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Publié par fxg

Chlordécone

Les eurodéputés s'en mêlent

Alors que la marche des cobayes, partie de Fos-sur-Mer le 1er mai dernier, devait arriver à Paris samedi 30 juin, les eurodéputés Michèle Rivasi (EELV) et Younous Omarjee (France insoumise), très en pointe à Bruxelles sur la question des pesticides et du glyphosate, ont présenté le 29 juin à Paris les nouvelles actions menées dans le cadre du "scandale d'Etat" du chlordécone. Avec eux, l'avocat guadeloupéen Harry Durimel qui porte les plaintes initiées au pénal depuis 2006 pour empoisonnement, Philippe Verdol (EnVie Santé, Guadeloupe), André Cicolella, chimiste, toxicologue, conseiller scientifique à l'INERIS, et le Dr Jean-François Deleume de l'association médicale santé environnement.

La première information est la tenue annoncée d'un colloque à l'Assemblée nationale d'ici la fin de l'année pour informer les députés français sur "ce crime d'Etat" et la promesse d'une enquête parlementaire demandée par le groupe de la France insoumise. La seconde est celle de la saisine par Me Pierre Lafforgue, avocat de Philippe Verdol et son association du tribunal administratif pour demander l'annulation de l'arrêté du 30 juin 2008 fixant les limites maximales résiduelles (dans les viandes, notamment). Une saisine préalable à une question préjudicielle au Conseil d'Etat, voire à la Cour européenne des droits de l'Homme. En troisième lieu, Me Durrimel a fait le point sur le dossier pénal dans lequel il défend les intérêts de l'Union régionale des consommateurs et l'Union des producteurs de Guadeloupe affiliée à la confédération paysanne. Sa plainte initiée en 2006 a été délocalisée au pôle santé du plais de justice de Paris, elle a connu trois juges d'instruction, une demande d'irrecevabilité, une demande d'annulation de pièces par le parquet de Basse-Terre. Néanmoins les gendarmes d'Arceuil munis d'une commission rogatoire, ont pu poursuivre leur enquête. Aujourd'hui, Me Durimel a fait une demande d'acte à la juge Jolivet afin qu'elle tire les conséquences des investigations des gendarmes. "Dans ce dossier, il semble que la logique économique l'ait emporté sur la logique sanitaire, que le fric l'ait emporté sur l'éthique", a précisé l'avocat. Celui-ci a par ailleurs signalé qu'il avait été saisi, il y a une dizaine de jours, par des ouvriers de la banane guadeloupéens pour agir devant le tribunal administratif afin d'obtenir d'être mieux protéger des risques d'empoisonnement aux résidus de chlordécone pendant leur travail dans les champs de banane.

Enfin, eu égard aux taux impressionnants de contamination chez les enfants (20 % en Guadeloupe, 17 % en Martinique), ainsi que l'attestent l'étude sur la cohorte ti moun et les travaux réalisés par les professeurs Cordier et Multigner, les associations AMSES et les eurodéputés demandent un plan alimentaire financé sur les fonds du plan chlordécone 3 afin de protéger les enfants, du stade foetal à l'âge de 5 ans. Faute de quoi, ils demandent à ce qu'ils soient exfiltrés des zones contaminées. Ils exigent encore que l'étude Madiprostate soit relancée et que les victimes puissent faire la preuve de la présence du chlordécone dans leur sang. "On nous empêche de faire le lien entre chlordécone et cancer de la prostate", déplore Philippe Verdol.

Les eurodéputés Michèle Rivasi et Younous Omarjee ont conclu leurs interventions en rappelant qu'ils étaient des lanceurs d'alerte et qu'il convenait de faire cesser "l'omerta" qu'il y a eue et qu'il continue d'y avoir sur le chlordécone, de faire reconnaître les victimes et leur préjudice afin qu'elles soient indemnisés et les responsables condamnés.

FXG, à Paris

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