#metoo à la peine
Beau-père et belle-fille ou anciens amants
Jean-Max* D, un Martiniquais, comparaissait en appel à Reims pour répondre d'une accusation d'agression sexuelle sur sa belle-fille.
La cour d'appel de Reims a mis en délibéré au 11 octobre prochain sa décision concernant Jean-Max D. Agé aujourd'hui de 35 ans, ce Préchôtain avait été relaxé, l'année dernière, en première instance, pour des faits d'agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans, au moment où les réseaux sociaux étaient tous pris de la fièvre "#metoo". Il avait convaincu les juges que leur relation était consentie. Le parquet de Reims avait aussitôt fait appel. Début septembre, Jean-Max est venu accompagné de sa mère pour comparaître devant la cour d'appel, assisté de deux conseils, Me Ursulet et Me Boudet-Etminami. La plaignante, Christine*, aujourd'hui âgée de 21 ans, est venue seule et sans avocat. Pendant que le prévenu est longuement interrogé, Christine ne cesse de faire entendre des reniflements et des sanglots. "Savez-vous qu'il est interdit d'inciter un mineur de moins de 15 ans à la débauche ?", demande l'un des juges. "Oui, répond le prévenu, mais elle avait plus de 15 ans."
Jean-Max vivait en concubinage avec Antonia, la mère de Christine, quand leur relation a débuté : "C'est Christine qui sortait de sa chambre pour me retrouver. J'ai proposé le premier rapport sexuel et elle a dit qu'elle était d'accord pour essayer." Par la suite, la jeune fille reconnaît s'être rendu une cinquantaine de fois au travail de Jean-Max pour avoir un rapport avec lui. Elle reconnaît avoir eu avec son beau-père quelque 400 rapports anaux. Et, malgré une interruption de 18 mois, leur relation dure quatre ans, dans le dos d'Antonia, la mère et concubine qui, entretemps, a donné une fille à Jean-Max... C'est quand il les rejoint à Reims en 2016 que Jean-Max signifie son désir de cesser cette relation avec Christine et d'en parler à Antonia. Paniquée, Christine a pris les devants et dénoncé son beau-père à sa mère et à la police. Jean-Max est incarcéré pendant un an.
Requalification incestueuse contre relaxe
A la barre, Jean-Max évoque sa rencontre avec Antonia. "Je faisais du maraîchage avec mes parents au Prêcheur et je livrais aux grossistes et aux supermarchés, je faisais aussi les marchés... Et deux ou trois fois par semaine, j'allais aux Terres-Sainville..." C'est là qu'il a rencontré Antonia, une Dominicaine qui tapinait. Il en tombe amoureux et malgré la réticence de ses parents, il la ramène à la maison avec ses deux filles. Au bout de deux ans, ils partent en Guyane et c'est là que l'histoire de Jean-Max et Christine va commencer... L'avocat général Fayard s'énerve : "C'est désagréable d'entendre dire par M. D que c'est elle qui voulait, pas lui... Le tribunal a retenu le doute quant à la conscience de Jean-Max D. sur l'absence de consentement de Christine pour le relaxer, mais la connaissance réelle qu'avait Jean-Max D. est la qualification incestueuse des faits !" Et ayant ainsi requis la requalification des faits, il propose une peine de prison d'au moins un an ferme.
Me Boudet-Etminami intervient pour rappeler que Christine elle-même a affirmé qu'elle avait plus de 15 ans. Puis Me Ursulet dénonce "l'hypocrisie de la poursuite" qui a débuté pour l'emprisonnement de son client et s'achève par une réquisition destinée à couvrir sa détention provisoire, avant de demander la confirmation de la relaxe.
FXG, à Reims
* Les prénoms ont été modifiés