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Publié par fxg

Mireille Fanon-Mendès-France

Mireille Fanon-Mendès-France

"On considère les gens des Antilles comme de la chair à patron"

Mireille Fanon-Mendès-France, présidente de la Fondation Frantz-Fanon, était l’invitée de la rédaction de Regards, lundi dernier. La fille de Franz Fanon est ainsi revenue sur la visite d’Emmanuel Macron aux Antilles pour regretter "un rapport extrêmement malsain" que la France (elle récuse le mot "métropole" empreint selon elle de "colonialité", ndlr) entretient avec les outre-mer. « Ce rapport, précise-t-elle, n’est pas débarrassé de la racialisation et tant que rien ne sera fait au niveau des réparations politiques, économiques et non des réparations individuelles, la relation ne pourra pas être une relation d’égalité. »

Sur le regard du colonisateur, du dominant, elle estime qu'il y a, « y compris à gauche, une intériorisation du racisme structurel. » : « Nous sommes des dominés, par le système, la structure et la suprématie blanche mais nous sommes aussi dominés à l’intérieur-même d’un groupe, par ceux qui défendent un anti-racisme moral. » Elle soutient que « les victimes ne peuvent jamais être partie de la solution. Or, ce qu’on revendique, en tant que descendants de cette histoire, c’est que la solution vienne de nous. »

Sur l’indépendance, l’autonomie et l’Etat, elle rappelle qu'il y a eu dans les outre-mer, surtout en Martinique, « un envoi de fonctionnaires blancs pour tenter de blanchir la race ». Elle estime encore que l'Etat « a fait main basse sur le pays » et que « ce que veulent les agriculteurs, ce n’est pas plus d’Etat, c’est récupérer la terre qui leur appartient (...) pour assurer la souveraineté alimentaire. (...) Aujourd’hui, ni l’Etat ni les Békés ne peuvent prouver qu’ils sont détenteurs des terres parce qu’ils n’ont pas de titres de propriété. »

Sur la situation économique et sociale des outre-mer, Mireille Fanon-Mendès-France assure que « Macron n’est pas allé se promener dans certains quartiers de Pointre-à-Pitre où les jeunes sont totalement abandonnés. »

De même elle pense qu'il a fait un choix dans la visite de Saint-Martin : « C’est là où sont les plus riches et où s’installent les artistes. C’est une vitrine touristique pour la France, ce qui n’est pas le cas de la Guadeloupe. » Elle perçoit dans les choix présidentiels une forme d'opportunisme tant électoral que financier tout en regrettant que « nos frères d’outremers soient considérés comme des non-êtres, ils ne comptent pas. (...) On a continué à considérer les gens des Antilles et des outre-mer, comme de la chair à patron. »

Elle conclut par cette sentence : « La question du développement ne peut pas dépendre d’un projet de domination. »

FXG, à Paris

l'intégralité de son entretien sur https://youtu.be/ortdkWVevQY

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A
Le choix de St Martin est déterminé par le fait que l'île a été beaucoup plus concernée par les deux cyclones de septembre dernier et bien moins que la Guadeloupe. Une question d'opportunité, je ne pense pas que cela soit un point de vue pertinent.
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