L'Outre-mer évalue la première année du quinquennat Macron
Le baromètre du CEGOM donne 5,1/20 au président Macron
Un an après leur élection, Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient récolté respectivement 7 et 30 % de notes supérieurs ou égales à 10/20. Cette année, la 9e consultation des Français d'Outre-mer lancée par le Collectif des états généraux de l'Outre-mer donne au président Macron 18,5 % notes supérieures ou égales à 10/20. Hollande avait débuté son mandat avec la note de 6,1/20 et l'achevait avec 5,4/20 ; Macron le débute avec 5,1/20. Certes l'échantillon qui a répondu à l'enquête du CEGOM dépasse à peine les 300 individus, mais "comparé aux échantillons classiques d'un millier de personne pour l'ensemble de la Nation, nous ne sommes pas mal", assure Pierre Pastel, sociologue et président du CEGOM. L'intention du CEGOM qui effectue chaque année la même enquête est de prendre le pouls des ultramarins par rapport à ce qu'ils vivent et subissent. "C'est un miroir de l'état d'esprit des Français des Outre-mer", résume David Auerbach-Chiffrin, porte-parole du CEGOM. Ainsi, Emmanuel n'a pas vraiment connu d'état de grâce. "Sa note, très basse, poursuit le porte-parole, indique une souffrance, une insatisfaction et un sentiment de discrimination."
"On ne pense pas à nous", "l'Outre-mer est délaissé", "Paris est déconnecté" , "Nous sommes oubliés", "L'Etat ne propose rien de bon pour l'Hexagone et rien du tout pour l'outre-mer" sont des phrases qui reviennent dans la plupart des territoires. Les personnes interrogées ressentent une méconnaissance ou une absence de politiques publiques pour l'outre-mer, ou à tout le moins, des politiques pas assez explicites." Les sondés se souviennent que le Premier ministre n'a pas su placer la Réunion sur une carte ou que le président a dit en Guyane : "Je ne suis pas le père Noël." Ils assimilent cela à du mépris. "Comme d'habitude, on nous répète que nous sommes Français mais cela ne se voit pas..." Dans la ligne de mire de ces Français d'Outre-mer l'emploi des jeunes (4/20), la cherté de la vie (3,7/20), la santé (4,4/20)... Dans tous les territoires on parle d'abus pour le coût des télécommunications, de l'essence et des billets d'avion... En Guyane (2,1/20), en Martinique (4,3/20), en Guadeloupe (4,2/20) et à Mayotte (4,8/20), la santé est un vrai sujet d'inquiétude qu'il s'agisse de prise en charge, d'équipements ou de personnels. A la Réunion, s'il n'y pas le même ressenti catastrophiste, la note dépasse tout juste 9/20... Ces incriminations ne visent pas spécifiquement la politique d'Emmanuel Macron, mais plutôt une continuité avec la rigueur budgétaire à laquelle s'ajoute un sentiment de discrimination pour les outre-mer en général et les ultramarins en particulier. Entre le bio-informaticien qui ne trouve pas d'emploi autre que celui de laveur de voitures et les infirmiers qu'on n'embauche pas, les gens ont du mal à croire à la politique de retour au pays ! Bref, les Français d'Outre-mer s'interrogent sur le rapport que l'Etat veut entretenir avec ses outre-mer... Pas trop de développement mais assez pour éviter les crises ? En neuf ans, bien peu de choses ont évolué dans la perception des Français d'Outre-mer. De temps en temps l'Etat semble prendre en compte une ou deux observations, en témoigne la meilleure note attribuée dans ce bilan : 6,6/20 pour tout ce qui touche à la mémoire et à la culture...
Résultat, si le deuxième tour de présidentielles avait lieu aujourd'hui, selon cet échantillon, Marine Le Pen obtiendrait 16,9 % (avec près de 60 % qui ne se prononceraient pas).
FXG, à Paris