonstances de l'accident afin de mettre en exergue les recommandations de nature à améliorer la sécurité aérienne et d'éviter qu'un tel accident se reproduise... De même ils estiment que la demande de mise en examen d'Airbus et d'Artus "ne constitue pas un acte utile à la manifestation de la vérité". Me Ursulet a indiqué aux magistrats qu'il avait fait appel de leur "ordonnance de refus de mesure d'instruction complémentaire" et, faisant suite aux demande des ses clientes, il leur a demandé de se transporter sur place, de saisir la pièce défectueuse et d'en ordonner une expertise judiciaire. "Cette pièce a déjà fait l'objet d'une expertise par Airbus qui n'a pas communiqué son rapport à la justice", s'étonne Me Ursulet. "Personne, a conclu Renée Plésel, pas même Airbus ne doit se considérer comme intouchable dans cette procédure."
FXG, à Paris