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Publié par fxg

Risques naturels Outre-mer

Risques naturels outre-mer : encore des déficiences

Le rapport que la délégation sénatoriale aux Outre-mer (Guillaume Arnell, Saint-Martin, RDSE, Mathieu Darnaud, Ardèche, LR et Victoire Jasmin, Guadeloupe, PS)  a rendu mardi révèle que malgré une culture bien réelle du risque dans les territoires, les populations sont en droit d'attendre mieux des politiques publiques pour leur protection.

Les Antilles françaises (de Saint-Martin à la Martinique) sont les zones les plus exposées de France au risque sismique et des tsunamis locaux ou lointains peuvent également les atteindre. Le risque cyclonique est une réalité saisonnière... L'arrivée de l'ouragan Irma de classe 5 en septembre dernier sur Saint-Martin et Saint-Barth était une première (Hugo en 1989 et Luis en 1995 étaient de classe 4). 15 % de la population guadeloupéenne est exposée aux inondations et 11 % au risque de submersion marine La Martinique et la Guadeloupe sont en outre exposées au risque des glissements de terrain et au risque volcanique qui toucherait 200 000 personne dans chacune de deux îles. En outre, la Martinique est concernée par le phénomène des lahars, coulées de boue (700 éboulements recensés sur la Pelé au premier trimestre 018 et 200 lahars). Le caractère exigu et insulaire, la forte densité de population et la persistance de l'habitat informel et précaire augmentent l'impact de tous ces facteurs de risques.

Depuis 2011, un nouveau risque, les sargasses, que les rapporteurs voudraient faire reconnaître comme naturel et susceptible d'être reconnu comme catastrophe naturelle, est apparu. Les échouages ont été particulièrement massifs au début de l'année 2018 révélant un risque sanitaire bien réel. Enfin, à ces risques climatiques ou géologiques, s'ajoute un risque sanitaire avec la dengue, le zika et le chik transmis par les moustiques.

Plan de prévention des risques naturels

Les communes des deux départements des Antilles sont couvertes par un plan de prévention des risques naturels (PPRN) depuis 2004, Saint-Martin depuis 2011 et Saint-Barth s'apprête à approuver le sien. Concernant le risque tsunami, le projet EXPLOIT, piloté par l'université de Montpellier 3, prévoit des itinéraires d'évacuation dans 31 communes de Guadeloupe, 27 de Martinique et les deux îles du nord. Sur les 122 territoires français à risque important d'inondation, deux sont en Guadeloupe et un en Martinique.

Concernant le risque de submersion marine, les rapporteurs ont pointé une vraie faiblesse tant au niveau de l'alerte que de la coordination des services. Exception notable avec le Malécon de Fort-de-France qui protège le centre-ville de la houle et des risques de submersion.

La réponse d'urgence de l'Etat en période de crise qui s'exprime par les plans ORSEC et ORSAN (sanitaire) est complétée par les plans communaux de sauvegarde (PCS) quand ils existent... La Martinique est le seul département où chaque commune a rédigé son plan. La commune de Sainte-Anne a même intégré un volet sargasse. En Guadeloupe, 24 communes ont rédigé leur PCS.

Les rapporteurs insistent sur la culture du risque que doivent posséder les populations concernées. Cela passe par la mise à disposition du "document d'information communal sur les risques majeurs". 27 communes en Martinique et 22 en Guadeloupe en sont dotés.

Cette culture du risque s'appuie sur les acteurs que sont les sauveteurs, les gendarmes, les pompiers, mais également les médias locaux et les institutions que sont Météo France et le BRGM. Or, les effectifs de Météo France aux Antilles Guyane ont baissé de 17,4 % entre 2009 et 2016. Météo France ne dispose d'ailleurs que de huit radars pour tous les Outre-mer dont 3 dans le secteur Antilles-Guyane.

Absence de système d'alerte

Le réseau national de surveillance des cours d'eau dispose outre-mer de cellules de veille hydrologique (CVH) depuis 2010. La Réunion est la figure de proue de ce réseau, suivi de la Martinique. La Guyane vient en troisième position, tandis que la CVH de Guadeloupe est en cours de construction...

Les rapporteurs relève une lacune concernant le réseau national d'alerte de l'Etat qui avait omis l'Outre-mer de son plan d'équipement de sirènes. Ainsi, si l'on recense tout de même 25 sirènes en Martinique, il en manque 92. La situation n'est pas meilleure en Guadeloupe où avec 5 sirènes recensées, il en manque 153 !

Au terme de leur rapport, les sénateurs n'ont décliné pas moins de 60 préconisations qui montrent que malgré la culture du risque qui prévaut dans Outre-mer, il reste encore beaucoup à faire... "A commencer par, souligne Guillaume Arnell, le fait de ne pas remplacer en même temps et juste avant la saison cyclonique le préfet, son directeur de cabinet et son secrétaire général !"

FXG, à Paris

Le fonds Barnier

La prévention des risques est plus difficile dans un contexte où l'habitat sans droit ni titre est répandu. A ces fins, depuis 2011 et la loi Létchimy, il est possible d'aider au relogement des gens dont les habitations doivent être détruites en raison de la menace d'un risque naturel prévisible. A ces fins le fonds de prévention des risques naturels majeurs dit fonds Barnier doit permettre de financer de tels programmes. Mais son activation est si compliquée que seules Mayotte et la Guyane ont pu en bénéficier. En Guadeloupe, une démarche est en cours sur la commune de Petit-Bourg qui devrait aboutir en 2019.

Pour l'essentiel, le fonds Barnier a servi à financer le confortement des HLM et les études et travaux consacrés aux SDIS dans le cadre du plan séisme Antilles. Depuis 1995, la Guadeloupe (avec les îles du nord) a bénéficié de 66 millions d'euros et la Martinique, 117. Depuis 2010, 166 millions ont bénéficié aux Antilles. En dehors du fait que ce fonds est très compliqué à mobiliser, il n'a financé aucune campagne d'information outre-mer. Les sénateurs plaident pour l'intervention de l'AFD pour rendre ce fonds plus accessible.

Le plan séisme Antilles

Créé en 2007, c'est le seul plan national dédié à la prévention d'un risque. La première phase du plan a permis la reconstruction de deux états-majors et 7 centre du SDIS, 21 sites de l'Etat, des interventions sur 9 centres hospitaliers, 51 écoles, 6 collèges, 3 lycées et 3511 logements sociaux, soit 860 millions dont 397 apportés par l'Etat.

La deuxième phase du plan (2016-2020) doit permettre le confortement parasismique de 120 établissements scolaires et 3000 logements sociaux, la reconstruction d'une quinzaine de casernes de pompiers, des travaux sur les établissements hospitaliers et bâtiments de l'Etat. L'enveloppe est de 450 millions. Les sénateurs regrettent la lente progression du plan séisme malgré le concours supplémentaires en Guadeloupe et Martinique du fonds exceptionnel d'investissement et en appellent à une plus forte mobilisation du fonds Barnier.

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