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Publié par fxg

La justice donne raison à L'Humanité contre la famille Huyghes-Despointes

La 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris n'a pas donné suite aux poursuites en diffamation contre le journal L'Humanité par les frères Jean et Martin Huygues-Despointes. Ceux-ci avaient saisi la justice suite à la publication d'un article publié le 22 octobre 2015 et intitulé : « Guadeloupe, quand les patrons se voient maîtres. » Ce papier faisait état du conflit opposant le syndicat CGTG à la direction de l’hypermarché Milenis qui appartient à la famille Despointes. Alors qu'en 2012, l’enseigne annonçait un plan de licenciement de 28 salariés arguant de difficultés économiques, la CGTG révélait que non seulement Carrefour Milenis ne connaissait aucune difficulté financière, mais au contraire, qu'elle aurait dû verser à ses salariés une participation pour les deux années précédentes. Et pour le dénoncer, la CGT distribuait des tracts ciblant les propriétaires de Milenis : « La famille Despointes a bâti toute sa fortune sur la traite négrière, l’économie de plantation et l’esclavage salarial. » Les frères Huyghes-Despointes ont porté plainte contre la CGTG et contre l'Humanité qui avait repris ces propos. Si la cour d'appel de Basse-Terre a déclaré la CGTG coupable de diffamation, la condamnant à payer 53 472 euros en amendes et en frais de justice, la 17e chambre de Paris, celle de la presse, a jugé les choses tout autrement en considérant que, « à partir d’un jeu de mots sur le terme de “maître”, l’article développe l’idée d’un parallèle entre l’esclavage et le salariat, entrant dans un débat sociologique, voire ethnologique et idéologique, au terme duquel il est considéré que la domination des maîtres à la base de l’esclavage se poursuivrait par la domination capitaliste, “l’esclavage du salariat” ». Concernant la « mainmise sur l’économie du pays », une autre occurrence attaquée par les Huyghes-Despointes, là encore la juridiction parisienne donne raison à l'Humanité : « L’auteur de l’article, explique le jugement, se borne à exprimer son opinion critique sur un modèle économique, dans la ligne éditoriale de l’organe de presse, et n’impute aucun fait précis ou de nature à porter atteinte à l'honneur ou considération comme constitutif d’une infraction ou d’un acte contraire à la morale commune. »

A la suite de ce jugement, Elie Domota, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), a déclaré à l'Humanité (édition du 17 juillet) : « Je me demande si un tribunal, en Guadeloupe, aurait pris une telle décision. Depuis toujours, il y a une connivence manifeste entre le patronat, singulièrement blanc péyi et béké, et la justice coloniale. Très souvent, ces gens-là sont mis en cause, et les tribunaux trouvent un moyen de les disculper. »

FXG, à Paris

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