Max Diakok danse la blessure sacrée
Max Diakok danse la blessure de Mé 67 et la mort de Thomas Sankara
"Comment transformer le chaos du monde ? Comment la violence de l’oppression résonne-t-elle dans le corps individuel ? Comment l’ambivalence de nos choix révèle-t-elle notre rapport à la liberté ?" Max Diakok propose cette semaine à Vitry (94) une chorégraphie intitulée "J’habite une blessure sacrée", d'après le titre du poème "Calendrier lagunaire" (recueil Moi Laminaire). Avec cet emprunt au poète Aimé Césaire, le danseur "slalome entre déséquilibre et enracinement, douceur et force, intimité et ouverture". Ce solo est conçu comme un dialogue entre la quête métaphysique et la lutte émancipatrice. De ces deux approches apparemment antinomiques ressort un thème central qui est celui du double : "Corps réel, corps imaginaire. Corps apparent, corps potentiel.
Corps rebelle mû par une généalogie fantasmée. "J'habite des ancêtres imaginaires", dit le poème d'Aimé Césaire, et le corps du danseur est mû par une autre utopie, existentielle celle-ci : "Revivre dans le corps le chemin initiatique des morts qu'on fait siennes." Max Diakok appartient à la génération de ceux qui n'étaient que des enfants durant le massacre de mai 1967. Il fait également partie de cette génération qui, "mue par une profonde aversion pour toute forme d'oppression, a ressenti dans sa chair l'assassinat de leaders du Tiers-Monde, entre autres le chef d'état burkinabè Thomas Sankara assassiné en 1987". Pour transformer tout cela en scénographie, en chorégraphie, Max Diakok s'est inspiré su côté sonore de la veillée mortuaire, du lewoz et du bigidi qui devient le fil d'Ariane de la pièce. "Le geste martial se transforme en geste doux ou vice versa, des ponctuations saccadées et toniques à l'intérieur d'une séquence fluide. Densité et légèreté. Mouvements dans l'axe et hors de l'axe. Contrastes de durée entre vide et plein."
«J’habite une blessure sacrée, j’habite des ancêtres imaginaires, j’habite un vouloir obscur, j’habite un long silence, j’habite une soif irrémédiable...»
FXG, à Paris
4-5-6-7-8 juillet 2018 Gare au théâtre, "Nous n'irons pas à Avignon", Vitry-sur-Seine, 19 heures