Rapport sénatorial sur le sport dans les Outre-mer
Le Sénat mouille sa chemise pour le sport dans les Outre-mer
Quels tremplins pour le sport en Outre-mer ? C'est la question sur laquelle ont planché quatre sénatrices (Catherine Conconne, Martinique, Lana Tetuanui, Polynésie, Viviane Malet, Réunion, et Gisèle Jourda, Aude).
A l'issue d'échanges avec quelque 300 interlocuteurs, elles ont fait adopter mercredi par la délégation outre-mer du Sénat ce rapport qui comporte 30 recommandations qui s'articulent autour de 4 axes : le soutien au développement de la pratique sportive comme enjeu de cohésion sociale et de santé publique, le rattrapage en termes d'équipements sportifs, le haut niveau et le rayonnement des territoires. Non contents de proposer la systématisation des schémas territoriaux de développement du sport avec des contrats d'objectifs, les sénatrices proposent la création d'un "pass sport" pour les jeunes permettant d'être licencié dans une discipline. Si le mouvement sportif foisonne dans les territoire, le tissu associatif qui l'anime est fragile et manque de moyens. "Le suppression des contrats aidés fait peser une grave hypothèque sur une pratique sportive déjà insuffisamment encadrée (...) malgré l'immense dévouement des bénévoles." Or, les sénateurs observent que le Centre national du sport (CNDS) a réduit ses interventions financières sauf en Guyane et Mayotte de même que les subventions du ministère des Outre-mer. Il conviendrait de "pérenniser les emplois financés par le CNDS".
La mise à niveau des équipements sportifs montre un grand retard par rapport à l'Hexagone. Le plan Kanner qui prévoyait 80 millions d'euros sur 4 ans a tout juste atteint 20 millions d'euros en 2017 grâce à un effort du ministère des Sports, mais en 2018, l'enveloppe n'a pas excédé les 12 millions d'euros... Finalement le livre bleu Outre-mer a décidé d'octroyer 56 millions aux équipements sportifs de 2019 à 2022, soit 7 millions par an.
Haut niveau
Les sportifs de haut niveau sont aussi au coeur de la réflexion des sénateurs qui voudraient "ancrer les moyens de la performance dans des territoires réputés terres de champions". Aux JO de 2016, nos champions représentaient 12 % de la délégation française et 19 % des médaillés. Et pourtant, on observe une baisse de la contribution des Outre-mer au haut niveau. Les structures d'encadrement sont insuffisantes avec un CREPS à la Guadeloupe et un autre à la Réunion, un IMS en Martinique et un IFASS en Guyane... Toutes ces structures devraient être intégrées dans une "grand INSEP". Le temps scolaire n'est pas suffisamment aménagé, les méthodes de détection font des impasses sur les territoires et l'accès à la mobilité limite les confrontations entre territoires... Il conviendrait de systématiser dans les pôles de l'Hexagone un accompagnement des sportifs ultramarins sur le modèle pratiqué par l'INSEP. Là encore, les fonds manquent malgré la création en 2010 du FEBECS, fonds d'échange éducatif, culturel et sportif. Son niveau a chuté à 324 000 euros. Annick Girardin a promis qu'il serait à la hauteur de 1 million en 2019. Dans l'attente, les sénateurs proposent d'explorer les pistes du sponsoring et du partenariat pour faciliter la mobilité.
Sport, patrimoine culturel
Enfin, le sport, patrimoine culturel, est un vecteur de rayonnement qu'il convient de valoriser à travers des pratiques culturelle (vaa, yole, djokan) ou des événements à portée internationale (Route du Rhum, Grand raid.).. Il s'agit encore de permettre aux sportifs ultramarins de représenter la France et leur territoire dans des compétitions de bassin comme ce n'est pas le cas pour le foot par exemple... Ou pour Mayotte en raison de l'opposition des Comores... Enfin, les sénateurs estiment qu'il faut "ériger les outre-mer en étapes vers les jeux de Paris par la création dès 2021 d'infrastructures d'entraînement, sur le modèle des bases avancées pour les équipes étrangères des différents bassins". La délégation outre-mer du Sénat entend d'ailleurs auditionner la nouvelle ministre des Sports.
FXG, à Paris