Marine Le Pen veut une loi spécifique à Mayotte
Alors que Mayotte est toujours bloquée, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a déposé une proposition de loi portant mesures d'urgence spécifiques à Mayotte en matière de maîtrise de l'immigration et de maintien de l'ordre public. Entretien.
"Le gouvernement ne cache pas une volonté de larguer Mayotte"
Pourquoi avoir écrit cette proposition de loi qui ne prospèrera pas ?
Il y a clairement une non-assistance à Français en danger car la situation de Mayotte est très largement pire que ce qu'on veut bien en montrer. Même si je ne suis pas dupe, la seule solution, ce sont des mesures d'urgence spécifiques à Mayotte qui tiennent compte de la situation actuelle et qui s'inscrivent dans le cadre de l'article 73 la constitution. Les règles peuvent faire l'objet d'adaptation. C'est cela ma proposition de loi. Si on continue comme ça, on va perdre Mayotte. Cela arrivera par un effet de substitution de populations qui va entraîner une aggravation manifeste des conflits. Les étrangers sont déjà majoritaires sur l'île et une partie des Mahorais vont quitter Mayotte pour aller à la Réunion, puis en métropole. Or, tout déplacement massif de populations entraîne des tensions. Il va arriver un moment où les Comores vont monter le ton, comme ils l'ont fait en renvoyant un certain nombre d'embarcations qui ramenaient des clandestins aux Comores. Ce n'est pas admissible, d'autant que la France a versé entre 2010 et 2016 10 millions d'euros par an aux Comores.
Qu'attendiez-vous de l'Etat ?
Le Drian aurait dû convoquer l'ambassadeur des Comores et c'est l'ambassadeur de France qui a été convoqué ! Il fallait ensuite menacer de rompre les relations diplomatiques à commencer par les relations financières y compris celles individuelles. Ces transferts financiers particuliers représentent trois fois le budget du développement. Il faut se donner les moyens de se faire respecter ! Pour éviter la mascarade de cette pauvre Girardin mettant un mois à débarquer à Mayotte pour y rester cinq heures, j'avais proposer de mettre en place un ministère de plein exercice ! Ce gouvernement n'inscrit pas les outre-mer dans un projet stratégique de développement !
Que propose votre texte législatif ?
Je propose la suppression du droit du sol immédiatement parce que le statut d'extraterritorialité de la maternité de Mamoudzou est une dinguerie juridique ou politique. Il faut mettre un terme aux reconnaissances de paternité qui sont tout à fait fantaisistes et souvent effectuée contre argent sonnant et trébuchant. Tout enfant né de mère en situation irrégulière ne pourra pas faire l'objet d'une naturalisation. Enfin, je propose le renvoi immédiat des clandestins délinquants et l'irrecevabilité de toute demande d'asile à Mayotte. Il faut aussi mettre en place une situation d'état d'urgence en doublant les personnels de la police aux frontières et des forces de gendarmerie.
Financièrement, la France en a-t-elle les moyens ?
La France doit avoir les moyens de faire tout ça. Elle doit avoir les moyens de venir au secours d'une partie de la population française qui est dans une situation de danger immédiat. Si on ne tape pas fort, on va donner le signal à d'autres dans d'autres territoires, comme la Guyane ! Mayotte n'a rien d'exceptionnelle, elle est un peu à l'avant-garde des problèmes qui vont nous tomber dessus. Par conséquent il faut apporter une réponse extrêmement ferme pour éviter une forme de contagion, de jurisprudence de la part de ceux qui souhaiteraient déstabiliser un territoire national quel que soit son statut, département ou territoires...
Fallait-il départementaliser Mayotte en 2011 ?
Nous n'étions pas contre la départementalisation à l'époque, encore fallait-il qu'elle soit accompagnée d'un certain nombre de mesures qui évitent d'aggraver la pression de l'immigration clandestine. J'ai entendu un professeur de sciences po, un macroniste, qui suggérait de vendre Mayotte ! Je finis par me poser la question de savoir si l'absence totale de réaction du gouvernement ne cache pas une volonté d'arriver à une situation de non retour et de laisser pourrir la situation au point que des violences s'y déroulent et qu'on finisse en réalité par larguer Mayotte.
Le résultat de l'élection partielle de dimanche 25 mars à Mayotte ne vient-il pas à contre-courant de vos idées ?
J'explique la victoire de la députée en marche, d'une part , par la volonté des Républicains de ne pas être élus avec les voix d'électeurs du Front national, d'autre part, du fait que l'électorat de la députée en marche est un électorat urbain ou semi-urbain qui a été le moins pénalisé par les barrages. De surcroît, les partielles reproduisent exactement l'élection qui a été annulée.
Propos recueillis par FXG, à Paris