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Publié par fxg

Le 10 mai 2017, les présidents Hollande et Macron sous le kiosque à musique du jardin du Luxembourg

Le 10 mai 2017, les présidents Hollande et Macron sous le kiosque à musique du jardin du Luxembourg

La cérémonie du 10 mai toujours plus contestée et boycottée

Pour la première fois depuis 2006, la cérémonie de la Journée nationale des mémoires de l’esclavage et de son abolition, le 10 mai au Jardin du Luxembourg à Paris, se déroulera sans la présence du président de la République. Emmanuel Macron recevra ce jour à Aix-La-Chapelle en Allemagne le prix Charlemagne pour l'unification européenne. Le chef de l'Etat enverra donc son Premier ministre au jardin du Luxembourg. Emmanuel Macron peut être serein, il a assuré un service minimum au Panthéon le 27 avril et s'évite ainsi une présence au Luxembourg où il aurait pu être mal à l'aise. En effet, son conseiller outre-mer, comme son gouvernement a reçu un rapport émanant d'une partie des membres du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage qui avait déjà été adressé, il y a trois ans, au gouvernement et au président précédents.

Ce rapport établit un diagnostic critique de cette cérémonie et propose sa décentralisation comme cela a pu être fait par deux fois, en 2011 à Bordeaux et en 2016 à Pointe-à-Pitre.

Le rapport critique d'abord le choix des jardins du Sénat, "un lieu sans légitimité historique et vide de puissance émotionnelle".

Alors que la France commémore la Résistance au Mont Valérien ou au plateau des Glières, la Grande Guerre à  l’ossuaire de Douaumont ou à Notre-Dame de Lorette, la Shoah au Vel d’Hiv ou à Drancy, aucun acte, aucun moment, aucun personnage historique ne rattache les Jardins du Luxembourg à l’histoire de l’esclavage et de ses abolitions.

"Pourquoi commémorer la plus grande tragédie de l’Histoire qui a duré 4 siècles et fait plus de 12 millions de victimes dans un recoin d’un parc fréquenté des seuls joggeurs et mémés venant nourrir les pigeons ? interroge le rapport. Quel message transmet-on aux deux millions de français descendants d’esclaves ?" Et ce, d'autant plus que c'est le Sénat qui fut justement l’artisan du rétablissement  de l’esclavage... Cette assertion mérite un détour historique quand en 1801, Napoléon Bonaparte qui prépare la paix d'Amiens avec les Anglais, prpose une solution mixte en ce qui concerne l'esclavage : maintien de l’esclavage là où il n’a pas été aboli, à la Martinique et la Réunion, et maintien de l’abolition là où elle a été appliquée en 1794, à savoir à Saint-Domingue, en Guyane et en Guadeloupe.

Le projet de loi édicté par Bonaparte est approuvé par le Tribunat, puis le Corps Législatif mais repoussé par  le Sénat qui s'oppose aux volontés de Bonaparte et impose le rétablissement de l'esclavage à 100 000 Guadeloupéens et Guyanais au prix des effroyables massacres de 1802 en Guadeloupe et à Saint-Domingue.

A ce qui s'apparente comme une bourde historique, s'ajoute le caractère privé et élitiste de la cérémonie du 10 mai dont les participants doivent présenter un carton d'invitation à l'entrée du jardin...

Ainsi, la majeure partie des publics populaires, descendant d’esclaves est donc contenue derrière les grilles d’entrée des Jardins. Ainsi, régulièrement, des happenings, des protestations et revendications s'y sont produits sous la houlette du CRAN, de la brigade antinégrophobie ou encore comme la venue de Dieudonné... D'autres cérémonies viennent d'ailleurs concurrencer l'officielle, comme celle des amis du général Dumas, place du général Catroux, devant le monument des fers brisés, dans le 17e arrondissement, ou celle du CM98, le 23 mai, place de la République.

Faut-il donc continuer à commémorer l’esclavage et son abolition dans un lieu sans légitimité historique, devant un public privilégié et élitiste, déserté des véritables acteurs nationaux de la mémoire et dénoncé par nombre de descendants d'esclaves ? Emmanuel Macron semble y avoir répondu.

FXG, à Paris

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