ITW Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité territoriale de Guyane
Rodolphe Alexandre, président de la CTG, et Jocelyn Ho Tin Noé ont clôturé une série de rencontres parisiennes par un entretien avec Annick Girardin jeudi matin pour faire le point sur l'accord de Cayenne, flécher la stabilité du budget de la CTG et aborder les nouveaux investissements qui devraient bientôt être en phase de réalisation. Entretien.
"Je n'aurai aucune omerta sur la question du statut"
Nos députés ne cessent d'interroger le gouvernement sur l'exécution de l'accord de Guyane et son plan complémentaire. Les mêmes chiffres, pour le RSA et les établissement scolaires reviennent toujours... Où en est la CTG avec l'Etat ?
La CTG est la collectivité majeure qui soutient et accompagne les collectivités communales et les EPCI, et surtout, elle est autorité de gestion. Il est donc normal que le fléchage financier passe pour une bonne partie par son budget. Au risque de me répéter, 53 millions ont été accordés à la collectivité pour soutenir l'emprunt de 600 millions pour les lycées, les collèges, la voirie... 30 autres millions nous ont été accordés pour pouvoir structurer notre budget. La fusion des deux collectivités, région et département, a laissé de part et d'autre des arriérés, des problématiques qu'il faut donc compenser… Ces 30 millions ont permis de stabiliser notre budget. Maintenant tous les points qui avaient été annoncés concernant la construction de lycées et de collèges ont fait l'objet des premières instructions en matière de dossier. Nous nous apprêtons à lancer les travaux d'un collège à Saint-Laurent-du-Maroni. Le chantier de la cité scolaire de Saint-Georges de l'Oyapock, c'est-à-dire un lycée et un collège, a déjà démarré. Par ailleurs nous sommes en train d'ouvrir les plis pour retenir le cabinet d'architecture qui va travailler pour le lycée de Maripasoula. Les engagements sont là !
Mais qu'en est-il des autres dossiers ?
Le président Macron avait affirmé qu'il allait mettre à disposition 40 millions. Donc nous avons, avec la ministre et la veille avec toute l'équipe du fonds spécial du numérique, mis en place le portage du dossier. Dans les jours à venir les services de l'Etat vont confirmer ses engagements et je pense que dans les mois à venir, nous serons capables d'annoncer de très belles choses, notamment pour l'intérieur du territoire.
Avez-vous évoqué une phase nouvelle de l'exécution de l'accord de Guyane ?
En ce qui concerne à la CTG et les accords de Guyane, sur notre base, ils sont vraiment finalisés et sont maintenant en poursuite. Maintenant il y a d'autres dossiers : l'hôpital de Cayenne, les centres de santé, les PMI, les recrutements de médecins... Mais ce sont des dossiers dont nous parlerons au fur et à mesure. A l'heure actuelle, il faut savoir que la CTG gère plus de 14 médecins sur l'ensemble du territoire. Nous venons d'allouer aux pompiers la deuxième dotation de la CTG, soit 3,5 millions d'euros d'investissement avec du matériel qui est déjà en Guyane. Nous explorons tous les points ! Je souhaite que nous, les parlementaires, le président des maires, moi-même, nous puissions nous retrouver à Paris pour faire un dernier bouclage avec la ministre pour la prospective 2019-2020. Nous pourrons par exemple aborder les 27 millions d'octroi de mer qui n'ont pas été compensés. Mais cette fois, nous avons surtout travaillé sur la santé, Le numérique et l'architecture de notre budget.
La ministre des Outre-mer a annoncé hier au Parlement la création d'un site Internet pour permettre à chaque Guyanais de suivre l'exécution de l'accord de Guyane. Qu'en pensez-vous ?
Je n'en pense que du bien. Ça permettra à tout un chacun, dès lors qu'il a accès à Internet et au haut débit, de pouvoir répondre à des questions. Nous-mêmes à la CTG, nous allons revoir notre site et décliner territoire par territoire pour démontrer l'accompagnement que l'on porte au niveau des mairies, des EPCI, des associations pour que chacun sache clairement ce que la CTG réalise dans l'intérêt des Guyanais et de ceux qui habitent la Guyane.
Un an après les événements de mars 2017, quelle est la situation ?
La CTG assume son périmètre de compétences. Nous sommes sur le point d'aller encore plus loin avec les prospectives que l'assemblée va décider et nous poursuivons le travail pour lequel la population nous a désigné.
Qu'attendez vous des États généraux et de la réunion de ce samedi à Paris ?
Nous parcourons tout le territoire de la Guyane, il était normal que la diaspora, la communauté guyanaise installée en région parisienne, puisse être informée. Nous sommes venus samedi en toute liberté parler de la société guyanaise dans les 20 ou 30 ans à venir.
Quel est votre idée dans la perspective de la réforme constitutionnelle ?
Ce sera le débat ! Je n'ai pas attendu les accords de Guyane avec mon collègue de l'opposition, Alain Tien Liong, pour débattre du statut. Mais le statut n'est pas la panacée. Nous devons d'abord répondre à la problématique du sous-emploi, du chômage, de la fracture des territoires, de la formation... Ce sont les véritables questions ! Maintenant le débat engage les prospectives sur les dix ou quinze ans qui viennent. Le fait que la Nouvelle-Calédonie aille sur un nouveau statut est un enjeu pour nous. Nous allons observer, étudier... J'ai rencontré mon homologue corse et nous nous sommes mis d'accord pour nous rencontrer à Paris et sur nos territoires pour tenir un débat avec nos populations. Je n'aurai aucune omerta sur la question du statut.
Propos recueillis par FXG, à Paris