Annick Girardin s'exprime sur les algues sargasses qui envahissent les Antilles
ITW. Annick Girardin, ministre des outre-mer
A l'issue de la réunion du Comité de pilotage « sargasses » avec Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, la ministre des Outre-mer s'est exprimée sur le plan sargasses en cours de finalisation.
"Nous ne sommes qu'au début de ces phénomènes liés au dérèglement climatique"
Quels sont les moyens que vous pouvez mettre en place contre cette nouvelle vague de sargasses qui irrite énormément aux Antilles ?
Il y a des difficultés aujourd'hui pour s'adapter au dérèglement climatique, que ce soit la montée des eaux, la question des cyclones de plus en plus prégnante et il y a une réponse à apporter pour sécuriser sur le plan sanitaire, sur le plan de la vie possible au bord de la mer... J'ai d'abord envie de dire que aujourd'hui la mobilisation du gouvernement, elle est total. Nous sommes plus de cinq ministères engagés dans cette démarche d'accompagnement, d'autres nous rejoindront demain parce que nous avons des réponses à apporter sur tous les plans, sanitaire, écologique, économique... Il faut une mobilisation générale. Dans l'urgence, nous avons répondu à cette difficulté qui d'ailleurs est un phénomène qui n'a jamais été aussi important que celui de cette année : 3 millions en urgence !
Et l'avenir ?
Nous construisons des plans nationaux et territoriaux qui permettront désormais de réagir immédiatement. Alors pourquoi ne l'avons-nous pas fait avant ? Pourquoi sommes-nous obligés d'attendre une année on est complètement submergés pour qu'enfin un gouvernement dise qu'il faut un plan d'action. Il faut que quand on est à J moins 4 ou J moins 5 de l'arrivée de nappes de sargasses, qu'on s'organise sur les territoires parce qu'on sait le faire ! Or jamais cela n'a été organisé. Même financièrement puisque les 3 millions nous avons débloqué en urgence sont le double de ce qui avait été mis les années précédentes... C'est une mobilisation générale, une prise de conscience de la difficulté sur les territoires et une résolution : il ne faut pas laisser les sargasses sur les bords de plage plus de 48 heures, sinon il y a ces émanations et ces difficultés de santé qui peuvent éventuellement en découler.
Il était temps...
C'est peut-être un petit peu trop tard par rapport aux alertes des élus et je veux les remercier, notamment les maires et les parlementaires. C'est un travail collectif qui qui vient de commencer là et qui va durer pour les années à venir parce qu'on sait pas pendant combien de temps vont continuer d'arriver ces sargasses.
Nicolas Hulot a annoncé que vous et lui iriez bientôt aux Antilles. Quand ?
En terme d'échéancier, c'est un préfet coordonnateur qui a été nommé il y a déjà plusieurs jours et qui a déjà travaillé sur le plan sargasse qui sera concrétisé d'ici une semaine à 10 jours. Le préfet coordinateur se rendra ensuite les territoires pour décliner les plans à l'échelle territoriale. Alors, quelques jours après, avec Nicolas Hulot, nous irons sur les territoires. Il nous reste d'abord encore un arbitrage à obtenir sur ce plan national et ces plans territoriaux. Qui fait quoi comment et qui paye ? Cet arbitrage sera rendu dans les jours qui viennent. Alors Nicolas Hulot et moi pourrons annoncer des mesures qui feront que plus jamais il n'arrivera ce qui est arrivé là c'est à dire des arrivées massives d'algues qu'on n'a pas eu le temps de ramasser et qui s'entassent et produisent tous les inconvénients que l'on connaît sur la santé, sur la pêche, sur l'économie...
Vous avez parlé de cinq ministères engagé dans la lutte contre les algues sargasses, peut-on envisager que les Affaires étrangères vous rejoignent, eu égard au rôle prêté au Brésil dans le phénomène ?
Cinq ministères sont engagés aujourd'hui et d'autres viendront effectivement en renfort puisqu'on va travailler aussi dans le temps, mais il nous faut aussi travailler avec nos voisins. Comment était-il cette difficulté ? On a besoin d'organiser une conférence autour de ce sujet ou au moins une réunion de coopération régionale. Nous allons également travailler avec le ministère des Affaires étrangères ; nous avons déjà contacté les différentes ambassades de nos voisins pour savoir qu'est-ce qui se passe et comment c'est traité chez eux.
Peut-on envisager que soit décrété un état de catastrophe naturelle ?
Comment répond-on à cette question assurancielle ? C'est aussi un travail que nous avons commencé ce matin et que nous devrons poursuivre avec les assurances pour pouvoir apporter une réponse au moins un éclairage sur cette difficulté. Cette question se pose en Guadeloupe et en Martinique parce qu'il y a des riverains qui ont eu à déclarer un certain nombre d'effets sur leurs équipements dus très certainement aux sargasses. Cette dimension nous n'avons pas oublié dans les discussions que nous avons, mais pour l'instant, cette couverture n'est pas faite par les assurances, d'où une discussion aussi avec les assureurs qui sont impliqués dans les territoires. Je veux dire aussi que nous ne sommes qu'au début de ces phénomènes qui sont en partie liés au dérèglement climatique, qui sont en partie liés à la pollution des mers... La France doit en prendre la mesure avec l'exemple des sargasses et se dire que nos outils ne sont pas complètement adaptés à ces phénomènes. Les sargasses en Martinique et en Guadeloupe nous obligent à nous dire que la France est aussi concernée et qu'elle doit apporter des réponses à ces territoires.
Propos recueillis par FXG, à Paris