Kala au Off d'Avignon
Léone Louis revient à Avignon présenter Kala
En 2002, Léone Louis découvrait le festival d'Avignon. Elle était encore étudiante à Paris et n'avait pas encore monté sa compagnie, baba Sifon. Cette fois, épaulée par Sergio Grondin, elle est sur la scène de la chapelle du verbe incarné pour revisiter la légende de Kala.
Pour fêter sa troisième décennie naissante, le théâtre des Outre-mer en Avignon a programmé entre autres une pièce co-écrite et mise en scène par Sergio Grondin et interprétée par la Réunionnaise Léone Louis de la compagnie Baba Sifon. "Kriké, krika !", clame Léone qui s'en vient compter trois histoires en une, la sienne, celle de sa mère et celle de grand-mère Kala.
"On est parti du mythe de la légende de grand-mère Kal, explique-t-elle, pour la ramener à mon histoire, l'histoire de moi jeune fille, quand je cherchais mon histoire, mes racines. Et en plongeant la dedans je me suis rendu compte que personne ne connaissait l'histoire grand-mère Kal aujourd'hui..." Et voilà narrée sur la scène avignonnaise l'histoire de cette femme oiseau qui était vue comme une sorcière, une croque-mitaine... "À son époque à elle qui est née pendant la période de l'esclavage, poursuit Léone, on ne pouvait la voir comme une personne positive. Forcément cette femme noire, guérisseuse ne pouvait être qu'une sorcière... Et moi j'étais sur qu'elle n'en était pas une !" En cherchant la vrai Kala, Sergio Grondin, Audrey Lévy et Léone Louis, les co-auteurs, ont ensemble conduit Léone, la porteuse d'histoire, sur un chemin où en racontant son histoire et celle de ma mère, elle révèle celle de Kala ! "On est entre autobiographie et autofiction, c'est le personnage de Léone ++... Et je me suis rendu compte que le fait de raconter ouvrait les vannes à la Réunion d'une parole qui a été longtemps taboue..." Alors, pour apaiser les choses, Léone libère cette parole et en même temps la Kala qui est en nous. "On découvre alors qu'on a tous des ailes et qu'on peut s'envoler, qu'on est plus léger !"
Avec Kaloune et Th
Pour l'accompagnement sonore et musical de cette pièce Léone Louis fait appel à Thierry Th Desseaux qui a fait toute la partie électro, et à Kaloune qui apporte sa voix et ses textes. Ils ont produit une bande son électro envoutante et maloya comme celle qu'une personne aurait en permanence dans la tête. L'écriture est très cinématographique avec des flash-back. "Il y a des moments où l'on se sait plus qui est sur scène, raconte l'actrice, Je passe d'un âge à un autre et d'un personnage féminin à un autre... On cherche les ponts, les passerelles entre cette jeune fille, sa mère et Kala jusqu'à se perdre..." La scénographie est très épurée, dans un clair obscur pour réaffirmer qu'on est dans l'intime. "Comment en parlant de soi, peut-on créer un écho chez chacun..." C'est ce qui a touché Léone chez Kala qui est tout de même l'emmerdeuse numéro 1 : "Ca fait 250 ans qu'on parle d'elle ! On veut l'oublier mais non, elle reste présente, car c'est elle qui nous pousse à nous poser les bonnes questions ! Après chacun trouve ses réponses, mais c'est pour ça qu'elle est universelle ! Parce qu'elle nous donne encore l'envie de nous envoler. Et si on s'envole, tous les hommes du monde vont s'envoler ! Je pense qu'on a tous une Kala en nous !"
En moyenne une pièce de théâtre est jouée 7 fois dans l'Hexagone. Le festival d'Avignon offre cette particularité qu'il permet à une compagnie de le jouer 21 fois ! Et comme, l'occasion est rare, la compagnie Karanbolaz de Sergiio Grondin a pris ses quartiers à la Manufacture pour présenter son "Maloya" et la compagnie Lolita Monga au Théâtre du Chien qui fume pour donner en créole et en français "La fugue".
FXG, à Avignon
Kala, au Théâtre de la chapelle du Verbe incarné, 21 rue des Lices, tous les jours à 16 h 35