Lyanaj Corée Guadeloupe à Avignon
Gilbert Laumord joue avec des Coréens
La dernière fois qu'on avait vu Gilbert Laumord jouer à Avignon, c'était en 2007 au théâtre du Balcon. Il brillait dans une pièce écrite par Maryse Condé, "Comme deux frères". Cette fois, le revoilà escorté par des comédiens coréens pour donner la pièce : "Sak a lita lou". Litha, partie en drive pour échapper à sa condition de fanm potomitan, rencontre la mort sous les traits d'un beau jeune homme, Bazil, qui l'invite à danser avec lui la dernière danse. Litha accepte mais s'adjoint des armes poétiques pour reculer sans cesse l'instant fatidique. Aidée en cela par Aimé Césaire et Edouard Glissant, la négritude et le chaos-monde, Litha va démontrer que la mort n'est pas "finitude", mais mais "ouvre un cycle nouveau fait de bouleversement perpétuel, d'imprévisible, d'imprédictible, de tremblement qui nous unit dans l'absolu diversité en un tourbillon de rencontre". Et pour accuser le trait glissantien, Gilbert Laumord est allé faire un lyanaj avec les Coréens ! "En mars 2017, raconte le Guadeloupéen, j'ai répondu à une invitation d'un professeur de la Korean national University of arts (K'arts), un établissement qui forme des comédiens et des techniciens au théâtre et au cinéma." Ce professeur qui l'invitait était venu en Guadeloupe et l'avait vu au festival des Abymes présenter une de ses créations. Quand il a pris son poste à Séoul, en Corée, Laumord a reconnu dans le directeur du département de théâtre qui était aussi doyen, Junho Choe, quelqu'un qu'il avait déjà rencontré à Avignon. Les deux hommes ont pris langue. "Nous avons continué à développer notre lien d'amitié, mais je venais d'écrire une pièce, "Le sac de Litha", et c'est lui qui m'a proposé de la monter à l'université avec nos étudiants." Après une version initiale entièrement coréenne, Gilbert Laumord a voulu aller plus loin et inviter des artistes guadeloupéens. "Je n'ai pas pu réaliser ce projet dans le créneau de mon intervention à la K'arts, mais j'ai réussi à faire en sorte que ça se fasse après..." Cet après a été rendu possible grâce à l'invitation du TOMA qui a permis à sa compagnie de théâtre Siyaj de devenir co-productrice avec la K'arts et le TOMA.
Universalité des codes du théâtre
"J'ai voulu m'intéresser à ce qui nous unit plutôt qu'à ce qui nous sépare. La Corée représente une culture millénaire et nous sommes une culture toute jeune... Ma première réaction a été de me dire : mais comment allons-nous faire, surtout en théâtre où l'on doit passer par la langue... C'est un défi qu'on a relevé avec beaucoup de joie et de bonne volonté parce que ça a été d'abord une rencontre d'êtres humains. Nous sommes entrés dans une histoire théâtrale où l'on entend le coréen, le français et le créole." Avant le festival d'Avignon, la chanteuse et comédienne Lucille Kancel, les comédiennes Mo-Eun Kim, Ga-Ae Moon, les comédiens Seung-Hhyeok Lee, Yu-Wong Lee et les musiciens compositeurs Young-Suk Choi, Christian Laviso et Didier Juste ont joué deux fois "Le sac de Litha" dans un festival en Corée, ce qui leur a permis de vérifier l'universalité des codes du théâtre. Après Avignon, ils retourneront jouer en Corée en février 2019 avant de venir en Guadeloupe et en Martinique en avril-mai 2019 et en novembre 2019 en Haïti.
FXG, à Avignon
Au théâtre de la chapelle du Verbe incarné, 21 rue des Lices, jusqu'au 28 juillet à 15 heures