Lucien Jean-Baptiste en désaccord sur la TSA avec la sénatrice Conconne
Conconne soutient le circuit Elisée et fâche Lucien Jean-Baptiste
La sénatrice PPM Catherine Conconne a rencontré lundi 14 mai à Paris Laurence Tison Vuillaume, directrice de cabinet de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, pour évoquer "la relance de la production culturelle de nos pays, dont les talents et les ambitions sont trop peu valorisés".
Dans le contexte de la grève de la faim du trompettiste de jazz guadeloupéen Franck Nicolas et, alors que l'agence de diffusion et de promotion des cultures d'outre-mer n'existe plus, Catherine Conconne a "proposé au ministère de la Culture, en accord avec le ministère des Outre-mer, la création d’un « workshop B to B » entre les artistes professionnels et les diffuseurs et producteurs nationaux, qui pourrait se tenir à l’automne prochain".
Mais, paradoxalement, alors qu'elle assure que nos artistes peuvent difficilement "vivre localement de la diffusion de leur oeuvre", Catherine Conconne vient carrément contrecarrer le combat d'un de nos rares réalisateurs martiniquais, Lucien Jean-Baptiste. En effet, elle affirme que la taxe spéciale additionnelle (TSA), prélevée sur les recettes des salles de cinéma, dont l'application à taux équivalent de l’Hexagone est prévue d’ici 2022 "représente un réel danger pour la survie de nos salles de cinéma". Cette affirmation a fait aussitôt réagir le cinéaste martiniquais qui se bat depuis des années pour l'application de la TSA en outre-mer. Il a déclaré à France-Antilles : "C'est tellement dangereux que le groupe Elisée construit un multiplex en Guadeloupe !"
"Un réalisateur antillais ne rapportera jamais d'argent à un producteur hexagonal"
Le réalisateur de La Première étoile souligne d'autant mieux ce paradoxe que dans le même temps, la sénatrice soulève la question de la libre circulation des œuvres artistiques et des artistes des territoires d’outre-mer, entre les DOM et l’hexagone, comme entre les DOM entre eux, ajoutant même : "Considérés sur le plan douanier comme des territoires d’exportation au même titre que les pays tiers à l’Union européenne, les territoires sont soumis à un régime qui les expose à des taxes spécifiques pénalisant de manière rédhibitoire la circulation de nos produits culturels". En matière de cinéma justement, la TSA n'est pas une taxe spécifique et permet de sortir les outre-mer du régime de l'exportation, défavorable à l'artiste et à son producteur. "Tant pis, ajoute Lucien Jean-Baptiste, nous n'aurons jamais de grand cinéaste, car un réalisateur antillais ne rapportera jamais d'argent à un producteur hexagonal !" L'espoir n'est pas pour autant enterré puisque le seul engagement de Laurence Tison Vuillaume est d'organiser "un événement à la fois symbolique et très concret, qui pourrait être un déclencheur de nouvelles dynamiques, pour des artistes qui n’attendent que cela: partager leur art".
FXG, à Paris