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Publié par ari

King Daddy Yod, le come back en 30 featuring

Saint-Félix Sténard, allias King Daddy Yod, sera aux Antilles pendant les grandes vacances, au tour des Yoles et au tour cycliste de la Guadeloupe) pour présenter les premiers titres de son coffret trente titres, "King is back"

"On fait croire aux gamins qu'il faut chanter du porno pour réussir"

Comment, à la fin des années 1980, êtes-vous passés du reggae au ragga ?

Avant le rub-a-dub, le style que je fais, le raggamuffin, il y avait le reggae pur à la Bob Marley, représenté en France par Neg Soweto, Savannes, Wash da, Azigmen et Natiwel. Et c'est avec King Yellow man, cet albinos venu de la Jamaïque, que j'ai eu envie de faire cette musique et j'ai su ce que j'allais faire : C'était le stye rub -a-dub. Bien sûr, j'ai été influencé par Bob Marley, mais mon style même m'a été soufflé par King Yellow man.

Qu'est-ce qui vous plaisait là-dedans ?

C'était le flow et puis la manière de raconter la vie quotidienne et notre mal être sur cette musique qui est le toast. A Paris, on traînait dans les squats, des lieux mythiques où sont nés tous ces mouvements à Corentin-Cariou, Bossuet, Quai de la gare...

Que représentait alors ce mouvement ?

C'est vrai qu'à l'époque, on fonctionnait en mouvement alors qu'aujourd'hui, c'est très individuel. Quand Princesse Ericka sortait "Trop de blabla", on était tous derrière elle. c'était une bonne compétition, sans jalousie, sans égoïsme... Quand Tonton David a pété dans "Rap attitude" et que c'est lui qu'on voyait à la télévision, on était tous contents car, en vérité, c'est tout le mouvement qu'il entraînait ! C'était du business parce qu'on a vendu beaucoup de disques mais on s'est fait connaître avec des chansons à texte... On était là pour dénoncer les choses.

Vous ne vous inscriviez pas dans variété...

C'est vrai qu'aujourd'hui, ça ressemble beaucoup  plus à de la variété, mais ce que j'aime avec les jeunes comme Krys, c'est qu'ils se prennent en main. Nous nous avons eu la chance de pouvoir bénéficier d'une logistique. Quand j'ai signé chez Sony ou chez Universal, ils faisaient du développement d'artistes. On pouvait faire un album qui ne marche pas, ils misaient plus sur le deuxième ou le troisième ! Aujourd'hui, les jeunes n'ont pas cette logistique, mais ils sont animateurs, producteurs, managers et je trouve qu'ils s'en sortent très bien; Admiral T a rempli Bercy tout en étant indépendant ! Maintenant, ce que je trouve dommage, moi qui me suis fait connaître par des chansons à texte, je trouve qu'aujourd'hui, c'est très sale ! On fait croire aux gamins qu'il faut chanter du porno pour pouvoir réussir ! J'aime beaucoup Coupé Cloué quand il chante "Saucisse", on sait très bien de quoi il parle, mais c'était du vers ! Quand Frankie Vincent te parle de "Braguette d'or", quand Gainsbourg fait chanter à France Gall "Les Sucettes", on sait très bien de quoi ils parlent, mais c'était du vers ! Aujourd'hui, je trouve que c'est très vulgaire !

Comment résister ?

Moi, je continue à faire ce que j'aime ! Je suis un peu comme le saumon : pendant que tout le monde suit le courant, moi je vais de l'autre côté ! A l'époque, un ami m'avait déconseillé de chanter "Faut pas taper la doudou" parce que, disait-il, "c'est une chanson de bouffon", et c'est devenu ma chanson la plus fameuse ! Quand on a démarré, tout le monde chantait en anglais comme bob Marley, mais nous on a chanté en français ! Je n'ai pas l'habitude de suivre le troupeau ! La preuve, alors que le disque ne se vend plus, moi je sors un coffret de trente titres inédits ! C'est ce qui fait ma force ! Connais-toi toi-même et tu connaîtras les Dieux !

Alors, est-ce vous le père spirituel d'Admiral T, Krys, Missié Sadik et les autres ?

Ce n'est pas à moi de le dire ! Mais si on remonte l'histoire, l'histoire ne ment pas. Moi, je suis enfant spirituel de Bob Marley, King Yellow man... Avant moi, il y avait quelque chose et chaque chose tire son origine de quelque part ! Les artistes jouent un grand rôle dans la société, s'il n'y avait pas eu Léonard de Vinci ou Alexandre Dumas, nous serions encore à l'âge de pierre ! Aujourd'hui encore, le monde a besoin de ses artistes et il ne faut pas attendre qu'ils meurent !

Votre album, c'est 30 titres et 30 featuring dont "Démaré Mwen" avec Jacob Desvarieux. Ca a été facile de le convaincre ?

Quand j'ai écrit le texte avec Bod Guibert, je lui ai dit que je voulais Jacob. Je suis allé voir Marie-Céline Chroné qui a écouté la maquette et qui m'a dit d'y aller ! Je l'ai appelé, il a dit ok et on s'est retrouvé au studio ! Je lui ai raconté un peu mes déboires et il a sorti le mot "démaré mwen". J'ai écrit des parties très toastées et Bod et Jacob ont écrit avec moi... Avec Pleen Pyromane, je chante du créole martiniquais pour casser les codes ! Sahel, ça faisait longtemps que je voulais faire quelque chose avec lui et c'est Pleen qui l'a appelé ! On s'est retrouvé chez Darwin family, un frère rastaman...

Vous avez écrit tous les titres avec les artistes invités ?

Tous, à part deux que j'ai écrits avec Linkhan, un gamin très doué au niveau des flows. Il m'a écrit une chanson que je chante en duo avec lui, "C'est comment" Les gens vont entendre parler de ce Linkhan parce qu'il a été signé depuis par Pascal Nègre !

Gordon Henderson est aussi sur cet album...

Le papa de K-Dans Lypso  chante avec moi "King Daddy Yod right hook", mais également Admiral T avec "Stoppons la violence"... Toute une génération s'est effacée avec la drogue, toute une autre avec la guerre et maintenant, il y a une génération qui s'efface avec la violence ! Le rap et le raggamuffin sont à l'origine des chansons à texte, donc, j'ai tenu à emmener Admiral dans mon univers avec cette chanson...

A travers ces 30 titres, quel est le message de King Daddy Yod ?

(Il chante) Plus d'amour dans nos coeur ! Pour trouver la vérité, faut la chercher... Plus d'amour dans nos vies ! Pour trouver la vérité, des fois il faut bouger... Depuis que j'ai mis les pieds dans l'île de la Jamaïque, je me dis faudrait aussi que j'aille en Afrique... Je suis né en Guadeloupe, j'connais la Martinique et toutes les autres îles grâce à ma musique. Un chant de liberté, un nouveau cantique ! Comme un soleil qui réchauffe le coeur du public...

Propos recueillis par FXG, à Paris

L'album sortira en octobre en même temps que sera programmé un concert au "Flow" à Paris, mais pour l'heure, sont déjà disponibles les titres "Démaré Mwen", "C'est comment", "Champion" et "Big up Tiger".

CV vite fait

Né en 1963 à Petit-Canal, près des marches des esclaves, Saint-Félix Sténard est enfant d'agriculteurs (ce qui lui a inspiré une chanson avec Princesse Ericka, "Koupé Kann"). Exilé à Paris à l'âge de 9 ans, en raison de problème de santé de son père, il est resté dans l'Hexagone et c'est en 1987 qu'il sort son premier morceau, "Elle n'est pas prête" suivi de "Né pour toaster"...

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